L'ancien gardien de but du Paris Saint-Germain (2001-2008), Jérôme Alonzo, a eu la gentillesse d'accorder une interview à PlanetePSG.
Dans le premier volet de notre entretien, il a évoqué ses différents projets, ses loisirs, tout en abordant la riche carrière qu'il a eue, avec des passages remarqués dans tous les clubs qu'il a connus : Nice, l'OM, Saint-Etienne, le PSG et Nantes.
A l'issue de la saison 2009-2010 ou vous avez raccroché les crampons après deux saisons à Nantes, vous êtes devenu consultant foot pour la chaîne Orange Sport. Comment se passe votre intégration dans ce milieu ?
Écoute, au moment où l’on parle, ça fait déjà trois mois pleins. Et ça se passe très bien, j'ai l'impression que mes patrons sont contents de moi. C'est un peu comme au foot, il faut être le meilleur chaque semaine, sauf que là, j'apprends le métier. Je suis arrivé sans aucune prétention, même si j'ai quelques aptitudes, car je parle assez facilement devant les caméras. Mais je dois quand même apprendre les ficelles du métier, les ficelles du direct, car on ne fait que des directs. L'intégration se passe bien parce que je suis un élève assidu, attentif et qu'en tout cas, d’après ce qu'on me dit, je progresse vite et c'est très intéressant.
Et pourquoi pas sur TF1 dans quelques années ?
Tout peut évoluer. Orange Sport aujourd'hui est une chaine qui risque, soit de partir en association avec une autre soit d'arrêter. On sait que Orange ne reprendra peut-être pas les droits télé en 2012 donc il faut être bon dès maintenant pour nous, consultants, afin d'essayer dans un ou deux ans de retrouver un employeur et ça passe par être bon tous les week-end. Comme au foot, c'est pareil.
Parlez-nous un peu de Surface Football Magazine (Cliquez ici ), un bimestriel consacré au monde du ballon rond, que vous avez créé en 2008.
C'était un projet qu'on avait avec une bande de potes. On s'est dit qu'on avait un peu tout vu dans la presse du football, qu'est-ce qui n'existe pas, qu'est-ce qu'on aimerait lire, et en fait on s'est rendu compte qu'il n'existait pas de magazines qui liaient la mode et le football et surtout qui faisaient parler des gens hors football de leur passion : des hommes politiques, des acteurs, des chanteurs... On a essayé de mettre tout ça dans un mixeur, de le secouer et Surface en est sorti. On a eu du mal à trouver un public les premiers mois parce que les gens se demandaient un petit peu ce que c'était que ce magazine qui arrivait dans la presse du football. Même des buralistes ne savaient pas trop où nous placer, dans la mode, dans le sport, mais aujourd'hui on a trouvé notre public, on a trouvé une bonne place dans les maisons de presses et on est sur le devant de la scène ! On a deux ans quasiment et on commence à bien fonctionner. Les joueurs nous font confiance, les entraineurs et les attachés de presse des clubs aussi donc c'est une belle aventure qui ne fait, à mon avis, que commencer !
Que pensez-vous du plan Leproux et quel est votre sentiment général sur ces débordements de supporters au PSG qui dégradent constamment l'image du club ?
C'est une très bonne question, mais qui est extrêmement délicate. Aujourd'hui, je peux l'analyser en tant que supporter. Ce plan était nécessaire, voire vital pour le club, parce qu'il y a eu des morts. Là, on touche au pire du pire, la mort. On a touché le fond. Le président Leproux ne pouvait pas rester en l'état les bras croisés. Je trouve sa démarche extrêmement courageuse et pertinente. Mais j'émets un mini bémol, et là c'est le cœur qui parle : évidemment, l'ambiance d'avant me manque. Je l'ai vu contre Nice et Auxerre, et quelque part, on ne m'empêchera pas de penser qu'à un moment donné, ça va desservir les joueurs, car ce fameux douzième homme qu'il y avait avant, il n'y est plus. Quoi que tu en dises, tu ne peux pas me mentir, à moi qui ai joué sept ans au PSG : ce n'est pas pareil. Sur le terrain, pour en avoir parlé avec certains, c'est complètement différent. Le président Leproux a choisi pour le moment la radicalisation. OK, très bien, pas de débat là-dessus. Sauf que j'espère qu'un jour, on va arriver à ramener un petit peu d'ambiance au Parc, car aujourd'hui, il n'y en a plus. Ça veut dire que le Parc doit rester un endroit familial, certes, un endroit sûr, évidemment, mais également un endroit où les joueurs adverses ont peur de venir. Or, en ce moment, j'ai l'impression que les adversaires n'ont plus peur de jouer au Parc des Princes. Je suis très intime avec les Niçois et ils m'ont dit qu'ils n'avaient pas été impressionnés du tout par l'ambiance du Parc. Alors qu'avant, quand on t'en parlait, le Parc ça faisait trembler. 0-0 à un quart d'heure de la fin, c'était la folie pour les autres et là contre Auxerre ou contre Nice, j'ai senti qu'il manquait quelque chose dans le dernier quart d'heure. Mais le président Leproux n'a pas d'alternative. Il ne pouvait pas faire un truc à moitié et puis l'espoir que j'ai, c'est qu'une fois que ça se sera un peu assaini, on va ramener de bons supporters, qui font du bruit, et il y en a, ça existe, faut pas déconner non plus. Il y a de bons supporters que ce soit à Auteuil ou à Boulogne. J'espère qu'avec le temps, on arrivera à bannir les imbéciles. Pour tuer un homme, faut être relativement con. Donc j'espère qu'à moyen terme, on arrivera à ce mélange dont je rêve, comme beaucoup d'autres, entre un Parc sûr et un Parc qui fait peur aux adversaires.
Les affaires extra-sportives, comme le décès du premier supporter en 2006, peuvent-elles avoir une influence sur le sportif ?
Bien sûr. Là on touche à la vie. Évidemment ça a plombé l'ambiance. Nous on est en train de dire "Merde l'ambiance" alors qu’il y a des familles qui pleurent un enfant. Donc à un moment donné, le football passe au second plan, tout passe après. J'ai parlé avec beaucoup de supporter depuis 4 mois que j'ai arrêté le football et tout le monde me dit "Ouais, le plan Leproux, ceci cela" mais il faut comprendre les enfants que des gens sont morts, qu'on ne peut pas rester sans rien faire et c'est en cela que je trouve la démarche de Leproux courageuse étant donné qu'il a été l'un des premiers à se bouger un petit peu les fesses. Maintenant une fois que les choses se seront un peu calmées, une fois que l'émotion sera digérée, il faut qu'on retrouve un Parc avec de la vie, des chants, des drapeaux, car sinon ça sera trop facile d'aller gagner au Parc.
Vous avez évolué à Nice, Nantes, mais surtout à Marseille, Saint-Etienne et au PSG, sans doute les 3 équipes évoluant dans les stades les plus "chauds" de France. Une comparaison entre les trois est-elle possible ou chaque stade dégage-t-il vraiment une particularité ?
Tu penses bien que c'est une question qu'on me pose à chaque interview ! Je vais donc te répondre le plus honnêtement possible. Le gros problème c'est qu'ils sont comparables, mais aussi incroyablement liés ! Marseille, c'était l'ancien Vélodrome avant et c'était un truc de fou ! C'était vraiment une espèce d'arène qui sentait la sueur, c'était un combat de gladiateur à chaque match. Et puis ce stade c'était la Coupe d'Europe, c'était les Boli, Papin, quand tu rentrais là-dedans c'était un musée ! D'ailleurs on a passé la saison invaincue au Vélodrome quand j’y étais.
Cet ancien Vélodrome était plus impressionnant que l'actuel ?
En tant que joueur ? Mille fois plus ! Quand je jouais en tant qu'adversaire dans l'ancien Vélodrome, je n'ai jamais gagné, et lorsque j'ai joué avec Paris, dans le nouveau Vélodrome, j'ai gagné quatre ou cinq fois. Le nouveau, je le trouve très beau, au niveau de l'architecture, c'est un très très beau stade, mais moi en tant que joueur, je n'avais pas peur d'y aller alors que l'ancien Vélodrome c'était l'enfer ! Ensuite, j’ai donc joué pour Saint-Etienne. Saint-Etienne, c'est le Chaudron, les Verts, l'épopée, Rocheteau, etc. Là aussi, c'est pareil, c'est un musée. J'ai toujours reçu là-bas un accueil incroyable, j'en ai des frissons rien qu'à en parler, car les gens ne m'ont jamais oublié. Et puis le Parc, ma dernière histoire d'amour en date, j'y ai passé sept ans. C’était mon jardin. Je n’oublierai jamais cet endroit Même maintenant, je travaille encore à côté. En tout cas, je sais qu'un jour j'y retournerai. Dans quel rôle, je ne sais pas, mais je sais que ma vie repassera par le PSG.
Sinon, quand aimeriez-vous revenir au PSG ?
Un retour au PSG, ça peut être à moyen terme, car je n’en ai parlé avec personne. Tout le monde sait que j'en ai envie, mais là j'ai d'autres choses à faire, j'ai des contrats en cours donc voilà. Maintenant, j'ai la prétention de connaître ce club comme peu de gens, parce que je l'ai respiré, senti et aimé. En plus, je l'aime toujours et je suis objectif, c'est-à-dire, je peux adorer le PSG, mais je peux aussi supporter l'OM s'il y a OM-Benfica en coupe d'Europe. Moi, j'ai envie de rendre service modestement au PSG, au foot français en général, donc si je peux apporter ma pierre à l'édifice... Parce qu'aujourd'hui je pense qu'on a besoin de tout le monde, mais si demain je devais retourner travailler dans un club, ça serait certainement Paris ou Saint-Etienne.
Dans votre carrière, vous avez joué deux saisons à Nantes. Parlez-nous un peu des difficultés rencontrées au cours de votre passage.
La première année, c'est une descente en L2, y a rien de honteux à descendre, c'est un échec. J'ai fait 28 matches, on descend à 3 points près. 3 points sur un an c'est quand même ridicule. Ça s’est joué à une victoire. On est la seule équipe de la saison à avoir perdu contre Le Havre chez nous, donc c'est ce match-là qui fait basculer la saison, un cauchemar. Mais bon, sinon, la saison globale n'a pas été mauvaise. Le vrai mauvais souvenir, c'est la deuxième saison en Ligue 2 ou je tombe sur un gars au club qui a décidé ma mort. C'est vrai que c'est difficile de finir comme ça. Mais bon ce n'est pas grave, car je l'ai accepté, j'ai été pro quand même, je n’ai pas raté un seul entrainement de la saison et, bon, j'ai quand même fini dignement. Et puis, j'ai connu là-bas des gens super sympa, créé des amitiés durables, donc c'est ça que je garde surtout.
Votre père, Pierre Alonzo, a été entraîneur du PSG et membre du staff durant plusieurs années. Avez-vous discuté avec lui avant votre arrivée à Paris ? Qu'en pensait-il ?
Le mois de mon premier contact avec le PSG, mon père était encore entraineur adjoint de Luis. Et donc, mon papa, quand j'ai signé, il a démissionné, car il ne voulait pas que les gens disent "Ah Alonzo, y a son père..." Donc en fait il m'a dit "Vas-y, moi j'ai fait mon temps" et puis il était ravi bien évidemment. Mon père a participé à la création du centre de formation du PSG en 1973. Moi je suis né dans le sud, mais le premier maillot que j'avais c'était celui du PSG. Et c'est pour ça aujourd'hui que mon grand regret c'est de ne pas avoir fini ma carrière au PSG parce que je pense que je le méritais et que tout le monde en avait envie. Bon, après les choses ont été un peu différentes mais, oui, le PSG a bien sûr une place à part dans mon cœur.
Dans votre jeunesse, vous avez d'abord été gardien de handball. Qu'est-ce qui vous a finalement amené à vouloir occuper le même poste, mais dans le football ?
Oui, je faisais les deux en même temps en fait ! C'est une histoire que je raconte souvent, mais elle est authentique. J'ai toujours aimé être gardien de but. Dans la cour d'école, sous le préau, à la récréé, j'adorais être attaquant et j'adorais être gardien, mais quand j'étais jeune, je me suis vite rendu compte que les filles regardaient plus le gardien de but. Quand t'es ado, tu te rends compte que finalement, le gardien est une espèce d'extra terrestre un peu à part et que tout le monde le regarde un peu différemment. Et quand t'es gamin dans la cour d'école, ce que tu recherches c'est la reconnaissance, faire un peu le kéké et être différent des autres. En fait quand t'es gamin, personne ne veut être gardien et moi j'ai dit je veux jouer gardien, car je voulais marquer mon territoire, marquer ma différence. C'était surtout l'envie d'être différent, voilà ! Et surtout je n'avais pas peur de plonger, car j'avais fait du judo tout petit et j'avais appris à tomber, donc j'avais des aptitudes à ce niveau-là.
Donc vous êtes vraiment un grand fan de sport : judo, handball, football...
Oui, oui ! La natation aussi. J'ai commencé au Cercle des Nageurs d'Antibes qu'on connaît bien aujourd'hui grâce à Alain Bernard. La première licence de ma vie, ça a été au Cercle des Nageurs d'Antibes.
A part ça, quels sont vos loisirs dans la vie ? On vous dit amateur de poker et de golf.
Ces informations sont tout à fait exact ! Le golf depuis une quinzaine d'années, c'est mon sport de cœur après le football. Maintenant je joue un peu plus au tennis et au squash, parce que le golf pour maigrir c'est pas terrible (rires). Et depuis trois ou quatre ans, il y a le poker. Je me suis mis dans la mouvance et j'ai accroché. J'ai acheté la table à la maison et ça joue, on s'éclate, on ne met pas beaucoup d’argent car on ne veut pas se faire mal !
Interview réalisée par Loïc Uhmann en exclusivité pour PlanetePSG.com
Retrouvez la deuxième partie de cet entretien ce mercredi.
Nous remercions sincèrement Jérôme Alonzo pour sa disponibilité et sa franchise.
*Crédits Photo : © Vivien Lavau pour Surface
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