«Si nous sommes là, c’est pour tirer le rideau. Demain, le cabaret Gardénia ne sera plus. Certains d’entre nous ont disparu. D’autres sont encore là. Au nom des artistes, je vous demande de vous lever.» Le public se lève, ému et inquiet par tant de désespoir. C’était compter sans la verve joyeuse des neuf comédiens réunis avec bonheur par Vanessa Van Durme, star incontestée des clubs transsexuels belges. Cette dernière est à l’origine de ce projet détonnant, vrai succès du festival d’Avignon 2010, qui se propose de réunir le temps d’un dernier show, ses camarades de spectacles, aujourd’hui retraités.
Entre deux perruques, un porte-jarretelle et une robe à fleurs, ces anciens transformistes investissent le plateau avec une énergie gouailleuse, rythmée par les airs de Dalida et Schubert.
Tournée d’adieu, dernier instant de grâce, Alain Platel et Frank Van Laecke captent avec douceur et tendresse la fragilité poignante de ces êtres sur le déclin, leur soif débordante de vie et d’envie, et la fin inéluctable de leur lutte. Bouleversant comme un roman d’aventure, ce spectacle se dévore entre rire et larme, face à tant de gaieté cruelle, de vulgarité chantante, assumée et d’humanité révélée.
