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· Publié le 27 janvier 2012 à 14h31
Le 26 janvier 2012, nous avons découvert Si Près de Ceuta au Théâtre de Vanves, première pièce écrite, mise en scène, et interprétée par Pierre Niney, 22 ans, plus jeune pensionnaire de la Comédie Française, et récemment nominé pour le César du meilleur espoir, pour J’aime regarder les filles. Retour sur une des nouvelles pépites du cinéma/théâtre français.
Dans le cadre de
la 14ème édition du Festival ArtDanThé,
José Alfarroba, directeur, a tenu à inviter
Pierre Niney, acteur de talent, et chouchou de la nouvelle génération (parce qu’un des plus doués, certainement).
L’attendre au tournant : voilà ce que la profession pouvait penser de Niney, avant la représentation.
Pour qui il se prend, lui, du haut de 22 belles années ? On écrit, on met en scène, et on interprète ? Au narcissisme virulent, on y croit dur comme fer. Encore plus, quand on apprend que cette pièce, Niney l’a écrite alors qu’il avait à peine 20 ans, qu’en 2009 déjà, il avait présenté cette pièce au Théâtre 13.
«
Si près de Ceuta » raconte la brève histoire (1h15) de deux gardes, surveillant une frontière. Inlassablement, ils sont sensés regarder avec attention la plaine vide et noire, symbole de la liberté de ceux qui tentent de passer. Le premier garde, interprété par
Jean-Christophe Legendre, ne faille jamais. Ces nuits incessantes à fixer le néant, il les connait depuis 9 ans, et son calme ne tardera pas à être bousculé.
L’autre garde, interprété par
Pierre Niney, quant à lui, ne pense qu’à une chose : oublier cet ennui, faire rire, même d’un humour enfantin, mais efficace, son compagnon. Repousser ses craintes et ses doutes : voilà la raison de ses inlassables discours. Quant celui-ci trouve un morceau de tissu rouge déchiré sur le grillage, il commence alors à fantasmer autour de lui. A qui appartient-il ? Son propriétaire aimerait-il le retrouver ? Il se met alors en quête de retrouver son propriétaire, bien qu’assigné à l’immobilité.
Ces deux là vivent leur nuit sans se douter que l’aspiration au rêve rôde. Car c’est bien ce qu’à Ceuta, l’Espagne représente : un nouvel espoir, là où plus jamais vous ne serez pauvres, là où plus jamais vous ne serez malheureux. Nak et Jizy veulent passer, et goûter à cet espoir tant attendu. Les deux compagnons de route,
Ali Marhyar et Assane Timbo, marchent depuis 7 mois, et touchent leur rêve des yeux… Dans 2 heures, les gardes se relayeront. Dans 2 heures, ils auront la voie libre… Ces quatre hommes avancent vers une croisée des chemins, évidente : mais nous, nous la redoutons.
Puissante, et même drôle, Pierre Niney a su, avec beaucoup de justesse, décrire ce chemin vers la liberté, cette recherche de la justice. Les personnages, souvent maladroits, mais incontestablement humains, nous entraînent avec eux dans leur condition, dans leur désarroi. Niney lui-même, prouve encore une fois son indéniable talent d’acteur, d’une époustouflante finesse.
Si on sent de la fragilité parfois, on l’excuse en se rappelant, que Niney n’a que 22 ans, qu’une première pièce, ça se travaille, et ça s’affine avec le temps. Une chose est sûre : un grand avenir s’ouvre devant lui. Cette pièce là fait de lui, encore un peu plus, une belle révélation de notre nouvelle génération.
Découvrez Si Près de Ceuta au Théâtre de Vanves, du 8 au 13 juin 2012.
Tarifs : 18€/13€