Le Conseil scientifique a transmis mardi soir au gouvernement le 7e avis pour la suite de l'épidémie due au coronavirus SARS-COV-2. Dans son avis de 43 pages disponible en ligne, le Conseil scientifique établit quatre stades d'épidémie possibles et les stratégies à mettre en place, en se basant sur les données disponibles sur l'épidémie en cours, des modélisations et les indicateurs liés aux circuits d'information.
Pour les 13 scientifiques qui ont rédigé cet avis, les différents systèmes d’information d’activité médicale et de suivi des tests - donc l’application Stop-Covid est un pilier – seront donc décisifs dans la capacité de réaction du gouvernement.
Voici les 4 scénarios du Conseil scientifique :
Scénario 1 : Si le virus demeure sous contrôle, avec seulement quelques foyers "localisés et maîtrisés", alors les Français devront respecter les gestes-barrières pendant six mois minimum.
Scénario 2 : Si les foyers sont grands et font craindre une propagation, alors le Conseil scientifique préconise de "renforcer les gestes-barrières" et "une stratégie massive de 'tester-tracer-isoler'" grâce aux brigades sanitaires. Pour les scientifiques : "L’allocation de moyens supplémentaires notamment humains doit être adaptée à la taille de la population à tester et à tracer."
Scénario 3 : Si les ARS estiment que l'épidémie reprend progressivement et "à bas bruit", que "des indicateurs se dégraderaient sans que les chaînes puissent être identifiées, ni contrôlées", alors il faudrait prendre des mesures à l'échelle régionale voire nationale. Dans son texte, le Conseil scientifique précise: "L’application des mesures doit prendre en compte les conditions géographiques de redémarrage de l’épidémie. Si par exemple, l’ensemble des régions ont une situation épidémique sous contrôle à l’exception d’une région qui est affectée par une reprise à bas bruit, des restrictions de l’activité économique pourront être considérées pour assurer un contrôle plus rapide du foyer épidémique et éviter la diffusion aux autres régions. (...) Dans le scénario 3, une attention particulière doit porter sur la région Île-de-France et sur la grande précarité."
Scénario 4 : la perte de contrôle de la diffusion de l'épidémie. Alors dans ce cas, le Conseil Scientifique indique que le gouvernement devrait prendre « des décisions difficiles, conduisant à choisir entre un confinement national généralisé, permettant de minimiser la mortalité directe, et d’autres objectifs collectifs, économiques et sociaux, s’accompagnant alors d’une importante mortalité directe. »
Le Conseil scientifique met en garde. On peut se retrouver dans le scénario 4 sans être passés par les phases 1, 2 et 3. Pour lui, « des scénarios critiques pouvant survenir d’emblée », et qu’ils appellent tous une réaction rapide en activant des mesures préétablies.
Pour affronter au mieux le possible retour du coronavirus, les scientifiques proposent l'élaboration dès maintenant, avec les acteurs notamment territoriaux, un plan de prévention et de protection rapprochées, le P2R-Covid, permettant d’activer le plus rapidement possible les mesures appropriées. » Ce plan est décliné en « 7 protocoles », chacun consacré au renforcement d’une composante spécifique : les mesures barrières et les mesures de distanciation physique dans la population générale - la pratique du tester-isoler-tracer - le confinement des personnes à risque de formes graves - la protection des Ehpad avec une nouvelle stratégie - l'assistance particulière « aux populations les plus précaires » et, enfin, les besoins spécifiques des grandes métropoles.
Point important de cet avis, le Conseil scientifique exclut de recourir à un nouveau confinement généralisé. Pour les scientifiques, cette option « n’est pas souhaitable ni probablement acceptable considérant les enjeux sanitaires, sociaux et économiques. Il est donc essentiel de tout faire pour éviter une telle situation d’échec ».
Par ailleurs, le Conseil scientifique déplore que le gouvernement ne tende pas vers une grande implication citoyenne dans les discussions et décisions. Pour les 13 scientifiques, « les scénarios doivent faire l’objet d’une communication active afin de bien éclairer les Français sur l’avenir et de recueillir leurs opinions. »