Interview de Niels Schneider

Par · Publié le 5 juillet 2016 à 11h45
Recontre avec Niels Schneider, un jeune comédien franco-canadien qui a longtemps joué les angelots aux boucles blondes - actuellement à l'affiche de VOIX OFF et de l'étincelant DIAMANT NOIR.

Difficile de se défaire de l'image du bel éphèbe des Amours Imaginaires de Dolan. Et pourtant, Niels Schneider a parcouru un sacré bout de chemin depuis cette dernière pluie de marshmallows - notamment sur les planches (dans Roméo et Juliette avec la belle Ana Girardot), dans L'âge atomiqueLes Rencontres d'après minuitLe cœur régulier, mais aussi dans Gemma Bovery avec le très grand Luchini, et bientôt dans Belle Dormant avec l'excellent Mathieu Amalric.

Nous avons eu la chance de le rencontrer pour lui parler de ses derniers rôles époustouflants - dans Voix Off et Diamant Noir - qui révèlent une autre facette de son personnage et laissent supposer que sa brillante carrière ne fait que commencer. 
 

A PROPOS DE VOIX OFF DE CRISTIAN JIMENEZ :

Comment as-tu appréhendé le rôle d'Antoine dans ce film dont la langue t'est étrangère ? 

Je l'ai beaucoup appréhendé en fait. Quand Cristián m'a appelé, il m'a demandé si j'étais libre la semaine suivante pour aller tourner au Chili à Valdivia. Je ne parle pas du tout espagnol, il m'a envoyé un scénario auquel je ne pigeais rien. J'ai commencé par refuser par appréhension, et puis finalement il m'a embarqué pour Valdivia ; il m'a dit "t'inquiète pas, tu improviseras" - il y a d'ailleurs beaucoup d'improvisation dans le film. Il me donnait les répliques une heure avant et je les apprenais de manière phonétique.

Après, c'est un rôle que j'aimais bien. Il y avait une solitude qui me touchait dans ce personnage : le mec qui abandonne absolument tout pour rejoindre sa femme dans un pays dont il ne maîtrise pas la langue.

Tu envisagerais donc de refaire ce genre d'expérience - d'apprendre le Chinois, par exemple ?

Oui, il y a un film que je devais faire cet été, mais pour une histoire de censure c'était un peu compliqué. J'avais commencé à apprendre le Russe. Ca me plaisait bien !  

Dans Voix-Off, tu es le confident de la mère (la formidable Paulina Garcia), l'élément neutre et rassurant de cette crise familiale, mais tu interprètes aussi pour la première fois un jeune papa ! Quel effet cela fait ?

C'était effrayant ! J'assistais à un accouchement, il y avait un vrai bébé qui venait de naître. Je n'étais pas préparé pour ça, ça fait un drôle d'effet. En plus, on a tourné ce film il y a trois ans, je le découvre seulement et j'ai l'impression que c'était dans une autre vie ! 
 

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A PROPOS DE DIAMANT NOIR D'ARTHUR HARARI :
Il y a quelque temps, tu disais avoir envie de "personnages physiques, écorchés vifs qui ne maîtrisent plus leur vie". As-tu l'impression d'avoir accompli ce désir avec Diamant Noir ?

C'est marrant, j'ai dit ça il y a très longtemps, sans doute à l'époque des Amours Imaginaires. Mais je pense que j'avais déjà cette envie-là, comme si j'attendais ce rôle depuis longtemps. 

Penses-tu que ce film d'Arthur Harari représente un tournant dans ta carrière d'acteur ? Est-ce, d'après toi, un rôle décisif qui pourrait te donner des opportunités de rôles plus sombres que ceux qu'on t'avait confiés jusqu'alors ?

Dans les retours que j'ai eus pour le moment, la plupart des gens semblent dire que ça montre une autre facette de mon personnage. Au début, quand on pose un regard sur toi, on cristallise quelque chose, on n'a pas forcément envie de déplacer le regard ou de voir autre chose. Et Diamant Noir n'a tellement rien à voir avec ce que j'ai fait avant que ça ouvre un peu l'imaginaire. 

J'ai eu l'impression que c'était comme si c'était mon premier rôle en fait - un rôle chargé, intense. Comme si c'était la première fois que je jouais, comme si tout ce que j'avais fait avant était mineur, presque.
Mais c'est aussi mon premier rôle principal - dans Les Amours Imaginaires par exemple, le film est vu à travers le prisme des deux autres personnages, on n'a pas accès à mon intériorité. Dans Diamant Noir, le spectateur est dans les poumons du personnage et c'est éprouvant. Après, j'ai envie d'explorer beaucoup d'autres choses, celui-là était quand même très lourd ; j'adorerais faire une comédie, quelque chose de plus léger, pour exploiter d'autres facettes de moi - je crois que j'ai un côté assez Pierre Richard dans la vie... On verra, peut-être que ça viendra !
 

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Es-tu heureux de la tournure qu'a pris ta carrière depuis tes premières collaborations avec Xavier Dollan (Les Amours imaginaires, J'ai tué ma mère) ?

Oui, je suis heureux ! Je suis privilégié de pouvoir travailler, de pouvoir exercer mon métier - j'ai tellement d'amis qui galèrent. Rien que pour ça, je me sens extrêmement chanceux. En plus, j'ai aussi la veine de pouvoir faire du théâtre et du cinéma. Je travaille avec des gens très différents, dans des rôles très différents et je n'ai pas l'impression de m'enfermer.
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Aussi, j'ai tourné avec Luchini, Adjani, Amalric - un modèle pour moi, sans doute le meilleur acteur de sa génération et un des plus grands acteurs français qu'il y ait jamais eu... J'aime beaucoup Vincent Macaigne aussi, ça ne m'étonne pas qu'il mette en scène car les metteurs en scène sont souvent de très bons acteurs. Pareil pour Valeria Bruni Tedeschi (actrice dans Folles de joie, réalisatrice et actrice dans Un château en Italie...) qui est incroyable - Les acteurs ont forcément une intelligence de mise en scène dans leur jeu.

Avec quels réalisateurs aimerais-tu travailler ?

Il y en a plein, mais c'est toujours bizarre car dans une interview - tu as un peu l'impression de lancer un appel. Mais il y a énormément de grands réalisateurs avec qui je rêverais de travailler. Aussi, j'ai fait beaucoup de premiers films et j'adore ça (Xavier Dolan dans J'ai tué ma mère, Yann Gonzalez dans Les rencontres d'après minuit, L'âge atomique d'Helena Klotz). 

Et toi, tu envisagerais de réaliser un jour tes propres films ?

Ouai ouai. J'y pense, je travaille là-dessus...
 

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Parmi tous les rôles que tu as interprétés, y en a-t-il un qui t'ait particulièrement ému d'un point de vu personnel ? 

L'expérience la plus forte c'est sans doute Diamant Noir. Mais après parfois, ce n'est pas parce que les rôles sont moins denses que ce ne sont pas des expériences extraordinaires. Ca a été le cas pour l'expérience d'un mois au Chili, avec tout ce qui était périphérique !

Après, humainement parlant, c'est plutôt par instant. A certains moments, il y a une espèce de rencontre entre ce que toi tu as envie de raconter - quelque chose d'intime - et un personnage. Il y a des conjonctions, des connivences, et ça, c'est assez magique. Ca m'est arrivé quelques fois sur Roméo et Juliette au théâtre et sur Diamant Noir. Entre le texte, le film et ce que toi tu as envie de raconter de toi. C'est quelque chose de rare et c'est tant mieux.

Et d'ailleurs, est-ce que tu fais une différence entre ton travail d'interprétation au théâtre et au cinéma ? 

Non, je fais aucune différence, vraiment. J'ai l'impression de jouer de la même manière, au niveau de l'engagement, de la sincérité. Au théâtre, tu es dans la construction de quelque chose dans le temps, tu repasses des couches - ça peut s'user aussi, mais ça se construit et il y a toujours des recoins à explorer. Au cinéma, cette chose-là existe moins, mais j'aime beaucoup répéter. Et puis en même temps, c'est assez magique l'instantané du ciné. 

Est-ce que tu as d'autres projet au cinéma et/ou au théâtre ?

C'est en train de se décider en ce moment mais rien de confirmé pour le moment !
 

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Avant de nous quitter, Niels Schneider a accepté de répondre à un petit questionnaire de Proust. Voici ses réponses :

  • Principal trait de ton caractère : coupable
  • La qualité que tu apprécies chez un homme : sa féminité
  • La qualité que tu apprécies chez une femme : sa force
  • Ton principal défaut : ma distraction
  • Ton occupation préférée : dormir
  • Ton rêve de bonheur : avoir plus de sagesse
  • Ton/tes héros dans la fiction : le Prince Mychkine (dans l'Idiot de Dostoïevski) 
  • Ton dernier coup de cœur cinématographique : Journal intime de Nani Moretti
  • Le don de la nature que tu aimerais avoir : le don d'ubiquité 
  • L'état présent de ton esprit : distrait 
  • Ta devise : fais ce que doit advienne que pourra 

     
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