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· Publié le 20 janvier 2012 à 11h56
Alors que la Comédie Française ramene foule depuis le début de la saison avec l'adaptation de Galin Stoev, le Théâtre Mouffetard présente sa propre version du Jeu de l'amour et du hasard.
Cette histoire-là, on ne la connaît que trop bien... De nos bancs d’école jusque dans les théâtres parisiens,
Le Jeu de l’amour et du hasard est un grand classique, sans cesse renouvelé et réadapté.
Monsieur Orgon désire marier sa fille Sylvia à Dorante, fils de l'un de ses meilleurs amis. Sylvia, éperdument moderne et libre d'esprit, n'est pas forcément opposée à ce mariage, mais oppose cependant une condition : elle demande à son père si, elle pourrait se cacher derrière les traits de sa soubrette, Lisette, et observer ainsi les faits et gestes de son éventuel futur époux (et l'empêcher ainsi de tomber amoureux d'un titre, d'un physique). Orgon et son fils Mario s'en amusent, et encore d'avantage quand ils apprennent que Dorante a eu exactement la même idée que Sylvia ! Sous leurs yeux se déroule un bal de valets gauches et ridiculement drôles. La grotesque situation étant en place, l'amour et le hasard n'ont plus qu'à s'exprimer !
Cette universelle pièce a fait le tour du monde, et enchante les foules partout où elle passe. L'adaptation de
Galin Stoev pour la Comédie Française est un véritable succès, tant par sa fraîcheur que par son casting jeune et amusant. Depuis le 16 novembre, la Compagnie Les Larrons menée par Xavier Lemaire a pris possession du
Théâtre Mouffetard, où elle présente également son adaptation de la célèbre pièce de Marivaux, une reprise très attendue par l’équipe.
Dans cette version, Lemaire s’est amusé à faire de Dorante et Sylvia des enfants issus d’une famille extrêmement riche, afin de creuser encore plus l’écart entre leurs propres situations et celles de leurs serviteurs. Cette différence là sera par ailleurs intensifiée par une notion de mode et de luxe, faisant porter des vêtements visiblement couteux aux deux futurs époux, et des vêtements de plus bas prix aux valets. Par ailleurs, le metteur en scène a désiré faire de Dorante et Sylvia des jeunes gens comme ils existent tant aujourd’hui. Des jeunes à le recherche de l’amour, mais ayant déjà un passé sentimental, passé par de multiples expériences, toutes diverses les unes des autres. Lemaire offre une vision très contemporaine du jeune couple, qu’il ne voit absolument pas comme innocent.
D’un point de vue scénographique, Lemaire refuse l’étiquette « d’époque, ou pas d’époque », très à la mode quand on monte un classique actuellement (NDLR : la version
des Liaisons dangereuses de Malkovitch, entre sms et facebook). Ainsi, les costumes sont plus intemporels que 18ème, sans perruque ni froufrou (ce qui était déjà le cas dans la version de Stoev), sans pour autant faire porter des jeans et des baskets à ses personnages. Le décor, est l’image du verrou de Fragonard, qui fut l’inspiration première de Lemaire. La musique, signée Mozart, reste quand à elle, bien d’époque (mais qui s’en plaindrait ?).
Cette reprise se veut ainsi gaie, sensuelle et émouvante, à l’image de la comédie elle-même, écrite pour des comédiens italiens, toujours très dynamiques, extrêmement généreux et joviaux. Ce texte, véritable feu d’artifice de sentiments et d’émotions, sera présenté jusqu’au 7 janvier 2012 au Théâtre Mouffetard.
Le jeu de l’amour et du hasard, au Théâtre Mouffetard jusqu’au 7 janvier 2012.
Du mercredi au samedi à 21h, dimanche à 17h.
Tarif : de 16 à 24€.
Réservation : 01 43 31 11 99