Rencontre avec l'une des deux reines de la basse-cour internationale: Laure Watrin. Globe trotter, journaliste-reporter mais avant tout fondatrice de la collection " les Pintades ".
A l'occasion de notre jeu-concours
Une Vie de Pintade à Paris, sortiraparis.com a rencontré
Laure Watrin, pintade en chef passée à la casserole pendant une interview croustillante.
Pour ceux et celles qui ne connaîtraient pas la collection en question, les Pintades, il s'agit en quelque sorte d'un guide du routard féminin 2.0, qui mêle bonnes adresses, histoires drôles, tranches de vie et confessions hilarantes, le tout concentré sur 323 pages d'un livre de poche rouge flamboyant qui pourrait bien vite devenir votre meilleur ami-atout. Et là, on ne parle que de l'ouvrage dédié à la ville de Paris. Oui parce que les Pintades c'est curieux. Du coup, les capitales Madrid, Londres, Berlin... ont elles aussi été touchées par cette attaque d'oiseaux (oiselles) voyageurs et intrépides.
Laure Watrin nous en dit d'avantage sur les pintades, leur carrière et leur passion. Explications...
Les Pintades en chef
Comment vous est venue cette idée de pintade ?
De 2001 à 2005, j’ai vécu à New-York. J’y ai rencontré
Layla Demay également journaliste. Cette idée nous est venue peu après notre rencontre.
L’idée était d’écrire un livre sur les new-yorkaises qui, malgré la mondialisation, restent très différentes.
Puis, on s’est dit que cela serait chouette de créer une collection et de la décliner dans toutes les grandes villes du monde.
Ce qu’on trouve intéressant c’est d’apprendre des autres cultures, de s’enrichir. On a beaucoup à apprendre des femmes à travers le monde.
Qu’est-ce qui vous a amené à New-York il y a 10 ans ?
Je suis partie vivre à New-York il y a 10 ans pour le boulot, celui de mon mari plus spécifiquement. J'y suis restée 4 ans et j'y retourne régulièrement pour le plaisir et le travail.
J’ai donc suivi et continué à temps partiel chez RTL et mis en place des projets dont celui qui est devenu aujourd’hui mon projet principal, « les Pintades ».
Êtes-vous toujours journaliste chez RTL ?
Non, j’en suis partie en 2007 et depuis je me suis concentrée exclusivement sur les pintades. Avec la collection de livres bien sûr, et aussi la réalisation de documentaires télé sur canal plus (les nouveaux explorateurs).
A la base les pintades était un surnom entre vous et Layla ?
On s’est appelé par ce surnom, c’était un surnom affectueux d’oiseau.
On se surnommait pintades lorsque l’on faisait des trucs de filles, manucure, shopping…
On faisait des diners de pintades : à New-York le concept du
girls night out est assez répandu et du coup on l’avait francisé en dîner de pintades et assez naturellement, quand on a commencé à avoir l’idée de cette collection, on s’est dit qu’il fallait l’appeler les pintades. C’est aussi parce que la pintade est, dans certains pays d’Afrique, le symbole de la femme émancipée.
Il n’y a donc pas que le pied de nez affectueux. C’est un oiseau industrieux qui sait un peu voler, ce qui renvoie à cette notion d’émancipation. La pintade fait beaucoup de bruit, grégaire, farouche, elle est aussi un peu sauvage. On s’est dit que ça correspondait bien à la femme d’aujourd’hui.
Comment les gens ont réagi à ce surnom ?
C’est vite rentré dans le vocabulaire, malgré quelques personnes encore aujourd’hui qui nous demandent « comment osez-vous appeler la femme avec un nom d’oiseau ? ».
Biographie d'une Pintade
Pouvez nous expliquer les deux côtés du livre ?
Ces livres sont en même temps une étude des mœurs si on peut dire, qui n’hésitent pas à critiquer sans être méchant et en même temps comme la pintade est voyageuse et partageuse, ils proposent des bons plans. C’est une espèce de guide du routard au féminin 2.0.
Comment faites-vous pour récolter vos adresses ?
On les teste et nos copines également, il y a une communauté de pintades.
Ces livres n’ont pas vocation à être exhaustifs. Ce n’est pas parce qu’un lieu est branché que nous on va aimer. A chaque fois, c’est notre vision de la ville, c’est notre Paris, notre New-York, notre façon de voir les choses. Ce sont des livres très personnels.
A chaque ville un nouveau voyage pour vous et Layla?
En général c’est la journaliste sur place qui est vraiment notre fontaine d’informations et qui va être la tête chercheuse.
Il s’établit alors un rapport de confiance de directrices de collection à auteur. Elle est sur le terrain, elle y vit, et elle voit la ville non comme une touriste mais de l’intérieur.
Parfois, on va dégommer les clichés. Mais le plus important c’est de rentrer dans l’intimité des femmes, comme pour une vie de pintade à Téhéran. Il faut avoir la confiance des femmes, rentrer dans les appartements, voir ce qui se passe derrière les voiles.
C’est fascinant de voir comme sont hiérarchisées les priorités d’une ville comme à Téhéran : mettre du rouge à lèvre découle d’un acte politique alors qu’en France ce geste est anodin.
Vous avez donc des collaboratrices pour chaque pays ?
Chaque livre est écrit par une journaliste française qui vit à l’étranger, dans la ville en question.
C’est très important car cela permet de jouer avec le décalage culturel mais en même temps qu’ils soient des livres avec une enquête, par le fait simple qu’ils sont exclusivement écrits par des journalistes.
La Pintade et les (autres ?) femmes
Et vous, à quelle basse-cour appartenez-vous, parisienne ou new-yorkaise ?
Je suis une pintade transatlantique.
Non cela dépend pourquoi, mais j’ai eu un peu de mal à revenir à Paris puisque Paris est une ville qui s’apprivoise comme je le dis dans le livre et pareil pour les parisiens.
C’est vrai qu’il faut gratter un peu surtout quand on a une vie professionnelle, familiale ce qui est le cas pour pas mal de parisiennes car le taux d’activité est de 80%, parfois on a l’impression d’être une pintade sans tête...
Pour découvrir Paris il faut creuser. Paris est un village. On arrive à se créer des liens sociaux avec le boucher, le resto du coin mais une fois qu’on a apprivoisé le barman alors-là… Comme elle l’avoue dans le livre le barman parisien est sauvage … A l’inverse de celui de New-York.
Sommes-nous toutes des pintades ?
Oui, les pintades ce sont des femmes qui ont des occupations très sérieuses et qui, en même temps, n’ont pas envie de s’oublier. Les pintades peuvent passer une demi-heure à discuter du vernis qu’elles vont mettre, cela fait de nous à ce moment-là de des êtres futiles mais qu’est ce que c’est bon. Pour résumer, les pintades sont des femmes féminines et féministes.
Comment voyez-vous les femmes aujourd’hui, vous les regardez autrement?
Autrement je ne sais pas, mais comme je suis journaliste j’ai toujours aimé regarder les gens et j’ai toujours eu ce côté un peu commère.
C'est ce qui fait partie du plaisir d’écrire ce genre de livres: se poser dans des microcosmes, explorer des univers, croquer les gens et voir comment ils vivent et interagissent.
On vit également dans une époque où les choses frivoles deviennent de plus en plus compliquées. La pintade a des problèmes d’argent comme tout le monde.
La pintade en crise ne peut pas faire n’importe quoi au niveau de sa consommation. C’est justement intéressant de voir comment cela se renouvelle.
L'avenir des Pintades
Layla demay est quant à elle toujours à NY ?
Elle vit toujours là-bas, on se fait des petits rendez-vous d’un côté ou de l’autre de l’atlantique.
Un peu dur la séparation ?
Ben oui un petit peu mais en même temps il y a des avantages et des inconvénients.
Du coup, on joue sur les décalages horaires des deux côtés pour couvrir une journée de 24h avec toutes les pintades du monde.
Quelles autres basses-cours sont en cours d’exploration ?
Jusqu’à présent nous sortions un livre par an. Depuis cette année, nous sommes passés à la vitesse supérieure, on en sort deux par an.
Madrid et Berlin sont sortis cette année. Les prochains seront Moscou, Bombay, Afrique du Sud, Rome et Bruxelles.
Vous avez été à Rio quelles ont été vos impressions? Et vos projets?
Pour l’instant, il n’y a que le documentaire télé (les nouveaux explorateurs, Canal+) mais le livre est en projet. C’est une ville assez incroyable. Ce qui m’a le plus frappé c’est que la grande pauvreté voire la misère côtoient la grande richesse. Mais les gens sont pleins d’amour, pleins de vie, pleins de fête. Les femmes ont une joie de vivre extraordinaire.
La géographie est extraordinaire également: c'est une ville bloquée entre océan et montagnes.
Je vous vois nostalgique de la grosse pomme, vous penser repartir vivre là-bas ?
C’est envisageable… Pour l’instant cela se résume au swap de maison, nous verrons plus tard...
Pour clore cette interview pourriez-vous nous indiquer quel est votre restaurant préféré à Paris ?
Les pintades n’aiment pas forcément les choses neuves et préfèrent les valeurs sûres. Les parisiens comme d’autres espèces en général se lassent rapidement.
Pas la pintade qui est attachée à ses petites habitudes.
Pour moi,
Yam'Tcha et
Spring sont ex-aequo.
D’ailleurs comme il lui est difficile de trancher, Laure nous livre quelques adresses parmi ses favorites.