40 affiches originales de mai 68, proposées par Jacques Robnard dans le cadre de la thématique sur mai 68 «68 vu par 68» à l’espace Confluences
«CECI N'EST PAS UNE COLLECTION»... pourrait-on dire en paraphrasant Magritte...
Il s'agit d'une quarantaine d'affiches d'une époque où l'imagination voulait prendre le pouvoir, ou en tout cas l'avait pris pendant un certain temps... Une quarantaine de reliques ou plutôt de pièces à conviction conservées par un contestataire de l'époque, un contestataire qui n'était pas sur les barricades ni dans les manifs (il ne courait plus assezvite !) mais qui voulait prendre part au mouvement, participer au foisonnement d'actions et d'initiatives.
«Un ami architecte, ancien des Beaux-Arts, m'avait entraîné à l'intérieur de l'école, j'étais accompagné par mon copain le chanteur François Béranger, mon voisin à Meudon. Nous avons mis la main à la pâte, si je peux dire, nous pétrissions le plâtre, formions des boules destinées à servir de projectiles contre les CRS. Pendant ce temps, les étudiants des Beaux-Arts concevaient et tiraient les affiches au moyen de rudimentaires châssis de sérigraphie... A la nuit bien avancée, nous repartions vers Meudon avec des rouleaux d'affiches à peine secs dans ma vieille deux chevaux et nous les collions sur les murs de notre banlieue d'ouest bien bourge. Plusieurs fois, nous nous sommes fait courser par des militants locaux d'Action Civique qui utilisaient une ambulance pour chasser le gauchiste sans éveiller l'attention !
Cela a duré plusieurs jours, plusieurs soirs jusqu'au jour où nous avons appris que les Beaux-Arts venaient d'être investis par les CRS... nous étions repartis une ou deux heures avant...
Pourquoi je raconte cela ? Je ne suis pas un ancien combattant de mai 68, mais un simple témoin qui a conservé ces souvenirs, pièces à conviction, appelez cela comme vous voudrez, d'une période pleine de fièvre et de ferveur.
Et puis la nostalgie de l'affiche, le vieux rêve d'un jeune qui aurait souhaité avoir un destin à la Savignac, à la Hervé Morvan, Capiello...
La nostalgie n'est plus ce qu'elle était, disait quelqu'un...»
Jacques Robnard
Au-delà des célébrissimes slogans de Mai 68, cette exposition de souvenirs personnels permet d'en découvrir d'autres moins connus : « Travailler maintenant c'est travailler avec un pistolet dans le dos », ou encore « Contre les patrons et leurs flics ». Sur ces affiches d'un autre temps, les phrases et dessins se succèdent au rythme des revendications. Comme cette évocation des heures critiques de la grève de l'usine Renault-Flins, devenue l'un des symboles de la lutte pour de nouveaux acquis sociaux et des augmentations de salaires.
Une exposition aussi belle que symbolique