Les pépites de la rédaction : Fabien et sa friperie RETRO, pièces sélectionnées & conseil de qualité

Par Sara de Sortiraparis, Julie de Sortiraparis · Photos par Audrey de Sortiraparis · Publié le 9 février 2024 à 10h35
Le saviez-vous ? Chez Sortir à Paris, les professionnels et créateurs ne paient jamais pour rencontrer nos journalistes. Notre mission est d’aider nos lecteurs à bâtir des souvenirs durables avec leurs proches : découvrez cette semaine l'histoire de Fabien Borel, gérant de la friperie RETRO située rue de Turbigo, dans le quartier Etienne Marcel. Après dix années d'expérience dans le prêt-à-porter, Fabien monte sa propre affaire il y a plus de 3 ans, pour y proposer, dans 340m2, une large offre de pièces vintage variées, soigneusement sélectionnées, dans une ambiance détendue et accueillante, à l'image des valeurs chères au gérant et son équipe.

"On veut savoir d'où les gens nous connaissent. Suite à  la visite de votre Journaliste Audrey, et votre article d'octobre, on avait eu plusieurs fois des retours de gens qui mentionnaient Sortir à Paris. On s'attendait pas du tout à un impact et que vous traitiez le sujet des friperies !"

"J'adore conseiller les gens mais je n'aime pas vendre, ce qu'on force à faire dans le luxe. Je pars du principe de "au mieux tu conseilles, au mieux tu vas vendre"

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Fabien, dix ans d'expérience dans le prêt-à-porter, s'est lancé dans l'aventure entrepreneuriale pour monter la friperie RETRO autour des valeurs de sélection de qualité, pour une clientèle variée : des ados, aux fashionistas, jusqu'aux parents de jeunes bébés.

"J'ai crée RETRO seul, pour ouvrir le 16 septembre 2020 : j'ai vécu, un mois après, la fermeture dû au Covid, en 2020. Heureusement, on avait déjà commencé à bien fonctionner et j'ai pu rouvrir ensuite."

"Dès que j'ai ouvert, on avait accès au RDC de 100 mètres carrés. Ensuite, pour les deux ans, en 2022, j'ai ouvert le sous-sol, où j'ai tout rénové et repeint : c'est une ambiance complètement différente d'en haut. Je voulais avoir deux salles, deux ambiances : en haut pour la playlist, c'est beaucoup de hip-hop, RnB old-school, alors qu'en bas on va avoir de la musique underground : le style berlinois. Pareil pour compléter l'ambiance, les murs en haut sont blancs, en bas ils sont noirs, j'aime beaucoup ces contrastes entre la lumière et l'ombre. "

"Il n'y a pas forcément de différences dans les pièces en revanche. Chez RETRO, on trie les pièces par types de vêtements et non pas par genre : on dispatche dans toute la boutique, des pièces d'hiver et d'été, pour pousser les gens à aller voir partout : le but d'une fripe finalement c'est d'en faire le tour."

Une boutique vivante à l'image du quartier d'Etienne Marcel - Les Halles

"J'ai créé cette boutique pour le côté humain avant tout : les canapés qui sont ici, j'ai gardé l'idée d'une autre friperie, où j'étais le manager. Ils se plaignaient que les gens s'assoient dessus et donc n'achètent pas. Pour moi ici c'est un lieu de vie, ces canapés sont ici pour que chacun puisse venir et s'assoir, il y a de la place, de l'espace : 340m2 c'est pour que les gens se sentent bien."

"Je les ai récupérés de seconde main, d'une boîte d'un ami de la rue Tiquetonne (le NEXT), et d'un restaurant d'un ami rue Étienne Marcel (chez Pierrot), et le dernier même sauvé de la déchèterie."

"J'ai su que c'était ce quartier là qu'il me fallait, par forcément la rue Tiquetonne, mais Etienne Marcel c'était super important. Cet espace de près de 350m2, je l'ai eu en premier en déposant mon dossier et puis c'était parti. Ce quartier, il est éclectique en termes de résidents et de tourisme : Châtelet ça amène 55 000 personnes par jour : même si on en prend que 5%, sur 2500 personnes, même si 10% de ceux-là achètent, ça fait quand même beaucoup plus à récupérer qu'ailleurs. Ici on cherche le monde, la foule, fournir la boutique avoir plusieurs pièces, plusieurs niveaux de budget."

"On veut savoir d'où les gens nous connaissent aussi, d'où on sait pour eux que c'est nouveau : En termes de provenance à 50% au moins c'est l'emplacement c'est certain. Mais suite à votre article d'octobre, on avait eu plusieurs fois des retours de gens qui mentionnaient Sortir à Paris, on s'attendait pas du tout à un impact et que vous traitiez le sujet des friperies !"

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Une expérience de dix ans avec au cœur le conseil clientèle

"Je suis dans le prêt-à-porter depuis une dizaine d'années : d'abord en boutique dans le luxe, puis j'ai été manager chez EPISOD pendant 4 ans. Je m'en suis beaucoup inspiré, en essayant de garder uniquement les aspects positifs. Un an avant que je m'en aille de chez eux, j'ai commencé à réfléchir à faire mon propre truc. Avec mon expérience dans le luxe, ça faisait dix ans donc  et je voulais autre chose que tenir une boutique, je voulais l'approvisionner : j'adore conseiller les gens mais je n'aime pas vendre, ce qu'on force à faire dans le luxe. Je pars du principe de "au mieux tu conseilles, au mieux tu vas vendre". Même lorsque je gérais la boutique d'une grande marque de luxe abordable, rue du Faubourg Saint-Antoine, j'avais de meilleurs chiffres que la boutique de la même enseigne située Avenue des Ternes, leur plus grande boutique. Pour moi, le côté relationnel est le plus important."

"Je ne m'intéressais pas tellement aux fripes, au vintage : mon style personnel est plus sobre, habillé. Pour pouvoir gérer une société et accueillir le client il faut un minimum être présentable, et ne pas représenter forcément mon style personnel. Mais je sais habiller n'importe qui avec n'importe quelle pièce de la boutique : j'adore les couleurs, les imprimés, mais pas sur moi dans la boutique. A la maison j'ai un dressing plein, une cinquantaine de manteaux... Là je fais des tris je les mets dans la boutique pour que ça tourne aussi. Mon style personnel a un impact aussi la boutique c'est sûr."

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Un concept différent de friperie assumé : la sélection, le choix et rester abordable malgré la conjoncture

"L'entrepreneuriat, gérer son propre concept, c'est complètement différent que de manager une boutique. Beaucoup de choses rentrent en compte, tu appliques ce que tu entendais par-ci par-là, et tu apprends sur le tas. C'était très enrichissant sur ces 3 dernières années, j'ai tenu le covid, après en ce moment beaucoup de boutiques en France ont du mal, j'espère passer la crise."

"Pour les 3 ans, je devais récupérer le local d'à côté, c'était prévu avec le propriétaire lorsque j'ai signé le bail. Dans une fripe, c'est plus tu peux proposer de marchandises (sur une plus grande surface ndlr.), plus tu fais du chiffre. Sur le marché, il y a les friperies comme Freep'Star ou Guerrissol, où tu vas rentrer, tout est mélangé, rien n'est lisible et il faut fouiller de partout pour trouver une pièce."

"Ici, il y a ce travail de rangement et de tri, et d'exposition des pièces. Avec seulement quelques références, c'est compliqué : chez RETRO, on a plus de 300 références que l'on propose, chacun peut y trouver son compte."

"C'est aussi mon concept, dans la boutique je veux proposer un large choix, ce large choix il est sélectionné avant tout par les demandes des clients. Je n'impose pas aux gens des choses que moi je veux voir ! Remplir la boutique complète c'est compliqué : j'ai malheureusement mon meilleur vendeur qui est parti en janvier, car au vu de la fréquentation qui était très faible il s'ennuyait, ce qui est compréhensible... L'activité a vraiment chuté depuis septembre 2023 : On a vraiment peu de passage en ce moment, on attend toute la journée qu'il se passe un peu quelque chose, parfois jusqu'à 16h, il n'y a pas une seule personne qui est passée dans la boutique..."

"Je me suis remis en question : est-ce que c'est moi, la boutique, mes prix ? Je sais où je me place, je suis pas dans la fourchette la plus basse ni la plus haute, mes prix sont corrects pour une friperie où il y a une sélection des pièces. Avant le panier moyen était aux alentours de 35 euros, maintenant c'est plutôt 26-27 euros, ce qui fait -30% : un peu ce qu'il se passe chaque mois depuis septembre, et en octobre où j'ai fait -47% : mais mes prix restent inchangés, je veux y rester et garder cette image abordable aussi."

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Eco-responsabilité et paradoxes de l'industrie

"Le chiffre d'affaires dans la fripe a vraiment augmenté ces dernières années : de 3 milliards en 2021 à 5 milliards en 2023. C'est exponentiel comme marché, très porteur, mais ça va dans tous les sens logiques de l'évolution de la société. Si toutes les productions de vêtements s'arrêtaient maintenant, dans la nouveauté, chaque personne sur terre aurait quand même plus de 1000 pièces de vêtements par personne, c'est démesuré ! Il faut rester dans le secteur de la seconde main, et investir dedans."

"Il y a beaucoup de choses que j'aimerai voir évoluer dans l'industrie : une TVA à 10% par exemple (ndlr, la TVA est à 20% pour le secteur de l'habillement), car nos pièces ont en fait déjà été taxées auparavant et on nous re-taxe une deuxième fois dessus : pourquoi ne pas aider des commerces comme nous, alors qu'on prône toutes ces valeurs écologiques ?"

"Si je peux faire ma part c'est le plus important : depuis 2024, on rachète les vêtements de nos clients. La chose à savoir c'est que les grosses boîtes de collecte qui sont dans la rue, on se dit "c'est cool ça réduit l'empreinte pour le recyclage". Mais en fait, ces vêtements vont être mis dans des containers, envoyés dans d'autres pays pour être triés, pour ramenés en France : ce qui est absurde niveau empreinte carbone, avec tous les trajets en bateau qui sont faits pour les acheminer, ce n'est pas du tout écologique."

"On reprend les vêtements, mais il faut que ça puisse avoir sa place dans ma boutique. Et si je prévois de revendre un article à 15 euros, je peux l'acheter 5 euros maximum, en prenant en compte toutes les charges que j'ai derrière."

Une logique économique simple qui infuse les offres de la boutique : d'un jeune parent pour les jeunes parents

"J'ai gardé la pièce à côté pour la salle enfant et la partie à moins de dix euros. La partie enfant je tenais à en faire, car je suis jeune papa depuis 21 mois, d'une petite Anna, et je sais combien ça coûte ! Je suis très gaga avec ma petite, je veux qu'elle soit mignonne et le budget habillement est énorme, ça peut monter jusqu'à 200 euros par mois. Je me suis dit pourquoi faire la même chose mais pour les petits : j'y mets les affaires de ma petite et ça tourne, les parents viennent et s'y intéressent. Ça n'existe pas trop des fripes avec des sélections enfant très abordable : de 5 à 10 euros maximum, pour que ça tourne, les parents sont très contents. Et puis ça, il faut que je l'affiche sur la vitrine et je communique dessus."

"Au-delà des parents, mon type de clientèle va de 12 à 99 ans ! On habille tout le monde, mais mon profil type de client c'est l'ado de 15-16 ans, ceux qui baignent dedans et ont des parents qui ont la quarantaine, ont connu la naissance des fripes et font baigner leurs enfants là-dedans. Ça va dans le sens de la mode et l'éco-responsabilité, les jeunes prennent ces habitudes de consommation. Au-delà de l'âge de 25 ans, il y en a énormément qui découvrent dans cette génération et c'est la première fois qu'ils viennent en fripe et commencent à s'y intéresser."

"Alors que les plus jeunes baignent dedans de nos jours, c'est normal : surtout avec leur pouvoir d'achat. Notre meilleur chiffre d'affaires c'était entre Noël et le Nouvel an, on avait tous les petits jeunes qui venaient avec leurs enveloppes de Noël, parfois même avec leurs noms dessus, c'était super : ils savent qu'ici ils vont avoir une tenue pour un budget spécifique. Alors qu'on retrouve vite des prix exorbitants dans le neuf, pour des qualités moindres."

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De belles histoires d'équipe  

"L'équipe aujourd'hui est composée d'un jeune en alternance, Dieurich, que j'avais déjà eu en stage, je lui ai sauvé son année jusqu'en septembre, on verra ensuite si j'ai la possibilité de le prendre. J'ai aussi dans l'équipe une deuxième alternante, Carmen, qui s'occupe de la communication, les Réseaux Sociaux.."

"Aussi, j'ai accueilli dans l'équipe une artiste Ukrainienne, Olena Siniuhina, que j'ai recrutée, une très belle histoire humaine : elle a fui son pays suite à la guerre, et est venue dans le sud de la France pour apprendre le français dans une école et en novembre elle a fait une demande de contact pour faire un stage dans la boutique : elle a envoyé 100 demandes, je suis le premier et le seul à avoir répondu. Elle est venue deux semaines, puis elle a repris l'apprentissage du français en mars 2023. Elle est revenue sur Paris, et m'a proposé de faire des pièces avec de la peinture sur vêtements : les pièces sont parties super vite, et maintenant elle s'occupe de toutes les pièces qui sont tachées, trouées, invendables.. Et finalement, je lui ai proposé un contrat de 15h par semaine. C'est une belle histoire qui m'a vraiment touché et fait relativiser sur la gestion au quotidien de la boutique : il y a des solutions pour tout, même quand les choses sont compliquées."


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