Alors que la crise sanitaire s’aggrave de jours en jours dans le pays, la France va-t-elle connaître une pénurie de médicaments ? Face au nombre grandissant de malades testés positifs au covid-19 et au nombre croissant de personnes admises en réanimation, certains médicaments sont en très forte demande, comme notamment le curare utilisé en réanimation ou encore les hypnotiques.
Interrogée par Le Figaro, le docteur Christelle Ratignier-Carbonneil, directrice générale adjointe de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), a confié "Actuellement, la demande est tellement importante sur certains produits, notamment ceux utilisés en réanimation, que nous avons une visibilité d’une quinzaine de jours seulement", avant d’ajouter "Nous avons actuellement plus de 7500 patients en réanimation en France, du jamais vu. Cet afflux massif de patients dans un délai très court a fait exploser la demande de 2000 % pour certains médicaments. Même si les industriels augmentent la production au maximum, les stocks diminuent. Il ne faut pas oublier que de nombreux pays sont dans notre situation".
En effet, d’autres pays européens sont menacés par cette pénurie, eux aussi durement touchés par l’épidémie de coronavirus.
"La disponibilité continue des médicaments, en particulier ceux utilisés pour les patients atteints de covid-19, est une préoccupation majeure", a ainsi déclaré le 6 avril dernier l'Agence européenne du médicament (EMA), installée à Amsterdam.
En France, le Premier ministre Edouard Philippe avait admis, le 2 avril dernier sur TF1, que les stocks étaient limités. Il avait également reconnu des "tensions réelles" autour de certains médicaments, comme le cistracurium et deux hypnotiques, le midazolam et le propofol, en raison de l'augmentation "inouïe de la consommation".
« Partout dans le monde et au même moment, la consommation des produits nécessaires à la réanimation, que ce soit les médicaments ou les consommables liés à la réanimation, (comme) les embouts des respirateurs, explose dans des proportions jamais imaginées », avait ainsi déclaré le Premier ministre sur TF1, estimant la hausse de cette demande mondiale à près de 2 000%. "Il y a donc, c'est vrai, partout dans le monde, des tensions très fortes sur l'approvisionnement dans un certain nombre de molécules et de médicaments", avait-il ajouté.
Face à cette forte demande, et cette "crise sanitaire extraordinaire", Le Figaro révèle que l'Agence européenne du médicament souhaite que chaque société pharmaceutique rendre désormais directement compte à l'agence pour une meilleure communication entre l'industrie et l'Union européenne.