Qui vive pourrait s’appeler « Petites scènes de la vie de banlieue ». Présentant mille situations quotidiennes, le film accorde met en valeur son contexte, celui d'une banlieue, grise mais pas enflammée. Juste, parfois, un peu secouée. Le film présente Chérif, vigile aspirant à devenir infirmier – s’il réussit un jour à avoir le concours – qui vit encore chez ses parents.
Chérif (Reda Kateb) est embêté chaque jour par un groupe de jeunes garçons, mineurs semble-t-il, particulièrement insupportables. La réalisatrice s’attache à montrer les nuances et la beauté de chaque personnage, et filme un moment très enfantin où la bande de garçons joue sur le parking, en poussant des cris de bébés. Ils sont l’image même de l’innocence, du moins pourrait-on le croire à ce moment-là.
Autre personnage attachant, celui joué par Adèle Exarchopoulos, qui s’occupe encore une fois (car comme dans La Vie d’Adèle) d’un groupe d’enfants. Elle dessine et montre à Chérif ses petites animations charmantes…
Alors, l’espoir naît. Chérif passe la première étape de son concours et fréquente Jenny, cette jeune fille si belle et si profonde. Mais rien ne dure, et un jour, craquant face à la pression constante du groupe de garçons, il bascule. Qui Vive raconte la fin d'une histoire et semble très noir, jusqu'à un retournement final inattendu. Pendant longtemps, on ne cesse de se répéter que Chérif, à seulement trente ans, se trouve dans une impasse à laquelle on n'imagine aucune issue. Et pourtant...
Le film séduit. On aime le casting : ces deux acteurs de la nouvelle garde française ont une classe folle. Reda Kateb présente, grâce à un regard rapproché de la caméra, un visage mouvant : il paraît très beau pendant un instant puis presque difforme au plan suivant. Il y a beaucoup d'humanité dans ce film court, un peu plus d'une heure et vingt minutes, qui concentre beaucoup d'émotions.
Le portrait de la banlieue que fait Marianne Tardieu est à la fois tendre et dur : elle s'attarde sur les personnages les plus ingrats pour en tirer de la beauté, mais n'hésite pas à les rendre odieux très peu de temps après... En brouillant ainsi les pistes pour le spectateur qui ne sait trop à qui se fier, elle montre l'infinie nuance des caractères humains. L'effet de groupe et l'ennui peuvent pousser les hommes à commettre bien des erreurs. Mais jamais rien n'est définitif. Ni déterminant ? À Chérif de nous le dire.
Découvrez la bande-annonce :
Informations pratiques :
Qui vive
En salle le 12 novembre 2014 (1h23min)
Réalisé par Marianne Tardieu
Avec Reda Kateb, Adèle Exarchopoulos, Rashid Debbouze