Pour son nouveau film, Limonov, la ballade, en compétition officielle au Festival de Cannes 2024, Kirill Serebrennikov s’est attelé à raconter la vie et l’œuvre d’Edouard Limonov, en adaptant le livre Limonov, d’Emmanuel Carrère - qui apparait d'ailleurs en clin d'œil, dans une courte scène. Dans ce biopic chronologique narrant son histoire du début des années 70 à sa mort en 2020, le long-métrage a tout de même cela d’énervant qu’il s’attache à des détails inconséquents, diluant l’aspect politique de l’homme et de ses combats durant la bonne moitié du film.
Limonov, la ballade sera diffusé en salle à partir du 4 décembre 2024.
Synopsis : Tout à la fois militant, révolutionnaire, dandy, voyou, majordome ou sans abri, il fut un poète enragé et belliqueux, un agitateur politique et le romancier de sa propre grandeur. La vie d'Edouard Limonov, comme une trainée de soufre, est un voyage à travers les rues agitées de Moscou et les gratte-ciels de New-York, des ruelles de Paris au cœur des geôles de Sibérie pendant la seconde moitié du XXe siècle.
« Ni dissident, ni soviet » rectifie-t'il quand il s’agit de se définir. Limonov a eu mille vies : ouvrier à l’usine, majordome, sans-abri, poète, écrivain à succès, agitateur et puis, sur le tard, fondateur du Parti national-bolchévique, décrié, à raison, pour ses positions à l’extrême droite du spectre politique. Mais Serebrennikov préfère perdre du temps (ou en gagner ?) en détaillant plutôt le couple que forme l’écrivain avec une jeune mannequin qui s'envoient en l'air à l'envi, sans aucun intérêt narratif.
En long et en large, le réalisateur russe dresse le portrait d’un homme radical et excessif sur plein d’aspects, parfois violent (il se rebaptise Limonov du nom de la grenade, en russe), peu glorieux bien qu’extrêmement égocentrique (il parle parfois de lui à la troisième personne), constamment dans la provocation (saine ou non). Si Ben Whishaw réalise une vraie performance en incarnant ce personnage multiple, on a connu Serebrennikov plus inspiré et plus attentif à son sujet.
C’est lorsque le film aborde enfin l’engagement politique de Limonov, lors de l’effondrement de l’Empire soviétique, qu’il devient intéressant et sort de la représentation assez quelconque d’un simple punk russe qui goûterait à tous les plaisirs que l’Occident a à lui offrir, sur une BO entrainante - sans être des plus pointues - du Velvet Underground. Kharkiv, New-York, Paris, il retourne ensuite dans la Russie de Poutine qui l’envoie, en 2001, dans une colonie en Sibérie où il restera quelque années.
Mais là encore, si Serebrennikov ne l’épargne pas et met en avant ses prises de position douteuses (sur la chute du mur de Berlin, entre autres), le cinéaste se garde bien d’entrer dans le détail de son parti politique considéré comme rouge-brun, et il faut attendre la toute fin du film pour entrapercevoir un semblant de regard critique.
Sans oublier un détail qui n’en est pas un : comment est-il possible que le biopic d’un homme qui s’est battu contre l’Impérialisme américain soit tourné en langue anglaise ? Et ce, même lorsque Limonov retrouve en 1989, après des années d’absence, ses parents, deux paysans du fin fond de la campagne russe, qui parlent un anglais parfait. Malgré sa mise en scène agitée et créative et la performance de Ben Whishaw, Limonov, la ballade est une œuvre qui manque d'intégrité.
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