Un car arrive, dépose un petit paquet vivant, et repart. Voilà Fabiola qui rentre. Le film commence comme une chanson désuète, une ancienne du village partie à la ville revient chez les siens. Le thème est presque classique, mais l’histoire de Fabiola l’est moins. Cette ancienne actrice porno doit assumer le poids du regard des autres et de leurs reproches constants. Ce n’est pourtant pas une mauvaise fille, mais elle est partie, et le trou qu’elle a laissé semble devoir rester béant à jamais.
Tout est laid dans la petite ville de son enfance : l’appartement familial est sale, le seul petit boulot qu’elle parvient à obtenir consiste à gérer une décharge, les hommes sont bedonnants et poilus. Pourtant, chaque image est belle : la photographie du film est tirée à quatre épingles, chaque plan est calibré et séduit l’œil – mais jamais le cœur ne sourit. À l’image des efforts vains déployés par Fabiola pour revenir à sa vie familiale, le film a la beauté de l’élan et la tristesse de l’immuable. Rien ne changera, rien n’a changé, tout ne peut qu’empirer. La fin est saisissante, on pleurerait presque. Et c’est en voyant partir la petite jeune du village que l’on comprend : nulle solution si ce n’est la fuite, quitte à perdre au passage un peu de son identité.
Bande-annonce :
Informations pratiques :
Le Retour de Fabiola
En salles le 24 juin 2015