Si la pige effectuée par Yannick Noah au PSG en 1996 afin d’aborder la finale de Coupe d’Europe dans les meilleures conditions est souvent citée comme un épisode marquant de l’histoire du club, la façon dont certains joueurs ont influencé cette venue reste, en revanche, plutôt méconnue. Retour sur une période déterminante qui viendra sacrer le parcours exceptionnel des Rouge et Bleu sur le Vieux Continent depuis quatre ans.
Alors que le PSG domine tranquillement le championnat de France de première Division à mi-saison, l’ambiance se détériore peu à peu du fait, entre autres, de l’attitude de l’entraîneur de l’époque, Luis Fernandez. Omniprésent, l’ancien joueur de la capitale veut absolument tout diriger, sur et en dehors du terrain. Selon les dires de certains joueurs, cette proximité peut être efficace du moment que les résultats suivent. Dès lors que les performances baissent, un problème d’ambiance se fait ressentir.
Personnage emblématique du Paris Saint-Germain de l’époque, Bernard Lama estime que ce n’est "pas agréable comme gestion. On a flanché, explique-t-il, parce que l’équipe n’était pas stable et cela était purement lié à l’entraîneur."(1) Bref, Paris s’écroule et voit Auxerre passer devant. La frustration devient telle que Fernandez a "tout le groupe contre lui", a en croire le gardien de but.
Malgré tout, Michel Denisot se refuse à l’idée de remplacer son entraîneur, estimant que le faire en cours de saison ne servira pas à grand-chose, si ce n’est à déstabiliser encore plus des joueurs en délicatesse. C’est alors qu’il a l’inspiration de faire venir quelqu’un pour aider les Parisiens à appréhender la finale de Coupe d’Europe qu’ils disputeront contre le Rapid de Vienne, histoire de "dynamiser le groupe"(2) et ce en dépit des réserves de l’entraîneur en place.
Le président choisit Yannick Noah, ancien tennisman, vainqueur de Roland-Garros en 1983. Si un tel choix n’est désormais plus surprenant, quels sont les facteurs qui ont poussé Denisot en ce sens cette année-là ? La réponse se trouve dans la bouche du principal intéressé, qui est, depuis, revenu sur cette intervention salvatrice :
"Ma première rencontre avec Youri remonte à sa saison au Paris Saint-Germain, en 1996. Je me souviens d’un dîner au restaurant avec Daniel Bravo et son oncle photographe, Rajak. Paris l’avait emporté contre Lens au Parc des Princes (1-0, but de Loko, ndlr). Luis Fernandez était sur la sellette et l’équipe tiraillée ; cette courte victoire leur procurait un bol d’air. Nous avons parlé de la situation au PSG avant de refaire le monde jusqu’à trois heures du matin. En se quittant au cœur de la nuit, Youri m’a glissé : 'Yannick, il faut que tu viennes donner un coup de main à l’équipe !'"(3) Simple coïncidence ? Certainement pas. Lorsque Michel Denisot raconte son projet de faire appel à Noah, il ne dit pas que les deux joueurs qui l’avaient rencontré ont appuyé en ce sens, ce que le désormais chanteur révèle.
"Quelques semaines plus tard, j’ai effectivement débarqué au chevet de Paris, dans la perspective de la finale de la Coupe des coupes. Youri et Daniel ont encouragé cette initiative."(4) Lorsqu’il décide d’organiser des soirées entre joueurs, sans aucun dirigeant, Noah sait qu’il peut compter sur Djorkaeff, qui a vraiment joué un rôle important dans la cohésion des éléments du groupe, mais aussi dans celle des Parisiens avec Yannick Noah. En somme, l’initiative dont on fait preuve Bravo et le Snake se trouve à la base d’un coup de poker tenté par Denisot et qui a permis d’inscrire la plus belle ligne du palmarès du club de la capitale.
Le faux retour en 2007
En milieu d’exercice 2006-2007, le PSG version Guy Lacombe peine en championnat (16e). Ce dernier, qui n’arrive plus à gérer son groupe annonce l’arrivée de l’ancien "coach mental" de Paris, pour "mener une certaine sérénité, une vision des choses" car "[il] a cette approche extérieure, par rapport au public, à certains joueurs. Il a des choses à apporter. Il connaît bien Paris"(5). L’idée peut paraître séduisante, d’autant qu’Alain Cayzac a évoqué cette possibilité un mois plus tôt. "Yannick aime bien le club et j’apprécie beaucoup l’homme. Il a envie de nous aider. Cette fois, ce ne serait pas une intervention exceptionnelle. Je ne veux pas que ce soit un effet d’annonce, un coup d’épée dans l’eau. On réfléchit ensemble pour une collaboration sur la durée."(6)
Finalement, la direction opte pour le changement d’entraîneur : Paul Le Guen succède à Guy Lacombe sur le banc, pour la fin de saison que l’on sait (Paris termine 15e avec 48 points). Quelques jours après la nomination de la "Patate de Pencran" à la tête de son ancien club, Noah réagit dans la presse. "Il faut savoir qu'il y avait un souci avec Guy (Lacombe). Maintenant, Paul est là. Laissons-le se mettre en place comme il l'entend. J'ai très peu de temps. (...) Paul connaît le club par cœur. C'est lui le patron. Tous derrière Paul !"(7) Cette lueur passagère d’un bout de chemin de l’ex-capitaine de l'équipe de France de Coupe Davis à Paris n’a donc pas duré longtemps, mais suffisamment pour rappeler aux supporters une période dorée, celle d’une équipe qualifiée comme "l’une des meilleures de Paris" dixit Djorkaeff, bien différente des saisons qui allaient suivre du côté de la porte d’Auteuil.
(1) Hurel, Pierre et Vercaemer, Damien, PSG, 40 ans de fièvre, Elephant and cie, Paris, 2010.
(2)Ibid.
(3) Djorkaeff, Youri, Snake, Grasset & Fasquelle, Paris, 2006, p.98.
(4) Ibid., p.99.
(5) Le Parisien, édition du 05/01/2007.
(6) L'Équipe, édition du 06/12/2006.
(7) (7) Ibid., édition du 29/01/2007.
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