Le point fort du metteur en scène David Bobée, en résidence à Chaillot, réside sans doute dans sa capacité à faire d’une scène un véritable univers. Si auparavant, ses diverses mises en scène n’avaient jamais réussi à nous séduire, il faut bien avouer que ses scénographies étaient toujours irréprochables. C’est ce qui nous frappe de nouveau d’emblée, avant même que le spectacle Metamorphosis commence : des voitures brûlées, déchiquetées, au beau milieu de ce qui pourrait ressembler à une décharge. On est bien loin de l’univers fantastique que nous inspirent traditionnellement les contes d’Ovide.
Le spectacle débute alors, la première créature métamorphosée fait son apparition : entre homme et monstre, les Dieux n’ont pas achevé complètement sa transformation. Il erre ainsi, condamné à manger ce qu’il trouve, ayant pour seule distraction… un livre de contes, Les Métamorphoses d’Ovide. Pendant plus de 2 heures, il va se souvenir, raconter parfois, laisser la place aux acteurs souvent, qui, chacun leur tour, interprètent une histoire, avec toujours une scénographie changeante. Orphée et Eurydice, le Roi Midas, Pygmalion, Myrrha…
On retrouve dans les différents récits des éléments habituels des mises en scène de David Bobée : beaucoup de vidéos, de musique (qu’elle soit live ou enregistrée), et de décors modulables (les voitures qu’on rassemble et qu’on fait tourner au milieu de la scène nous rappelle immanquablement ces pavés sombres dans Roméo et Juliette qui tournaient de la même manière).
Si cette fois-ci, David Bobée s’en sort bien, c’est aussi, et sans aucun doute, grâce à la direction artistique de Kirill Serebrennikov, et par la présence de cette compagnie, le Studio 7, seize acteurs moscovites que l’on sent engagés et terriblement modernes. Ils sont beaux et il s’émane d’eux une présence extrêmement puissante. La pièce, jouée en russe, est de ce fait plus forte en émotion encore. Sans le dire vraiment, on sent les parallèles entre ces récits d’Ovide et l’actualité russe : réflexion sur les genres et la liberté sexuelle, sur la politique et le pouvoir (« que feront les hommes d’état si l’on se rappelle de l’Histoire ? »). C’est un beau spectacle, extrêmement visuel, intelligent, et porteur de beaucoup de sens. A voir.
Infos pratiques :
Metamorphosis, au Théâtre National de Chaillot, jusqu’au 28 mars 2014.
Du mardi au vendredi à 20h30.
Tarifs : de 8 à 33€
Réservations : 01 53 65 30 02
Dates et Horaires
Du 24 mars 2014 au 28 mars 2014
Lieu
Palais de Chaillot
Place du Trocadéro ,
75116 Paris 16
Tarifs
Minimas sociaux : 8€
TR : 25€
TP : 33€