C'est une étude inquiétante que la revue scientifique américaine PNAS a publié : en Chine, des ouvriers d'un abattoir ont été contaminé par une grippe porcine, dérivée de la souche du virus H1N1. Les faits ne sont pas nouveaux : l'article publié dans la revue américaine présente le résultat d'une longue recherche, menée entre 2011 et 2018. Selon les chercheurs, ces nouveaux virus, nommés G4, « possèdent tous les traits essentiels montrant une haute adaptabilité pour infecter les humains ».
Doit-on craindre une nouvelle pandémie ? Si, pour le moment, les scientifiques n'ont pas enregistré de transmissions d'humain à humain, la menace est bien réelle et mérite d'être surveillée. « Ces travaux sont un rappel salutaire que nous courons constamment le risque de l'émergence de pathogènes zoonotiques, et que des animaux d'élevage, avec qui les humains sont plus en contact qu'avec des animaux sauvages, soient la source de virus pandémiques importants », a commenté James Wood, chef du département de médecine vétérinaire à l'université de Cambridge.
L'étude qui nous inquiète aujourd'hui a été menée de 2011 à 2018. 30 000 prélèvements nasaux ont été réalisés sur des porcs dans les abattoirs de dix provinces chinoises et dans un hôpital vétérinaire. Les chercheurs ont isolé 179 virus de grippe porcine, la majorité étant de la nouvelle variété, devenue dominante chez les porcs depuis 2016. Les scientifiques ont ensuite réalisé diverses expériences en laboratoire et sur des furets, des animaux très utilisés dans la recherche sur la grippe car leurs symptômes sont comparables à ceux des humains : ils ont de la fièvre, toussent et éternuent.
Ils ont observé que les virus G4 sont les plus infectieux. Ces derniers se répliquent dans des cellules humaines et provoquent chez les furets des symptômes plus graves que d'autres souches. De plus, des tests in vitro révèlent que l'immunité obtenue après contact avec les virus humains de la grippe saisonnière ne protège pas contre le virus G4.
L'étude révèle également que les ouvriers et personnes travaillant avec les porcs étaient relativement nombreux à avoir été infectés : 10,4 %, selon des tests sanguins qui ont cherché la présence d'anticorps au virus. On note aussi que 4,4 % de la population générale apparaissait contaminée. Le virus serait donc déjà passé chez les humains mais il n'y a pas de preuve qu'il peut être transmis d'humain à humain.
Ce risque de transmission est aujourd'hui très surveillée : « Les pandémies se produisent quand des virus de grippe A avec un nouvel antigène de surface HA devient capable de se transmettre d'humain à humain », expliquent les chercheurs. « L'inquiétude est que les infections d'humains par les virus G4 ne mènent à une adaptation humaine et n'augmentent le risque d'une pandémie humaine ». Il est urgent, seon eux, de mettre en place une surveillance des populations travaillant au contact des porcs.