Mise en place lors de la crise des Gilets jaunes, la "prime Macron" a permis de récompenser les soignants et les travailleurs exposés en première ligne face au Covid-19 lors des confinements de 2020. Ce dispositif avait cependant été stoppé au 31 décembre 2020.
Il a finalement été réactivé : Jean Castex a annoncé, lundi 15 mars 2021, une prime exceptionnelle versée aux salariés. Contrairement à ce que l'on pensait, cette prime ne sera pas versée qu'aux quatre millions de travailleurs de la "deuxième ligne" : caissiers et caissières, agents d'entretien, livreurs, boulangers, gardiens, aides à domicile, vendeurs, bouchers, salariés des transports ou du bâtiment... Toutes les entreprises sont invitées à récompenser leurs salariés.
« Nous autorisons une prime d'un montant maximal de 1 000 euros défiscalisée et sans cotisation sociale », a déclaré le Premier ministre à l'issue de sa rencontre avec les partenaires sociaux lundi 15 mars. Cette "prime Macron" « sera ouverte à tous les salariés. »
« Il sera possible d'en augmenter le montant jusqu'à 2 000 euros pour les entreprises et les branches qui auront soit conclu un accord d'intéressement d'ici la fin de l'année, soit ouvert une négociation sur la valorisation des métiers dits de "deuxième ligne", qui devront être les "bénéficiaires privilégiés" de cette prime », a ajouté Jean Castex.
En effet, certains secteurs vont faire l'objet d'une étude approfondie. Sophie Moreau-Follenfant, dirigeante du gestionnaire du réseau à haute tension RTE, et Christine Erhel, économiste (Cnam) ont été chargées d'identifier les secteurs appartenant à la deuxième ligne. On pourrait y trouver l'agriculture, les aides à domicile, le commerce (vendeurs, caissiers), le gardiennage, la sécurité, la logistique (manutention), la propreté, les transports et le bâtiment, bien que les activités de construction aient été stoppées lors du premier confinement.
Après avoir identifié les secteurs de la "deuxième ligne", les branches concernées devront rendre - d'ici la fin de l'année - un rapport sur les conditions d'emploi et de travail de ses salariés. Le but de cette mission est d'améliorer sur le long terme la rémunération et la formation de ces travailleurs.
Ces annonces ne font pas l'unanimité chez les syndicats. BFMTV rapporte plusieurs opinions divergentes. Le Medef souligne le fait que de nombreuses entreprises ont vécu une année noire, et n'ont pas l'argent nécessaire pour verser cette prime. Le syndicat ajoute néanmoins qu'il « se réjouit que le gouvernement ait fait le choix d'une prime universelle, et pas seulement pour les "secondes lignes", ce qui aurait suscité des vraies tensions dans les entreprises. »
Philippe Martinez, représentant de la CGT, regrette que le versement de cette prime ne soit qu'optionnel. « Tant que ce n'est pas obligatoire, c'est au bon vouloir des employeurs et pour l'instant c'est un mauvais vouloir », a-t-il commenté. Il fustige également le gouvernement pour son « refus catégorique » d'augmenter le Smic.
Les syndicats CFDT et FO sont tout aussi circonspects. « Ce n'est pas une prime sonnante et trébuchante », note Yves Veyrier (FO). Marylise Léon (CFDT) remarque, comme le Medef, qu'il « faut que les employeurs qui ont la possibilité de verser cette prime le fassent. »
Dans la foulée, Jean Castex a également annoncé le maintien des aides à l'apprentissage jusqu'à la fin de l'année 2021, et un allongement jusqu'au 31 mai des primes versées aux entreprises pour l'embauche des jeunes.