Jérémie Elkaïm est trop mignon pour être vrai : sa voix caressante, sa petite barbe de dix jours et le fantôme de son rôle de papa bouleversé dans La Guerre est déclarée lui donnent un charisme doux, une aura de gentillesse. Jouer Aldo, infirmier au chômage fou amoureux de sa petite amie toujours absente, lui va comme un gant. Quand, un jour, il se retrouve dans les bras d'une handicapée, riche d'une bourse qu'elle n'utilise pas, son infinie douceur se trouve utilisée dans un but humaniste : il va faire l'amour à celle à qui personne ne fait l'amour.
Humaniste, vraiment ? La question se pose, car Aldo est tout de même payé. Et même si tous les handicaps défilent entre ces draps, même s'il est confronté à la laideur et au dégoûtant, sa mission n'est pas entièrement pure : c'est ce qui entraîne un final extrêmement cruel et bouleversant.
Notre avis sur le film :
Indésirables est un film très particulier puisqu'il oscille sans cesse entre l'amour et la haine, entre la beauté et l'irrespirable, entre les cris de douleurs et les murmures de jouissance. Le réalisateur Philippe Barassat n'épargne ni ses personnages ni les spectateurs qu'il entraîne à la limite d'un voyeurisme dur, en dévoilant des corps détruits. La sensualité est ici hésitante et marche sur des chemins inhabituels : le sexe est présenté comme une pulsion salvatrice, un élan vital qui transforme les handicapés en chairs animées de désirs, de sursauts parfois brusques.
Il va si loin qu'il en devient parfois cruel, insupportable, à l'image de la vie qui se déchaîne sur les individus. Ni blanche, ni noire (au contraire de l'image), l'histoire ne s'écrit jamais de manière manichéenne : les handicapés ne sont pas que des victimes et Aldo n'est pas qu'un héros. Guidés par leurs besoins, bestiaux ou pragmatiques, les personnages dévoilent des visages différents selon les scènes, du sublime à l'obscène. C'est fort et intelligent.
Bande-annonce :
Informations pratiques :
Indésirables
En salles le 18 mars 2015