"Charlie Hebdo" encore menacé : une centaine de médias se mobilise pour la liberté d'expression

Par · Publié le 23 septembre 2020 à 14h55
Après la republication des caricatures de Mahomet dans son numéro spécial procès des attentats de janvier 2015, "Charlie Hebdo" est la cible de nouvelles menaces de la part d'Al-Qaïda. Une centaine de médias co-signent une lettre pour défendre la liberté d'expression et appeler à la mobilisation.

"Charlie Hebdo", toujours menacé par les terroristes. Le 2 septembre 2020, le journal satirique publiait une nouvelle fois les caricatures de Mahomet, à l'occasion de l'ouverture du procès des attentats de janvier 2015. Ces mêmes caricatures qui avaient poussé des terroristes liés à Al-Qaïda à pénétrer dans les locaux de la rédaction pour abattre certains de ses membres.

Après avoir reçu une nouvelle série de menaces, "Charlie Hebdo" appelle ce mercredi 23 septembre 2020 les médias français de tous horizons à "une mobilisation historique". Ainsi, près de cent médias ont co-signés une lettre pour enjoindre les Français à la mobilisation, afin "d'envoyer une message puissant pour défendre notre conception de la liberté d'expression mais, bien au-delà, de la liberté de tous les citoyens français" note Riss, le directeur de la rédaction du journal satirique. Chaînes de télévisions, radios, magazines et journaux se sont tous ralliés à la cause. Sortiraparis.com s'associe à leur message : "Ensemble, défendons la liberté"

« Ensemble défendons la liberté » Lettre ouverte à nos concitoyens

Il n'est jamais arrivé que des journaux, qui défendent souvent des points de vue divergents et dont le manifeste n'est pas la forme usuelle d'expression, décident ensemble de s'adresser à leurs lecteurs et à leurs concitoyens d'une manière aussi solennelle.
Si nous le faisons, c'est parce qu'il nous a paru crucial de vous alerter au sujet d'une des valeurs les plus fondamentales de notre démocratie : votre liberté d'expression.
Aujourd'hui, en 2020, certains d'entre vous sont menacés de mort sur les réseaux sociaux quand ils exposent des opinions singulières. Des médias sont ouvertement désignés comme cibles par des organisations terroristes internationales. Des Etats exercent des pressions sur des journalistes français "coupables" d'avoir publié des articles critiques.
Ces cinq dernières années, des femmes et des hommes de notre pays ont été assassinés par des fanatiques, en raison de leurs origines ou de leurs opinions. Des journalistes et des dessinateurs ont été exécutés pour qu'ils cessent à tout jamais d'écrire et de dessiner librement.
"Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la loi", proclame l'article 10 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, intégrée à notre Constitution.
Pourtant, c'est tout l'édifice juridique élaboré pendant plus de deux siècles pour protéger votre liberté d'expression qui est attaqué, comme jamais depuis soixante-quinze ans. Et cette fois par des idéologies totalitaires nouvelles, prétendant parfois s'inspirer de textes religieux.
Bien sûr, nous attendons des pouvoirs publics qu'ils déploient les moyens policiers nécessaires pour assurer la défense de ces libertés et qu'ils condamnent fermement les Etats qui violent les traités garants de vos droits. Mais nous redoutons que la crainte légitime de la mort n'étende son emprise et n'étouffe inexorablement les derniers esprits libres.
Que restera-t-il alors de ce dont les rédacteurs de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 avaient rêvé ? Ces libertés nous sont tellement naturelles qu'il nous arrive d'oublier le privilège et le confort qu'elles constituent pour chacun d'entre nous. Elles sont comme l'air que l'on respire et cet air se raréfie. Pour être dignes de nos ancêtres qui les ont arrachées et de ce qu'ils nous ont transmis, nous devons prendre la résolution de ne plus rien céder à ces idéologies mortifères.
Il n'appartient qu'à vous de vous en emparer. Oui, vous avez le droit d'exprimer vos opinions et de critiquer celles des autres, qu'elles soient politiques, philosophiques ou religieuses, pourvu que cela reste dans les limites fixées par la loi.
Rappelons ici, en solidarité avec Charlie Hebdo, qui a payé sa liberté du sang de ses collaborateurs, qu'en France, le délit de blasphème n'existe pas. Certains d'entre nous sont croyants et peuvent naturellement être choqués par le blasphème. Pour autant, ils s'associent sans réserve à notre démarche. Parce qu'en défendant la liberté de blasphémer, ce n'est pas le blasphème que nous défendons, mais la liberté.
Nous avons besoin de vous. De votre mobilisation. Du rempart de vos consciences. Il faut que les ennemis de la liberté comprennent que nous sommes tous ensemble leurs adversaires résolus, quelles que soient par ailleurs nos différences d'opinion ou de croyances. Citoyens, élus locaux, responsables politiques, journalistes, militants de tous les partis et de toutes les associations, plus que jamais dans cette époque incertaine, nous devons réunir nos forces pourchasser la peur et faire triompher notre amour indestructible de la Liberté.

#DéfendonsLaLiberté

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