Suite et fin de l’interview. Ce mercredi, Rudy Haddad se penche sur les circonstances de son arrivée au Maccabi Tel-Aviv et tire le bilan de ses dix-huit mois en Israël, où résidait déjà une partie de sa famille. Il évoque ensuite son actualité à Châteauroux, formation au sein de laquelle il s’épanouit depuis janvier 2009.
Rudy, de quelle manière a évolué votre situation durant l’été 2007, après votre année à Valenciennes?
Il me restait un an de contrat à Paris. Pendant mon prêt, Paul Le Guen avait succédé à Guy Lacombe. Il ne me connaissait pas trop. A mon retour au PSG, on m’a vite prévenu qu’il y avait beaucoup de joueurs à mon poste et que j’aurai sans doute un faible temps de jeu. Cette nouvelle m’a un peu donné un coup au moral, surtout que j’avais presque passé dix ans à Paris. Dix ans dans un club, ça marque. Dans mon esprit, j’étais parti à Valenciennes pour m’aguerrir et revenir plus fort. L’été 2007 a donc été compliqué. Je ne savais pas où j’atterrirais. Pour ne rien arranger, je me suis séparé de mon agent à cette intersaison. J’ai eu la possibilité d’aller à Strasbourg, qui était monté en L1, mais ce projet a échoué à cause du contrat qui m’était proposé.
En fin de compte, au mois d'août 2007, c’est le club israélien du Maccabi Tel-Aviv qui obtient votre transfert…
C’est le dernier club où je m’imaginais jouer ! Jamais je ne l’aurais cru, même six mois avant. Vivre en Israël ne me posait pas de problèmes, j’avais déjà de la famille là-bas. Non, ce qui me dérangeait, c’était de m’éloigner de la France. Ce fut une décision difficile. J’ai accepté l’offre du Maccabi parce que je voulais retrouver le sourire et redonner un sens à ma passion. J’avais un peu perdu l’envie de jouer, je n'allais pas très bien.
Comment votre aventure en Israël s'est-elle déroulée ?
A mon arrivée, j’ai reçu un accueil extraordinaire. Malgré tout, l’adaptation au pays m’a demandé des efforts. J’ai attendu à peu près trois mois avant de maîtriser l’hébreu et je n’étais pas habitué à jouer sous une température de 40°. Dans la rue, il y a une grosse ferveur autour du foot. Les stades sont pleins, souvent en ébullition. A Tel-Aviv, j’ai vécu des moments formidables, c’est indescriptible. J’ai de très bons souvenirs, comme d'avoir joué la Coupe d’Europe. Par contre, le club était assez instable : j’y ai connu quatre entraîneurs et trois présidents. Et médiatiquement, ça ressemblait au PSG.
Pourquoi donc êtes-vous parti, en janvier dernier, en prêt à Châteauroux (L2) ?
Au bout d’un an et demi là-bas, je me suis dit qu’il serait mieux de revenir en Europe pour ne pas qu’on m’oublie. Je n’avais pas l’intention d'accomplir toute ma carrière en Israël. Lorsque Dominique Bijotat (le coach de Châteauroux) m’a contacté, j’ai relevé le défi sans trop me poser de questions. Mon état d’esprit avait changé. Je n’étais le plus même. J’étais sûr de mes forces et j’avais retrouvé mon amour du foot. A Châteauroux, j’avais tout à gagner. Le club était en difficulté et recherchait de nouveaux visages.
Parlez-nous de ce come-back en France…
Je suis tombé sur un super groupe, avec de nombreux jeunes. Ensemble, on a lutté jusqu’au bout pour décrocher le maintien. Ce n’était pas tous les jours facile, mais c’est une bonne expérience. On a évité la relégation de justesse à notre dernier match, contre Ajaccio. Un match nul et on descendait en National. Heureusement, on a marqué le but de la victoire à quinze minutes de la fin. C’est beau !
Dans la foulée, vous avez prolongé votre bail dans le Berry en signant un contrat de trois ans à Châteauroux…
J’ai discuté avec Dominique Bijotat avant les grandes vacances et il m’a dit que le club désirait me conserver. Ça m’a donné envie de poursuivre ma route ici. Depuis ma venue en janvier, l’ensemble de la direction a toujours été très correct avec moi. Je m’entends bien avec le président, le directeur sportif et l’entraîneur. Le plus important, c’est de se sentir bien dans un club. Et c’est le cas à Châteauroux.
A la Berrichonne, vous avez déjà occupé plusieurs postes offensifs. A quelle place préférez-vous jouer ?
Dans mon enfance, j’ai débuté en tant qu’attaquant. J’adorais marquer. Au PSG, Monsieur Dogliani (ancien joueur et dirigeant du PSG, aujourd'hui décédé), que je considère un peu comme mon père, m’a fait reculer d’un cran au poste de numéro 10. Par moments, on m’a aussi excentré sur les côtés, car n’y a plus de véritable meneur de jeu dans le foot moderne. Moi, ce que j'aime le plus, c'est tourner en électron libre derrière les attaquants. J’aime avoir de la liberté. Sur un côté, j’ai peur de trop m’enfermer. Mais il y n’y a pas que moi sur le terrain. Il y un effectif, une tactique, et je me plierai toujours aux décisions de l’entraîneur.
Sur le plan collectif et individuel, quels objectifs nourrissez-vous pour la suite de la saison ?
L’équipe a fait de bons débuts, mais n’oublions pas qu’on sort d’une année délicate. Notre objectif est d’obtenir notre maintien le plus rapidement possible. A titre personnel, j’aimerais me montrer décisif et continuer à inscrire quelques buts. Pendant la préparation d'avant saison, j’ai eu une déchirure aux adducteurs et j'en ai ressenti le contrecoup physique à la rentrée. Heureusement, depuis trois, quatre semaines, je me sens de mieux en mieux. Je joue mes matches à fond. J’espère vraiment réaliser ici de bonnes prestations et, pourquoi pas, essayer de rebondir un jour en Ligue 1.
Et la sélection israélienne ? Car vous détenez aussi la nationalité israélienne…
Oui, j’avais rendu une sorte de service au Maccabi. Le club n’était pas au mieux et si je prenais la nationalité israélienne, les dirigeants pouvaient s‘attacher les services d’un joueur étranger supplémentaire. Jusqu’à présent, le sélectionneur n’a pas encore fait appel à moi. Je serais bien sûr content de jouer pour Israël mais ma préoccupation principale, c’est mon quotidien à Châteauroux.
Interview réalisée par Adrien Pécout en exclusivité pour PlanetePSG.com
Toute la rédaction du site remercie sincèrement Rudy Haddad pour sa disponibilité. Bonne chance à lui sous les couleurs castelroussines.
Crédits photo : La Nouvelle République