En quelques jours seulement, la situation en Europe a basculé. La longue période de paix a pris fin avec l'offensive russe en Ukraine. En cette période de conflit, il est parfois difficile de faire le tri dans toutes les informations vues ou entendues. On vous propose donc un récapitulatif des événements, pour comprendre cette guerre entre la Russie et l'Ukraine.
Ce qu'il s'est passé
Ce 25 février 2022 au matin, on dénombre officiellement 137 morts et 316 blessés dans le camp ukrainien. La Russie n'a pas communiqué sur ses pertes. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky déplore la perte de « 137 héros, nos citoyens », alors que des combats sont toujours en cours à Kiev, dans la capitale de l'Ukraine.
Cette guerre entre la Russie et l'Ukraine a explosé cette fin février. Cependant, elle n'a pas réellement commencé cette année. En 2014, la Russie annexe la Crimée, une péninsule ukrainienne située au sud du pays, à la frontière avec la Russie. La même année, la Russie et l'Ukraine s'affrontent également au sujet du Donbass, de Donetsk et de Louhansk.
En 2014, le président ukrainien Viktor Ianoukovitch est renversé. Ces territoires cités ci-dessus - pro-russes et séparatistes - y voient alors l'occasion de déclarer leur indépendance. Une indépendance défendue par le Russie, qui installe ses troupes dans ces terres afin d'y « maintenir la paix ». Les conflits armés entre les différentes nations prennent fin avec l'accord de Minsk - qui sera violé plusieurs fois, et devra être à nouveau établi en 2015. On déplore des milliers de morts.
Retour de nos jours. Dès octobre 2021, les Etats-Unis constatent des mouvements de l'armée russe à la frontière ukrainienne. En février 2022, on observe que la Russie a amassé ses troupes armées juste à l'entrée du pays voisin. La menace d'un nouveau conflit est proche. Plusieurs médiateurs et diplomates tentent alors de calmer la situation. En février, Emmanuel Macron rencontre Vladimir Poutine pour l'inciter à stopper cette escalade de violence.
A partir du 17 février, les échanges de tir à l'arme lourde deviennent une constante entre l'Ukraine et la Russie. Le 21 février, dans un discours télévisé s'apparentant à une déclaration de guerre, Vladimir Poutine reconnaît officiellement l'indépendance des Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk et annonce être prêt à tout pour protéger « la paix » dans ces territoires.
Le lendemain, les chars et les troupes russes franchissent la frontière et débarquent en Ukraine, dans les territoires contrôlés par les séparatistes pro-russes.
Le 24 février, Vladimir Poutine annonce avoir « pris la décision d'une opération militaire spéciale ». Les combats se multiplient alors sur tout le territoire ukrainien : des explosions ont ébranlé plusieurs grandes villes ukrainiennes, comme la capitale, Kiev, Odessa, Marioupol, Donetsk et Kharkiv. Les Russes ont annoncé avoir détruit plusieurs centres militaires ukrainiens. « Les infrastructures militaires, les installations de défense aérienne, les aérodromes militaires et l'aviation des forces armées ukrainiennes sont mis hors d'état de nuire avec des armes de haute précision », a indiqué le ministère russe de la Défense, cité par l'agence d'informations russe TASS.
Ce même jour, le gouvernement ukrainien annonce que la Russie a pris le contrôle du site de Tchernobyl. Une situation inquiétante pour tous les pays européens, qui craignent que cette centrale nucléaire provoque à nouveau des dégâts incontrôlables.
Le jeudi, dans plusieurs villes de Russie, les citoyens russes ont manifesté par milliers pour exprimer leur désaccord avec cette guerre contre l'Ukraine. Ils demandent à leurs dirigeants l'arrêt immédiat de la guerre. Près de 1 400 personnes ont été arrêtées par les forces de l'ordre.
Vendredi 25 février, l'Ukraine met en garde ses citoyens contre « une attaque de phishing. (...) Les adresses e-mail des citoyens reçoivent des lettres avec des fichiers joints de nature incertaine. Les forces ennemies visent à accéder aux appareils électroniques des Ukrainiens pour recueillir une grande quantité d'informations ! N'ouvrez jamais le contenu de ces lettres et messages ! »
Des combats sont en cours à Kiev et dans d'autres villes de l'Ukraine.
Les déclarations de Vladimir Poutine
Vladimir Poutine a fait plusieurs discours importants au cours de cette crise, annonçant ses intentions et ses raisons pour mener ces combats. Le gouvernement français estime ces raisons fallacieuses : le président russe est accusé de réécrire l'Histoire au profit de ses ambitions.
Lors d'une première déclaration détonante, Vladimir Poutine a donc reconnu l'indépendance des deux républiques autoproclamées du Donetsk et de Lougansk. Il a également indiqué qu'il déploierait ses troupes dans ces territoires afin de « maintenir la paix ». Dans ce même discours, il accuse l'Ukraine de s'être trop tournée vers l'Occident, et notamment l'OTAN. Il reproche également à son voisin européen de se détourner de la Russie : « Le gouvernement ukrainien a commencé dès le début à se construire dans le refus de tout ce qui nous unit. Les extrémistes se sont emparés du pouvoir et ont organisé la violence et la terreur. Il y a eu des vagues de pogroms dans les villes ukrainiennes, des séries de meurtres atroces et restées impunies. »
Vladimir Poutine accuse également l'Ukraine de "génocide" envers la population russophone. Il souhaite amener « au tribunal ceux qui ont commis de nombreux crimes, responsables de l’effusion de sang de civils, notamment des citoyens russes. »
Dans une deuxième intervention télévisée, le président russe annonce : « J’ai pris la décision d’une opération militaire. Nous n’avons pas dans nos plans une occupation des territoires ukrainiens, nous ne comptons imposer rien par la force à personne ». Vladimir Poutine a appelé l'armée ukrainienne « à déposer les armes », promettant qu’ils pourront « quitter le champ de bataille sans entraves ».
S'adressant ensuite à la communauté internationale, Vladimir Poutine a déclaré que ceux « qui tenteraient d’interférer avec nous (…) ils doivent savoir que la réponse de la Russie sera immédiate et conduira à des conséquences que vous n’avez encore jamais connues ».
Les réactions internationales
Sur la scène internationale, ces événements sont suivis de très près. L'OTAN a décidé de ne pas s'engager dans ce conflit. La ministre des Armées française Florence Parly a déclaré sur RTL : « L'Alliance atlantique a toujours été une alliance défensive. (…) L'Ukraine n'est pas membre de l'Alliance. Donc ce que nous faisons, c'est que nous participons à la protection des forces qui la composent sur le flanc Est de l'Europe. La situation actuelle en Ukraine c'est une situation où la Russie a déclaré la guerre à l'Ukraine. La Russie est une puissance nucléaire, nous sommes, nous l'OTAN, une Alliance nucléaire, est-ce que c'est cela que nous voulons ? »
L'ONU, de son côté, a pour priorité d'éviter un conflit total. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a dénoncé « une violation de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de l’Ukraine(...) incompatible avec les principes de la Charte des Nations Unies. »
Les Etats-Unis, eux, ont décidé de sanctions économiques contre la Russie. Joe Biden a imposé des sanctions économiques et des restrictions d'exportation vers la Russie, qui vont imposer un « coût sévère à l’économie russe, à la fois immédiatement et à long terme ». « Nous ajoutons également des noms à la liste des (élites) russes et des membres de leur famille qui sont sanctionnés », a ajouté le président américain, dont les propos sont rapportés par le Parisien. Enfin, il indique que « nos forces [militaires] ne sont pas et ne seront pas engagées » en Ukraine.
L'Union européenne a affirmé son soutien à l'Ukraine. Lors d'une rencontre exceptionnelle, ce jeudi 24 février au soir, les dirigeants ont décidé des sanctions qui seraient imposées à la Russie. « Les dirigeants russes devront faire face à un isolement sans précédent », a menacé la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.
« Je ne suis pas sûre que le président Poutine a pris la mesure de l’ampleur des sanctions décidées. Il s’agit d’asphyxier le fonctionnement de la Russie », a commenté, de son côté, Jean-Yves Le Drian sur France Inter. « Le paquet des mesures annoncées est tout à fait spectaculaire. Il correspond à la gravité de la situation ». L'UE veut bloquer l'accès de la Russie au marché européen, l'empêchant de financer sa dette par ce biais. « Nous voulons isoler financièrement la Russie (…) Nous voulons assécher les financements » de l’économie russe, a expliqué Bruno Le Maire, ministre de l'Economie.
De l'autre côté du monde, le Japon prend lui aussi des sanctions contre la Russie. Elle s'attaque notamment au secteur financier et à l'exportation de composants électroniques.