Quelles ont été vos motivations premières pour monter une pièce adaptée des Liaisons dangereuses, de Laclos ?
Tout d’abord, il y a naturellement le livre, le roman épistolaire de Choderlos de Laclos, qui est absolument magnifique. J’ai découvert ce chef d’œuvre à l’adolescence, et déjà à l’époque, je m’étais juré de travailler, d’une manière ou d’une autre, ces lettres.
Alors, vous aviez déjà des intentions de scène ?
Oui, mais j’étais comédien, je ne voyais donc pas le livre de la même façon. Mais le personnage de Valmont m’a toujours énormément plu, ainsi quand l’occasion s’est présentée, je me suis lancé. J’ai relu et travaillé les Liaisons dangereuses avec l'arrière pensée d’en faire quelque chose de particulier.
Cette particularité dont vous parlez, il s’agit du dédoublement du personnage central, du vicomte de Valmont ?
Tout à fait. C’est quelque chose qui est arrivée presque tout de suite. J’avais envie de trouver un angle d’attaque différent, de fouiller vraiment dans les lettres, et de trouver une spécificité encore inédite.
Et la fusion de Rosemonde et de Volanges, c’était pour la même raison ?
Oui et non. C’était plus d’un point de vue pratique, tout simplement parce que sur un travail de troupe, j’aime que mes comédiens soient importants, tous dans leur personnage. Séparément, les deux rôles sont minimes, alors qu'en rassemblant les deux, le rôle devient tout de suite plus conséquent, et de ce fait, plus intéressant.
Face aux diverses adaptations des Liaisons dangereuses cette année (au Théâtre de la Porte Saint-Martin ou de l’Atelier), quelles sont selon vous, les principales différences ?
Objectivement, dans notre version, j’aime beaucoup l’équilibre créé entre les personnages. Equilibre que je ne retrouve pas dans les autres.
Et pour les Liaisons dangereuses mises en scène par John Malkovitch, alors ? Un avis ?
Je les ai vues, et j’ai trouvé que c’était un joli travail de fin de cursus d’élève, bien que très proche de celle de Stephen Frears. Il a même repris certaines musiques, certaines attitudes… Les comédiens essaient vraiment de se donner, mais je n’ai ressenti ni l’émotion, ni la beauté du texte. Ils jouent pour eux, uniquement, et c'est cela qui m’a dérangé. Pour moi, le théâtre est avant tout du partage, le contraire du nombrilisme.
En parlant du film, vous êtes-vous inspiré de celui de Stephen Frears, adapté en 1988 pour le cinéma ? Car on connaît les difficultés d’adapter une œuvre épistolaire au théâtre…
Oui, bien sûr. Il y a certains aspects que je trouvais très intéressants, d’autant plus que j’ai une formation cinématographique. Mes pièces, je les conçois comme des scénarios. Il faut que ça aille vite, que ce soit très vivant. Le côté théâtre intello, c’est bien un peu, mais pas tout le temps. Je suis plutôt dans l’action. Ainsi, pour moi, il était primordial, pour certaines scènes, de retrouver le côté cinématographique.
Pour ce qui est de la programmation, alors. Vous terminez tout juste la Reine Blanche, vous débutez le Théâtre de Ménilmontant pour deux mois. Avignon après, peut-être ?
Non, l’aventure fut vraiment magnifique, mais je pense que nous allons passer à autre chose, et j’ai envie que ma troupe travaille d’autres textes.
Une reprise d’Oncle Vania ?
Non plus, cela restera une expérience.
Ce qui veut dire nouveauté !
Oui. Affaire à suivre !
Découvrez les Liaisons Dangereuses au Théâtre de Ménilmontant, du 25 avril au 30 mai 2012.
Tous les mercredis, à 21h.
Tarifs : de 9€ à 18€
Dates et Horaires
Du 25 avril 2012 au 30 mai 2012
Lieu
Théâtre de Menilmontant
15 rue du Retrait
75020 Paris 20