De retour au Camp des Loges au terme d’un prêt d’un an à Auxerre, Traoré savait qu’il aurait affaire cette saison à la concurrence d’un certain Mamadou Sakho, un jeune du centre de formation révélé pendant sa parenthèse icaunaise. Mais, n’en déplaise à cet espoir aux dents longues et à l’indéboulonnable Zoumana Camara, le grand Sammy revenait avec la ferme intention de se faire une place dans la charnière centrale de Paul Le Guen. "Je n'ai rien à envier à personne. Je peux apporter ma pierre à l'édifice", clamait-il fin août… Retour sur ses dix derniers mois.
» Une affaire de séries
A l’heure du bilan, une première remarque s’impose : le numéro 13 parisien a surtout été aligné de manière cyclique. S’il n’entrait pas à l’origine dans les plans de son entraîneur, il a tout de même réussi à débuter seize matches de L1. Trois d’affilée de la 5e à la 7e journée, huit de la 13e à la 20e, et cinq autres, un peu plus épars, en fin de parcours. Ces enfilades s’expliquent de prime abord par les forfaits ponctuels de ses partenaires, mais aussi - et surtout ? - par la qualité de ses dépannages en défense. Faudrait-il pour autant regretter qu’il n’ait occupé une place de titulaire à part entière ?
» Du simple intérim à la passation de pouvoir ?
Au vu de la confiance accordée à la paire Sakho - Camara, présente aux quatre premiers rendez-vous du championnat, l’entame de l’édition 2008-2009 n’augurait rien de bon pour ce solide gaillard d'un mètre quatre-vingt-douze. Toutefois, les absences du premier nommé ne tardèrent pas à lui mettre le pied à l’étrier. Dès le déplacement à Caen (4e j.), il remplaça son acolyte de vingt ans, touché à la 80e minute, puis disputa d’office les trois rencontres suivantes. Après deux prestations convaincantes face aux attaques nantaises et stéphanoises, il connut des instants moins joyeux devant la vélocité du Grenoblois Dja Dje Dje (7e j.). Et dut patienter une quarantaine de jours - et une gaffe de Sakho à Nice (12e j.) - pour goûter de nouveau aux joies du terrain, face à Lille (13e j.).
En ce soir de novembre, ce joker habituel livra un match de haut vol… et alla jusqu’à assurer le show au prix d’un slalom entre quatre joueurs lillois. Au coup de sifflet final, avec la complicité du Parc des Princes, le speaker s’amusa même à le comparer à Diego Maradona ! Sur cette lancée, une fois Sakho relégué sur le banc, il prit part à sept rencontres consécutives en L1. Avec bonheur pour commencer, Lyonnais (14e j.), Havrais (15e j.), Rennais (16e j.) ou Manceaux (17e j.) peuvent en témoigner. A la mi-saison, à mesure que ses interventions rassuraient et contrastaient avec la fébrilité de son homologue Camara, celui qu’on considérait jusqu’ici comme un simple animateur de vestiaire s’affirmait de plus en plus comme le nouveau patron de l’arrière-garde.
» Non, faute de constance
Néanmoins, quelques erreurs plus loin, Traoré présenta à son tour des signes de faiblesse. Pêle-mêle : il perdit un duel qui mena à l'égalisation du Manceau Cerdan, il causa un penalty sur la pelouse d'Auxerre (18e j), et sa responsabilité fut engagée sur les deux retours au score de Valenciennes (19e j.)… Au sortir de la trêve hivernale, la débâcle du PSG en terre girondine (défaite 4-0, 20e j.) offrit la manifestation la plus criante de ses limites, hélas déjà entrevues. Car son déficit de vivacité laissa libre court aux audaces bordelaises, comme l’illustre cruellement la roulette que Gourcuff réussit à ses dépens avant d’inscrire le troisième but adverse. C’en était fini de l’"ère Traoré", Sakho réintégrait le onze de départ à peine une semaine plus tard.
Plus sporadiques, les autres apparitions du Malien donnèrent en général satisfaction, hormis celle contre Monaco (38è j.), où il suppléa Marcos Ceará au poste de latéral droit. Passeur décisif sur le réduction du score de Larrys Mabiala à Toulouse (29e j.), ou auteur d’un coup de boule victorieux contre Nice (31e j.), il sut allier ses atouts défensifs - jeu de tête et tacles - à une volonté évidente d’apporter le surnombre dans les phases offensives de l’équipe. Sa présence face à Nice et Lille (32e j.), due à une nouvelle indisponibilité de Sakho, contribua à stabiliser la ligne arrière, au point de faire remonter à la surface le leader défensif qu’il incarna en novembre et décembre.
» Remettre la balle au centre à la rentrée
A la faveur du turnover imposé par son coach, il participa aussi aux deux coupes nationales - soulignons ses buts à Ajaccio et Rodez - ainsi qu'à l'essentiel de la campagne européenne de son club, parfois disputée en qualité d'arrière droit. Certaines de ses relances, peu académiques, et un placement approximatif à ce poste nous conduisent d’ailleurs à penser qu’il n'est jamais aussi performant que dans l'axe, où il lui est arrivé de briller par son impact physique et sa combativité. Ce meneur d’hommes, capitaine de l'OGC Nice avant sa venue au PSG, a prolongé son contrat en janvier sur la base d'une année supplémentaire et d'une autre en option. Souhaitons lui donc un rôle plus central - dans tous les sens du terme - dans l'équipe que bâtira Antoine Kombouaré à la rentrée.
» Les stats de Traoré cette saison :
- 33 matches joués (29 en tant que titulaire), 2 478 minutes disputées.
- 3 buts (dont 1 en Ligue 1), 1 passe décisive en Ligue 1.
- 2 cartons jaunes (dont 1 en Ligue 1), 0 carton rouge.
- Moyenne annuelle PlanetePSG : 5,67.