Présent à Barcelone en mars dernier pour le Global Sports Forum, Raí a accordé un entretien à L’Humanité dans lequel il évoque son action avec son association ainsi que ses espoirs pour l’avenir.
Créateur de l’association Gol de Letra avec Leonardo, Raí s’est expliqué sur ses motivations, qui vont au-delà du football. "Certains le pensent (que ses actions servent à lui donner bonne conscience, ndlr). Je voudrais rappeler que 98 % des footballeurs viennent des quartiers populaires et que beaucoup ont à l'esprit de rendre des choses. J'ai toujours considéré que le football allait bien au-delà du terrain sur lequel il se pratique. Pour ce qui me concerne, plus j'avais du succès dans ma carrière, plus je sentais monter cette responsabilité. Ce qui est important dans ce que l'on fait, ce n'est pas, en soi, de créer une association mais ce sont les conséquences indirectes qui sont produites. Quand Didier Drogba veut créer un hôpital dans son pays, il ne met pas simplement sur pied une structure, ce qui est déjà important, mais il aide aussi à la prise de conscience sur les problèmes de santé, et notamment sur le sida. Je pense que notre engagement peut favoriser une culture de l'implication. Je cite souvent cette anecdote pour appuyer ma démonstration : lors de la remise d'un trophée à un jeune footballeur, il a dit : « OK, ça me fait plaisir. Mais ce que j'aimerais surtout, c'est faire comme Rai. » Et il ne parlait évidemment pas que du footballeur", s’est-il justifié.
Comme pour prouver ses dires, l’ancien Parisien s’est étendu sur le projet de Gol de Letra. "Mon idée de base était d'utiliser le pouvoir de mobilisation du sport pour aider mon pays. Très vite, le programme de Gol de Letra est devenu une politique commune mise en ouvre par l'État de Sao Paulo. Au départ, nous ne touchions qu'une centaine d'enfants. Depuis, plus de 5 000 sont passés par la Fondation. Mais le plus important à mes yeux, c'est que notre programme est facilement exportable. D'ailleurs nous venons de nous lancer en Guinée-Bissau. Notre méthodologie est assez simple : mettre en place des ateliers ludiques pour redonner aux enfants le goût d'apprendre. Nous organisons également des échanges avec des enfants de quartiers en difficulté en France. La globalisation, lorsqu'elle est appliquée de cette manière, fait grandir tout le monde."
Ne s’intéressant pas qu’au football, le Brésilien a créé une nouvelle association, "Athlètes pour la citoyenneté", qui vise la promotion du sport ainsi qu’à faciliter son accès pour tous. "Aujourd'hui, soixante athlètes en font partie. Si seulement tous les athlètes avaient vraiment conscience du pouvoir qui est le leur ! Notre ambition est de peser sur les politiques publiques. Nous commençons par vouloir améliorer le droit du sport pour tous. Après, nous pourrions devenir un mouvement plus global. Nelson Mandela a dit un jour : « Le sport est capable de changer le monde. » Quand tous les sportifs auront compris cela, nous serons sur la bonne voie. Je suis persuadé que le sport peut changer le monde. Un petit peu mais quand même. Pour nous, sportifs brésiliens, l'objectif est de bâtir un pays plus juste. Certes le Brésil est en plein développement économique mais c'est encore l'un des pays les plus injustes au monde", a-t-il précisé, visiblement très impliqué.
Enfin, l’homme de 45 ans s’est penché sur les Jeux Olympiques de 2016 à Rio de Janeiro. L’ex-idole du Parc des Princes attend beaucoup de l’événement et aspire à ce qu’il permette la transmission de certaines valeurs. "Mon plus grand espoir, c'est que l'héritage de ces Jeux ne se résume pas à des infrastructures. Que le bilan ne soit pas qu'économique mais aussi social et politique, avec une véritable avancée dans la mise en ouvre du droit au sport pour tous. Mon grand espoir, c'est que l'organisation des jeux Olympiques de Rio permette la promotion des valeurs olympiques", a-t-il conclu.
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