Animale d'Emma Benestan : Notre avis et la bande-annonce

Avec Animale, la réalisatrice franco-algérienne Emma Benestan dévoile un second long-métrage (après Fragile) des plus maîtrisés, diablement efficace dans son discours et dans sa mise en scène.

Film de genre (le western et ses grands espaces, mais pas seulement) aux confins du fantastique, Animale met en scène Nejma (Oulaya Amamra) dans le rôle d’une jeune raseteuse. Travaillant dans un ranch au cœur de la Camargue, elle rêve d’être la première femme à défier les taureaux dans l’arène, en participant à l’une de ces fameuses courses camarguaises.

Un contre-emploi pour la jeune actrice française, cantonnée jusqu’alors à des rôles urbains (Divines, Le Monde est à toi), et dont l’énergie et le grand naturel portent le film d’un bout à l’autre. Dans ce monde d’hommes, Nejma est pourtant acceptée. Pour ses collègues masculins, elle est ‘la princesse’, ‘la petite’, le film éludant la question de sa féminité et de la misogynie qu’on aurait pu imaginer prégnante dans un tel milieu.

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Mais alors que la saison estivale bat son plein, des meurtres violents ont soudain lieu dans le marais. Très vite, la rumeur se propage : un taureau serait à l’origine de ces disparitions. Commence alors une traque de l’animal, tandis que le film plonge dans une ambiance fantastique des plus prenantes.

A la manière du Règne Animal et plus récemment encore de Mi Bestia, le passage à l’âge adulte s’illustre ici par la transformation physique et corporelle, teintée de body horror. Il s’avère, en réalité, que c’est Nejma qui se transforme petit à petit en bête - on ne vous révèle rien, on le comprend très rapidement. Elle se réveille, sans souvenir, après une nuit passée dans le paysage crépusculaire du marais, sous le toisement des taureaux aux airs de Minotaures, et remarque des changements sur son corps.

Se soustrayant à tout jugement de valeur sur l’archaïque ‘art’ de la tauromachie et la souffrance animale qui en découle - le film n'est ni un procès, ni un plaidoyer -, Emma Benestan signe une œuvre féministe et vengeresse qui se clôt par une scène parmi les plus intenses du cinéma français, cette année.

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