Depuis que la Russie a décidé d'envahir l'Ukraine il y a quelques jours, les sanctions économiques que les pays européens infligent à la Russie se multiplient. Exclusion de l'Eurovision, relocalisation de la finale de la Ligue des Champions, autant de mesures de rétorsion culturelles qui peuvent aussi avoir un impact sur l'Europe et la France, notamment dans le monde de l'art. De nombreux musées et expositions s'inquiètent en effet de la circulation des œuvres russes et du maintien de leurs évènements.
Dans les musées français, quelques expositions pourraient être touchées. La Fondation Louis Vuitton, notamment, concernant l'exposition de la collection Morozov, ouverte depuis le mois de septembre 2021. Après son succès phénoménal, la Fondation avait décidé de prolonger l'exposition, jusqu'au 3 avril 2022. Cette collection, qui contient plus de deux cents chefs-d’œuvre prêtés par trois musées russes, a déjà attiré près d'un million de visiteurs et les créneaux de réservation sont déjà tous remplis. Près de 200 000 billets à annuler si les œuvres devaient être retirées... "On se conformera aux décisions gouvernementales", indique la Fondation Louis Vuitton...
La collection Morozov, Icônes de l'art moderne, à la Fondation Louis Vuitton - prolongations
La collection Morozov est à voir à la Fondation Louis Vuitton du 22 septembre 2021 au 3 avril 2022. Cette exposition donne à voir 200 œuvres d'art françaises et russes majeures, rassemblées au début du 20e siècle par deux mécènes et collectionneurs moscovites, Mikhaïl et Ivan Morozov. [Lire la suite]
Au château de Versailles, c'est un autre souci, car c'est la France qui vient de prêter trois tableaux au Musée du Kremlin, pour une exposition sur le duel, qui doit se tenir dès le 4 mars. Aucune consigne n'a été donnée par le gouvernement, mais le rapatriement des œuvres est quasiment impossible. En cas de relation diplomatique définitivement rompue, ces trésors nationaux pourraient être perdus.
D'autres expositions autour d'œuvres russes étaient en préparation en France, notamment "Picasso et la Russie", qui devait ouvrir en septembre 2023 au Musée du Luxembourg. Les commissaires russes "s’inquiètent d’une situation qui pourrait les couper du monde", déplore Cécile Debray, présidente du Musée Picasso-Paris, auprès du Monde. À Paris, à Londres, comme à Venise, c'est l'espoir qui prédomine, même si les conservateurs se retrouvent dans le brouillard.