Alice Neel Un regard engagé au Centre Pompidou - Reporté en 2022

Le Centre Pompidou propose prochainement une prenante rétrospective sur l'une des artistes les plus importantes en Amérique du Nord. En raison de l'épidémie de coronavirus, l'exposition Alice Neel est reportée à 2022. Ce sera l'occasion de découvrir ou redécouvrir l'une des peintres les plus influentes dans l'art politique et engagé autour de 70 peintures et dessins.

Le centre Pompidou devait proposer une des plus grande rétrospective sur Alice Neel, peintre peu reconnue de son temps mais qui a su influencer la peinture contemporaine avec une force très intime. Cependant, en raison de l'épidémie de Coronavirus l'exposition se voit reportée à 2022. En présentant de ses premières œuvres dans les années 1920, jusqu'à ses dernières toiles dans les années 1980, le centre Pompidou nous plonge dans l'univers d'une peintre engagée, sans compromis, luttant sur de nombreux fronts.

Par cette rétrospective, justement appelé "un regard engagé", le Centre Pompidou présente Alice Neel sous deux aspects. L'exposition est en effet structurée en deux thématiques. La première concerne la lutte des classes et la seconde la lutte des genres. Cette exposition manifeste l'envie et la nécessité du Centre Pompidou, qui souhaite donner plus de place et d'importance aux femmes artistes et aux questions politiques, passées comme contemporaines.

Mais d'abord, qui est Alice Neel ? Née en 1900, elle a vu se dérouler la quasi-totalité du 20e siècle, ses guerres, tragédies mais aussi ses feux de joie, ses révolutions et ses libérations. Elle s'engage rapidement dans le parti communiste, et s'intéresse en tant qu'activiste aux inégalités et discriminations sociales, raciales et des homosexuels dans cette Amérique du Nord conservatrice. Son engagement le plus profond reste tout de même dans la lutte pour l'égalité des genres.

Ainsi c'est par son pinceau que son engagement politique se ressent le plus. Lorsqu' Alice Neel peint des nus, elle se dégage de tous les canons alors dressés par le regard masculin. Ici pas de sexualisation ni de sentimentalisme, les corps représentés sont des corps, avec toute leur intimité, sans mystère fantasmé. Elle ne les utilise pas, il y a ni embellissement ni réduction, c'est une peinture presque documentaire, sans s'éloigner de la beauté du modèle.

Sa peinture s'intéresse avant toute chose aux laissés pour compte, réfugiés et migrants, les habitants des ghettos, les militants communistes, les écrivains noirs ignorés... elle dit ainsi "en politique et dans la vie, j'ai toujours aimé les perdants, les outsiders. Il y avait une odeur de succès que je n'aime pas."

Malgré une époque riche de changements dans la représentation picturale, Alice Neel a su braver la tempête de l'abstraction, du Pop-Art ou du minimalisme pour mener son vaisseau avec toujours la même intégrité, toujours le même style, s'adaptant néanmoins aux changements de son époque, avec toujours une longueur d'avance.

Ignorée trop souvent, il est temps de découvrir Alice Neel, et de découvrir par la même occasion une facette des Etats-Unis, celle de la révolte et de l'engagement radical que l'on oublie un peu trop, à coup de romantisation.

Un vent de contestation semble souffler devant ses toiles, alors qu'attendons nous pour le suivre ?