A perdre la raison : le film de la semaine

Par · Publié le 20 août 2012 à 9h
Niels Strup sème la zizanie dans le couple d'Emilie Dequenne et Tahar Rahim cette semaine, A perdre la raison.

La réalité dépasse souvent la fiction et c'est bien un fait divers qui a inspiré le drame A Perdre la raison, de Joachim Lafosse. Librement adapté d'une tragédie survenue en Belgique en 2007, le récit revient sur les événements qui ont conduit une femme à un geste désespéré : le meurtre de ses enfants.

A travers ce film, Joachim Lafosse cherche des éléments de réponse, tente de comprendre la détresse d'une mère désemparée et reconstitue non pas des faits, mais un tourment psychologique qui vire au pire. Le réalisateur ne juge pas. Il s'immisce dans l'intimité d'une famille, d'une femme, présentant des événements importants de leur quotidien, d'autres plus triviaux, mais toujours significatifs, qui bout à bout sont désignés comme les véritables coupables de cet infanticide. Ce n'est pas Murielle qui a pourtant tenu l'arme du crime, ni Mounir qui a été sourd a sa détresse ou André qui s'est montré intransigeant et envahissant mais chacune de leurs décisions, leurs résignations, qui a couté la vie à ces enfants.
Dans ce trio, l'épouse perd peu à peu sa place, s'efface, s'enfonce dans la dépression sous le regard accusateur et culpabilisateur de son mari et du " bienfaiteur " de la famille. De ce déséquilibre nait un désespoir qui s'installe, se normalise avant d'atteindre le point de non retour.

Avec Murielle, ce rôle de mère, d'épouse, qui sombre lentement dans la dépression jusqu'à atteindre la folie de l'infanticide, Emilie Dequenne a reçu le prix Prix d'interprétation féminine Un Certain Regard au Festival de Cannes 2012. De l'histoire d'amour passionnée à l'histoire d'un couple négligé, elle incarne formidablement la femme heureuse qui perd inconsciemment le contrôle de sa vie.

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