Trois ans ont passé depuis le retentissant dernier film de Pedro Almodóvar, Les Amants passagers : on avait apprécié ce coup de folie passager, pure comédie ultra-colorée, mais voilà qu'Almodóvar revient à son cinéma-signature et place à nouveau sa caméra au cœur d'un scénario intime et féminin. Julieta raconte l'histoire d'une femme, mère et professeure, qui fait le bilan de ses trente dernières années d'existence, c'est-à-dire depuis la naissance de sa fille.
Elle cherche justement à faire parvenir son récit à sa fille, disparue depuis longtemps dans la nature... Ou du moins, elle l'écrit, sur un petit cahier, en s'adressant à elle. Le génie d'Almodóvar consiste alors à figurer le temps comme une longue frise qui ne demandait qu'à sortir du placard pour être secouée et déroulée sur le sol : le sens des ellipses, et par elles du vieillissement du personnage, tient à un tour de force de la mise en scène, qui transfigure littéralement les actrices du film.
Autour d'elles, tout un monde figuré par une partition de couleurs : le rouge et le bleu reviennent avec obsession, quand le brun et le vert les tempèrent, apportent le malheur ou la stabilité. À l'image de la toute première image, un gros plan sur un magnifique tissu rouge, Julieta est un film de costumiers, où les habits tiennent une place importante : ils figurent l'apparence que l'on revêt, les sentiments extériorisés, le mental exposé. Ils figurent enfin le cœur mis à nu, sorti du thorax, disséqué et déchiffré devant nos yeux.
Le film est bon, bien sûr, mais surtout très beau, presque de manière élémentaire, beau parce que ses couleurs sont belles.
Bande-annonce :
Informations pratiques :
Julieta
En salles le 18 mai 2016
Dates et Horaires
Du 18 mai 2016 au 18 juin 2016
Plus d'informations
En salles le 18 mai 2016