Ne vous attendez pas à voir une comédie ou un film sucré, Another Happy Day c’est un drame familial sur fond de mariage qui vient ajouter du sel sur les plaies encore béantes d’une famille selon toute vraisemblance, comme n’importe quelle autre. Aujourd'hui, mercredi 1er février, en salles.
Il parait bien loin le temps de
Dans la peau d'une blonde qui mettait en scène une
Ellen Barkin drôle et légère, en homme (Kevin Bacon) transformé en blonde plantureuse (elle), puni pour sa conduite odieuse envers les femmes. Loin de cette comédie qui lui a valu deux nominations aux Golden Globe, elle revient 20 ans plus tard dans
Another Happy Day qui pourrait lui valoir un nouveau grand succès. Entre ces deux périodes, et surtout dernièrement, on a pu la voir au cinéma dans beaucoup de rôles de maman : riche et dépravée dans
Twelve (2010) ex reine de beauté dans
Belles à en mourir (1999), alcoolique dans
Le Caméléon (2010)… Le dernier film de
Sam Levinson ne fera pas exception à la règle. Et comme une fois n’est pas coutume, le personnage est bien sûr dramatique.
Elle incarne Lynn, qui se rend chez ses parents à l’occasion du mariage de son fils, Dylan. Un vrai sac de nœuds que cette histoire familiale. Depuis divorcée du père de Dylan et d’Alice, elle est désormais remariée à Lee avec qui elle a eu Elliot et Ben. Ce n’est qu’un début. La séparation d’avec son premier mari ne s’est pas faite sans heurt, sans mauvais jeu de mot, puisqu’elle y a perdu Dylan, resté avec son père alors qu’Alice, qui a grandi avec elle, rencontre de grandes difficultés émotionnelles, sans compter également les problèmes de ces deux derniers fils. Lynn assume donc une vie tumultueuse et douloureuse sans soutien de ses propres sœurs ou parents. C’est dans un climat tendu et électrique que s’annonce ce mariage.
Dans
Another Happy Day, chacun des personnages est complexe et tente de survivre à ses propres démons. Ce qui rend la tâche de Lynn encore plus délicate. Elle tente de surmonter les problèmes de scarification d’Alice, les troubles neurologiques d’Elliot et le syndrome d’Asperger de Ben. Rongée par la culpabilité de ne pas avoir vu Dylan grandir, acculée par la nouvelle épouse de Paul et délaissée par sa propre famille, qui malgré son passé de femme battue continue à recevoir l’ex à peine repenti. Seule avec ses douleurs et ses peines, elle doit faire face pour le bon déroulement de cette union.
Si les parents de Lynn prennent constamment partie contre leur fille, qu’ils accusent d’égoïsme, ils ne sont pas non plus disposés à comprendre les problèmes de ses enfants. A la réalité, ils préfèrent une vision réductrice de la situation : Alice cherche à être le centre de l’attention, Elliot est le fruit d’une mauvaise éducation. Les vrais problèmes sont occultés, moqués, pour plus de facilité. Si chaque famille doit faire face à son lot de misères, celle de Lynn ne déroge pas à la règle. C’est cette part d’ombre que Sam Levinson met en lumière avec ce film dont le titre, ironique, résonne comme des paroles de chanson. A la fois triste et teintée d’espoir, émouvant et révoltant, il offre une photographie familiale sincère et honnête. Les modèles ne sont pas ni beaux ni parfaits, la pose un peu travaillée trahie une hypocrisie consentie, les traits raides et tirés témoignent de l’anxiété de chacun et finalement, le décor du mariage n’est qu’une façade sur le point de s’écrouler ou d’améliorer les rapports qui sait ?...
Malgré sa consommation abusive de substances variées, drogues, alcool, médicaments, Elliot est peut-être le plus clairvoyant : si un mariage ne parvient pas à enterrer la hache de guerre, qu’en serait-il d’un enterrement ?