Jean Castex prévenait déjà les Français le 12 novembre, il n'y aurait pas de déconfinement avant Noël. Mais, alors que le gouvernement compte sur la discipline des Français, les médecins pensent que Noël et les fêtes de fin d'années seront vecteur d'une nouvelle vague de coronavirus. Selon Philippe Amouyel, professeur de santé publique au CHU de Lille, invité de franceinfo mercredi 18 novembre, "on ne pourra pas être chez tous les gens pour vérifier combien il y a de personnes à table. Il va forcément y avoir de nouveaux cas contacts".
Si le professeur estime qu'il faut maintenir les fêtes de Noël, essentielles pour la santé psychologique et sociale des Français, il pense qu'un dépistage massif de covid-19 doit être fait "avant le 24 décembre" pour éviter la circulation du virus, et surtout la circulation du virus entre régions.
Il propose donc de dépister l'ensemble de la population française, dans une campagne massive de test covid. Une piste étudiée par le ministre Olivier Véran, sur proposition du Professeur Froguel. Ce médecin du Nord de la France propose une campagne test de toute la population à Lille et Roubaix, avec des tests PCR et des tests antigéniques. Cela toucherait près de 400 000 personnes sur deux ou trois jours, grâce à 1000 ou 2000 agents mobilisés.
Laurent Wauquiez, président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, a devancé le Premier ministre et a annoncé une campagne de dépistage de la population d'Auvergne-Rhône-Alpes d'ici Noël, soit près de 8 millions d'habitants. Celle-ci se fera cependant sur la base du volontariat.
Cette stratégie a été adoptée par d'autres pays. L'Autriche a annoncé le 15 novembre un test massif de ses 8,8 millions d'habitants. La Slovaquie, elle, a testé 2/3 de sa population en un week-end pour casser la chaîne de contamination, surtout face au grand nombre d’asymptomatiques.
L'épidémiologiste Catherine Hill expliquait l'importance de ces tests massifs chez nos confrères de LCI dimanche 11 octobre 2020 : "ce que l’on connait de la circulation du virus n'est qu'une petite partie de la vraie circulation du virus, puisqu'on n'a jamais fait un sondage sur un échantillon représentatif avec des tests PCR pour savoir combien de gens sont positifs à l'instant T". Et était convaincue : "ce qu'il faut faire, c'est d'essayer d'arrêter cette circulation du virus, et pour cela, il faut tester et isoler très rapidement les cas positifs dont beaucoup sont complètement asymptomatiques, donc il faut organiser un dépistage de masse de la population. Tant que l'on ne fait pas ça, le virus circule, et voilà pourquoi le cafouillage continue"
Pour certains médecins, cette anticipation pourra éviter une 3e vague après Noël et les fêtes de fin d'année, estimée en janvier ou février : "Les mêmes causes produisent les mêmes effets. C'est ce qui s'était passé cet été, alors on ne veut pas que ça recommence" insiste Philippe Amouyel. Reste que le dépistage massif est un défi logistique, entre les agents à mobiliser en grands nombre, les écouvillons à avoir, les barnum -centres de dépistages temporaires- à monter et les résultats à donner rapidement.