D’emblée on pense à notre étudiante nationale. Evidemment, les deux films n’ont absolument rien à voir. L’un est français, l’autre argentin. L’un date de 1988, l’autre sort mercredi. Dans le film de Claude Pinoteau, le cœur du récit c’est la relation de Valentine et Ned. Dans le film de Santiago Mitre, bien qu’il s’agisse de l’élément déclencheur, l’histoire d’amour entre Roque et Paula reste en retrait. On est loin de la comédie romantique. Politique, El Estudiante est filmé à la façon d’un documentaire. Les images sont brutes, quelques fois superposées d’une voix off. C’est à la fois le portrait d’un jeune homme et d’une génération entière, divisé(e) mais impliqué(e), révolté(e) mais décidé(e).
Cet étudiant-là atterrit un peu par hasard à l’Université de Buenos Aires. C’est aussi un peu par hasard qu’il commence à faire de la politique. Sauf que cette fois, il y trouve un réel intérêt. On plonge en même temps que lui dans les coulisses de la faculté : d’avantage dans les couloirs qu’à suivre les cours, à militer qu’à réviser. S’il était jusqu’alors peu consciencieux, il se découvre stratège prodigieux et hâbleur ingénieux. Le voilà qui progresse habilement au sein de ce petit monde pour servir à tous prix les objectifs de son parti.
L'aspect documentaire procure au film une forme de neutralité. On prend du recul par rapport au personnage principal qui évolue tout au long du film, comme ses préoccupations, comme ses intentions. Parce que Roque côtoie le monde de la politique et qu'il apprend très vite à manier les règles de ce jeu, on se demande s'il faut le respecter ou s'en méfier, si sa ferveur des débuts, inspirée par une femme, lui permettra finalement d'affronter cette expérience non plus comme un étudiant mais bel et bien comme un homme...