Le président de la République s'est quelque peu débridé pour parler aux jeunes. Un peu moins d'une semaine après les rassemblements organisés à Paris et partout en France contre la loi "sécurité globale", qui ont réuni entre 150 000 et 400 000 personnes dans pas moins de 70 villes, Emmanuel Macron a accordé une interview ce vendredi 4 décembre 2020. Cette fois, il a choisi le média en ligne Brut pour s'adresser "à la jeunesse".
Dans un exercice qu'on lui connait bien, le chef de l'État est revenu sur certains des grands thèmes qui secouent régulièrement l'actualité, notamment ceux qui intéressent tout particulièrement "les jeunesses" . D'abord, dans un contexte politique tendu après la publication de vidéos d'agressions de la part de policiers qui ont elles aussi secoué l'opinion publique, Emmanuel Macron est revenu sur le controversé article 24 de la loi "sécurité globale", déjà votée en première lecture à l'Assemblée nationale, mais qui doit connaitre une "réécriture complète", de la commission des Lois et/ou du Sénat.
"Je ne peux pas laisser dire qu'on réduit les libertés en France", expliquait-il. Le président estime que le débat autour de l'article 24 "a été caricaturé", ce qui reste à ses yeux "un grand mensonge" de la part de ses détracteurs. D'après ses propos, les débats à ce sujet ont été "contaminés par un discours militant, hostile au gouvernement et à votre serviteur". En ce qui concerne les violences policières, mises en évidence par l'agression de Michel Zecler, mais aussi par d'autres révélations, l'expression s'apparente à "un slogan", plus qu'elle ne révèle une vérité. Il a reconnu qu'il existait "des violences par des policiers", mais s'est refusé à utiliser le terme, "devenu un slogan pour des gens qui ont un projet politique", souligne-t-il. Monsieur Macron a conclu sur le fait qu'il devait y avoir "zéro tolérance des deux côtés". Sans oublier de mettre en cause le rôle des "Blacks Blocs" -sans définir réellement ce qu'ils sont pour autant.
Concernant le vaccin et la stratégie du gouvernement en la matière, le président Macron s'est dit "très prudent" par rapport aux deux premiers "candidats-vaccins" arrivant dès maintenant sur le marché. Quand des pays comme la Grande-Bretagne prévoient d'ores et déjà de vacciner le plus grand nombre, le chef de l'État a vanté la stratégie "long terme", avec la priorité donnée en France d'abord pour les populations vulnérables et fragiles, avant que le vaccin soit disponible au grand public "à l'horizon du printemps 2021".
Interrogé sur la précarité des jeunes, Emmanuel Macron a rappelé l'action du gouvernement à ce sujet : "aide exceptionnelle" pour les jeunes en précarité, amélioration du système de bourses étudiantes, mais aussi augmentation des aides de 150 euros pour des jeunes qui vivent "un sacrifice terrible", soulignait-il. Le président n'a pas souhaité s'aventurer davantage sur "le rôle du gouvernement", mais n'a écarté aucune autre option.
Enfin, c'est autour de l'écologie et des violences faites aux femmes que la dernière partie de l'interview s'est portée. Sur la sortie du glyphosate, promise lors de sa campagne de 2017, Emmanuel Macron a reconnu un "échec collectif" sur le sujet. "Je n'ai pas changé d'avis, mais je n'ai pas réussi", avouait-il, tout en précisant que "ce ne sont pas les lobbys" qui l'ont fait reculer. Il a également rappelé que d'autres désherbants toujours en circulation étaient encore plus dangereux que le simple glyphosate.