Par
· Publié le 1er février 2012 à 13h13
C’était une des pièces les plus attendues de cette rentrée 2012 : Les Liaisons dangereuses. Roman épistolaire mythique de Choderlos de Laclos, repris et mis en scène par John Malkovitch, celui-là même qui avait interprété brillamment Valmont dans l’adaptation de Stephen Fears.
Depuis le 12 janvier, la jeune et étonnante troupe choisie avec soin par Malkovitch, se produit sur la scène du
Théâtre de l’Atelier. Avant même le début du casting, la version 2.0 des Liaisons Dangereuses faisait déjà parler d’elle. « Succès assuré », « le retour de Valmont »… Bref, en un mot, on peut appeler ça de la promotion, mais aussi, de la pression.
Et, contre toute attente, cette dite pièce de l’année, n’a rien d’extraordinaire. Je dirai même plus, qu’elle frôle la déception. Et les raisons de ce désappointement, sont nombreuses.
Malkvotich a tenu à faire de son casting un reflet de notre société : hétéroclite, colorée, originale. Excellente idée, car la troupe transpire la beauté, le décalage, la modernité. Si l'apparence de cette troupe est irréprochable (les jeunes femmes rivalisent de beauté, et les hommes, tous plus dandys les uns que les autres), c’est avec regret que nous découvrons une
Marquise de Merteuil sans sensualité aucune, et qui ne joue pas avec ses charmes.
Le Chevalier Danceny, étonnant de beauté, fait tomber le charme par son jeu exagéré. Quant à
Madame de Tourvelle, son manque de retenu et d’élégance digne d’une femme vertueuse est loin de l'image que l'on se faisait de cette prude.
De plus, si cette version se dit presque « moderne », c’est avec stupeur que nous constatons des costumes d’époque superposés à des jeans, et des lettres mêlées à des iphone. La modernité n’était pas une mauvaise idée, mais on a tendance à penser qu’il aurait été préférable de jouer le jeu, complètement. Les anachronismes apparaissent ainsi, presque dérisoires.
Moduler une pièce, la transposer, la manipuler, est dans l’absolu, une expérience honorable. Cette pièce fait partie des œuvres vues et revues, à qui un petit coup de neuf ne peut pas faire de mal. Cependant, pourquoi changer l’essence même de la pièce ? Pourquoi faire de Valmont et de Merteuil un couple sans passion, pourquoi changer le très mythique «
Ce n’est pas ma faute ! » par «
C’est indépendant de ma volonté ! » ?
Cependant, il faut bien reconnaître que les acteurs, dans leurs rôles, sont justes. Pas de bafouillage, personne ne se coupe la parole… Dans le rôle qui leur a été attribué, ils sont certainement parfaits. Mais est-ce le rôle en lui-même, alors, qui cloche ? Si on rit pas mal, et de bon cœur (notamment grâce au valet de Valmont, interprété par
Lazare Herson-Macarel, qui malgré son rôle secondaire, illumine l’ensemble de sa fraîcheur, semble-t-il, naturelle !), et si la mise en scène est vraiment bonne, la sauce ne prend pas, et nous en sommes les premiers désolés.