Tout commence le 1er janvier 2013. Vous vous couchiez à peine que Françoise était déjà sur sa petite trottinette, en route pour sa tournée quotidienne d'infirmière libérale. Courageuse et lève-tôt, elle concède que cette vie n'est pas facile, qu'une jeune femme, maman et amante, serait vite surchargée ; mais elle y consacre tout son temps avec joie et dévouement.
Ses patients font peine à voir : très vieux, handicapés, souvent seuls, ils n'attendent que la mort et le répètent, tout le temps. Françoise reste lucide. Oui, ils vont mourir, autant être franche et ne pas le nier ; mais en attendant, il faut soigner. Soigner le corps et le lien social, en papotant de tout et de rien, de la météo beaucoup, du passé un peu, et étrangement... de l'amour. Car ces petits vieux ont perdus leurs dents mais pas leurs rêves, et continuent à penser à une jeune fille aimée ou à un garçon désiré.
C'est là que le documentaire est le plus beau, le plus fort : il montre la vieillesse sans manière, sans sucre. La vieillesse est dure, extrêmement dure, et si les vieux peuvent être méchants ou cruels, ils n'en sont que plus démunis. Des intérieurs bourgeois aux petites chambres humides, Françoise traite avec les mêmes égards chacun de ses patients. Olivier Ducray lui rend hommage en lui consacrant chacun de ses plans, l'observant avec avidité.
Il la suit pendant un an, et filme Lyon au fil des saisons : le temps, si lent pour les patients de Françoise, passe avec joie et beauté sur la ville de la gastronomie. Ciel glacial d'hiver, printemps chantant et jeune, été solaire, automne rouge, puis l'hiver à nouveau : alors que les Lyonnais continuent de vivre et d'évoluer, les vieux sont bloqués chez eux, sans que quoi que ce soit de l'extérieur ne vienne modifier leur routine quotidienne.
C'est impressionnant et modeste à la fois. La Vie des gens nous a émus aux larmes...
Bande-annonce :
Informations pratiques :
La Vie des gens
En salles le 4 mars 2015