Dans ce nouveau –et premier- solo, Wajdi Mouawad est ainsi l’acteur principal. Il aborde, d’abord avec sobriété, rapidement fougue, cette question des origines, mais aussi du devenir, du passage à l’âge adulte qui, malheureusement mais incontestablement, rime la plupart du temps avec désillusion et l’oublie des rêves (vouloir être une étoile filante étant gosse, louchant sur un poste de prof de fac en grandissant/vieillissant).
Dans la peau d’un thésard libanais immigré au Québec (toute ressemblance avec la réalité n’est certainement pas un hasard), passionné des solos de Robert Lepage, Mouawad joue en première partie avec la réalité de la vie étudiante : être greffé à son ordinateur, vivre dans 20m2, tout accepter pour trouver –enfin !- un vrai boulot, douter de l’avenir, encore et toujours, sans jamais s’arrêter…
Une multitude d’évènements, aidé par une utilisation ingénieuse de rétroprojections sur un décor simple mais modulable, qui se transformera en vrai support de créativité, nous amène finalement à une des scènes clé de ce solo : Harwan se confi à son père, plongé dans le coma, se père avec qui il n’a jamais vraiment parlé, sur ses craintes, ses doutes, ses regrets et ses questionnements.
De Montréal à Saint-Petersbourg, pour finalement retrouver dans son lui intérieur qu’il avait oublié, depuis cette enfance libanaise lointaine, le décor est un allié de taille dans le cheminement du spectacle, et dans le changement du personnage.
Une forme d’absence et de mise en abime (ici, le coma) permet de se laisser aller à son envie intérieure : peindre, regarder ce qu’il veut voir, sans subir une vision dictée et imposée par les yeux.
Il questionne l’art, le temps et l’identité avec finesse, esthétisme et humour. Le corps devient lui-même le meilleur instrument de création, afin de répondre à ses désirs enfouis, et redevenir alors ce fils prodigue trop longtemps refoulé.
Wajdi Mouawad signe encore une fois une œuvre puissante et grave, bien que différente du passé, qui prouve à merveille son amour sans fin pour l’art et l’esprit en action.
Infos pratiques :
Seuls, de Wajdi Mouawad, au Théâtre National de Chaillot, du 19 au 29 mars 2013.
Du mardi au samedi à 20h30.
Tarifs : de 8 à 33€
Réservations : 01 53 65 30 00
Dates et Horaires
Du 19 mars 2013 au 29 mars 2013
Lieu
Palais de Chaillot
Place du Trocadéro ,
75116 Paris 16
Tarifs
minima : 8€
CAT 2 : 25€
CAT 1 : 30€