A l'occasion d'Octobre rose, le mois de sensibilisation et de prévention pour la lutte contre le cancer du sein, des chercheurs suisses publient une nouvelle étude pour dénoncer le rôle de certains déodorants dans l'apparition du cancer du sein chez des individus.
Stefano Mandriota, oncologue, et André-Pascal Sappino, chercheur en biologie du Centre d’oncologie et d’hématologie d’Hirslanden, clinique des Grangettes, ont publié une nouvelle étude dans la revue scientifique International Journal of Molecular Sciences. Leur recherche pointe du doigt la façon dont les sels d'aluminium, utilisés dans les produits antitranspirants comme les déodorants, attaquent les cellules mammaires et peuvent être à l'origine de cancers du sein.
Les deux scientifiques suisses estiment que l'augmentation du nombre de cancers du sein peut être lié à l'utilisation de ces produits dangereux pour la santé, que l'on retrouve dans de nombreux produits cosmétiques. « Alors que depuis la fin des années 1960, le nombre de cancers du sein augmente en France comme dans l’ensemble des pays occidentaux, nous accumulons les indices qui font de ce suspect un très vraisemblable coupable », souligne le docteur André-Pascal Sappino dans les colonnes du Parisien.
Comment reconnaître les produits nocifs pour notre santé ? Les deux chercheurs recommandent de bannir tout cosmétique contenant les mentions « aluminium chloride », « aluminium chlorohydrate », « aluminium chlorydrex », « aluminium sesquichlorohydrate » ou encore « aluminium zirconium ». Ces sels permettent de boucher les conduits par lesquels passent la sueur et sont utilisés dans les produits dits "antitranspirants".
Les deux Suisses étudient ce phénomène depuis près de dix ans. Ils ont découvert que « sur les mêmes modèles que d’autres cancérogènes connus comme le tabac ou l’amiante, les sels d’aluminium déstabilisent les chromosomes en induisant des brisures », explique André-Pascal Sappino. Certains bouts de ces chromosomes brisés peuvent alors se perdre ou être rattachés au mauvais endroit, créant un dérèglement important dans le fonctionnement du corps. « Or, cette hétérogénéité des cellules, ce désordre créé dans les gènes, est une caractéristique bien connue des cancers humains », ajoute le docteur.
Par mesure de précaution, et pour préserver la santé publique, les deux chercheurs encouragent les pouvoirs publics à se pencher sur leur étude et à interdire cet ingrédient depuis longtemps controversé.
Une mesure que la Fédération des entreprises de la beauté, le syndicat professionnel des cosmétiques, rejette entièrement. La Fédération rappelle que le Comité scientifique pour la santé des consommateurs auprès de la Commission européenne a jugé sûre l'utilisation de l'aluminium dans les produits antitranspirants, mais aussi dans les dentifrices ou les rouges à lèvres, selon des dosages strictes. « L’aluminium des antitranspirants n’est ni absorbé par la peau ni stocké mais éliminé sur les vêtements, par desquamation naturelle de la couche cornée superficielle et lors du lavage », argumentent les fabricants.