En 1948, Ionesco décide d’apprendre l’anglais. Grâce à la méthode Assimil. Le manuel de Chérel, « l’anglais sans peine » mettait en scène des Anglais typiques dans un quotidien dérisoire. Pour Ionesco, c’est la révélation. M. et Mme Smith, M. et Mme Martin, Mary la bonne et le capitaine des pompiers vont être les héros délirants, absurdes, pathétiques et surréalistes d’un dérèglement tous azimuts. Un chef d’œuvre du XXe siècle va naître. Ionesco invente « l’effondrement du réel ».
« Il y a trente ans déjà (1976), j'ai mis en scène La Cantatrice chauve.
Cette pièce semblait alors coulée dans le marbre de ses représentations au
Théâtre de la Huchette.
En effet la pièce, créée en 1950 aux Noctambules, fut reprise
en 1956 dans ce théâtre et se jouait depuis - et se joue toujours d’ailleurs -
sans interruption. La première pièce d'Eugène Ionesco était alors le symbole
même du théâtre de l'absurde. Lors de cette première version, je souhaitais
déjà rendre compte qu'un langage apparemment éloigné du réel et de la logique
devenait vingt-six ans après la création de la pièce beaucoup plus concret,
comme si la décomposition établie des mots et leur déconnexion de la narration
voulue par l'auteur se retournaient pour correspondre au langage de notre
modernité. Trente ans plus tard en repensant à La Cantatrice, je constate
que cette évolution a atteint son point extrême : la langue développée et les
situations exposées par Ionesco sont devenues un modèle pour notre monde
contemporain où pseudo-langages, faux-sujets, oppositions factices et ennui
profond sont les marques du fonctionnement de ceux qui ont le pouvoir
aujourd'hui, en particulier les cadres dirigeants, les top-managers ou les hommes
politiques. »
Daniel Benoin
De Eugène Ionesco
Mise en scène Daniel BenoinAvec, Christine Boisson
Paul Chariéras Eva Darlan Frédéric de Goldfiem , Raluca Paun , Éric Prat
Représentations surtitrées en français pour les publics sourds et malentendants le 30 mai et les 1, 3 et 7 juin.
Places de 15 à 22€