Par
· Publié le 28 septembre 2011 à 10h56
Il était attendu. Ce mardi 27 septembre, le jeune Gaspard Proust, nouveau protégé de Frédéric Beigbeder, faisait sa première au Théâtre du Rond-Point, qu’il investira presque tous les soirs pendant près d’un mois. Face à lui, alors qu’il arrive sur la scène par la salle, sont assis professionnels et amateurs, curieux et intéressés (entre autres, Jean-Michel Ribes lui-même). S’il paraît mal à l’aise, détrompez-vous. C’est un leurre. Son physique d’ange aussi. Gaspard Proust est le reflet de notre génération, celle qui n’a pas grande chose d’autre à faire qu’observer, et de ce fait, s’exprimer.
Comme s’il n’avait peur de rien, Proust se lance sans détour sur tous les terrains, aussi glissants soient-ils. Que vous soyez une femme, chrétien, juif, musulman, de droite, de gauche, handicapé… Gaspard Proust ne vous loupera pas. Jamais cette gueule d’ange n’hausse le ton. Jamais un mot plus haut que l’autre, une syntaxe irréprochable, une culture infaillible et pourtant, c’est avec une virulence sans détour qu’il arrive à descendre, avec seulement quelques phrases, n’importe quel concept.
Aussi méprisant que cynique, ce jeune Proust qui détient, déjà dans son nom, les graines du génie, nous fait le portrait de notre société. Grâce à notre actualité qui ne manque pas de rebondissements et de grotesque, il se permet tout, et n’importe quoi.
Au programme de cette heure de rire, pas de tableaux, de sketches, à la Jamel ou à la Gad. Proust discute, sans imitation, et quasi, sans sourire. Il nous parle de ce qu’il voit, de ce qu’il pense, ou du moins, ce qu’il feint penser. N’aimer ni rien ni personne, si ce n’est lui-même, voici sa spécialité. L’amour n’est qu’un détail, le sexe, presqu’une corvée, qu’il préférerait même faire seul. Proust, qui réussit à trouver un lien entre le nirvana et la dépression, entre une femme et un strapontin, vous scotchera. Avec, étonnamment, beaucoup de délicatesse, il réussit à faire rire, sur les sujets les plus odieux. Belle performance.
NB : 1er degré, s’abstenir.
Gaspard Proust au Théâtre du Rond-Point, du 27 septembre au 23 octobre à 18h30.