Le jour mondial du dépassement a eu lieu le 22 août en 2020 : c'est ce jour où les humains ont consommé plus de ressources que ce que la Terre ne peut produire en un an. En 2021, la France a atteint son jour du dépassement le 7 mai dernier. Une date qui se rapproche d'année en année ; et la situation ne risque pas de s'arranger.
Des centaines d'experts rattachés au Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) s'apprêtent à publier un rapport très alarmant sur le climat. Ce rapport, que l'AFP a pu obtenir, dévoile que quand les enfants nés en 2021 auront 30 ans (donc en 2041), la vie sur Terre sera irrémédiablement différente de ce que nous connaissons.
Désormais, même les politiques de réduction des émissions de gaz à effet de serre ne peuvent plus rattraper la situation. Le réchauffement climatique aura des effets de plus en plus dévastateurs sur la nature et les humains. « La vie sur Terre peut se remettre d’un changement climatique majeur en évoluant vers de nouvelles espèces et en créant de nouveaux écosystèmes. L’humanité ne le peut pas », résume ce rapport détaillé par le HuffPost.
Les experts du climat de l'ONU ont rendu un rapport de 4 000 pages. Ils se sont attachés à éclairer les décisions politiques prises ces dernières années, et ayant un impact sur l'environnement et les changements climatiques. Ce travail ne devrait être publié qu'en février 2022 : il doit d'abord être approuvé par consensus par les 195 Etats membres de l'ONU.
Lors de l'accord de Paris en 2015, les Etats signataires avaient accepté de limiter le réchauffement climatique dû aux industries à +1,5°C. Le Giec estime désormais que ce seuil est trop élevé : dépasser les +1,5°C entraînerait « progressivement, des conséquences graves, pendant des siècles, et parfois irréversibles. » Une hypothèse effrayante lorsque l'ONU affirme, en parallèle, que la probabilité pour que ce seuil soit dépassé en 2025 est de 40%.
Les experts répètent inlassablement que « le pire est à venir, avec des implications sur la vie de nos enfants et nos petits-enfants bien plus que sur la nôtre. »
Si les humains seront - à terme - ceux qui souffriront le plus de ces changements, certains animaux et variétés de plantes font déjà les frais de ces activités industrielles déraisonnées : de nombreux organismes, comme les récifs coralliens ou des animaux vivant en Arctique, ne pourront pas s'adapter aux nouveaux climats qui se mettent en place.
L'agriculture, la pêche, l'élevage et toutes les industries alimentaires sont également menacés : les désastres climatiques et écologiques entraînent de lourdes pertes de production.
D'ici 2050, les experts estiment qu'environ 80 millions de personnes supplémentaires auront faim et 130 millions pourraient tomber dans la pauvreté extrême d’ici dix ans. La hausse du niveau de la mer et les vagues gigantesques menacent la survie des villes côtières. Des migrations importantes sont à prévoir dans les décennies à venir. Les scientifiques citent également les pénuries d'eau, les canicules extrêmes, les cyclones, les incendies...
Un espoir restant ?
Un seul problème peut en entraîner des dizaines d'autres. Les catastrophes climatiques comme les inondations, la sécheresse, les maladies transportées par les moustiques s'entremêlent avec les activités humaines destructrices : destruction des habitats, surexploitation des ressources, pollution, propagation des maladies...
« Le monde fait face à des défis entremêlés complexes. À moins de les affronter en même temps, nous n’allons en relever aucun », regrette Nicholas Stern, spécialiste de l’économie du climat, qui n'a pas travaillé au rapport de l'ONU.
Les scientifiques insistent également sur les points de bascule : ces seuils à ne pas dépasser, sous peine de voir des catastrophes irréparables se produire. Par exemple, les calottes glaciaires du Groenland et de l'Antarctique de l'Ouest fondront inéluctablement si l'on atteint les +2°C de réchauffement. C'est un point de non-retour, qui entraînerait par ailleurs une hausse du niveau de la mer de 13 mètres.
Pour lutter contre ce scénario de fin du monde, le Giec l'assure : « Chaque fraction d’un degré compte ». Pour préserver le climat, chaque action a son importance et peut faire la différence, en provoquant une réaction en chaîne positive.
Conserver et restaurer la mangrove et les forêts sous-marines de kelp, dépolluer les océans, poumons de la Terre, adapter en profondeur les industries humaines à l'urgence climatique... Les humains peuvent encore stopper cette spirale de destruction en adoptant des mesures radicales. « Nous avons besoin d’une transformation radicale des processus et des comportements à tous les niveaux : individus, communautés, entreprises, institutions et gouvernement. Nous devons redéfinir notre mode de vie et de consommation. »