Crawl est ainsi fait qu'il ressemble à un puzzle. Chaque élément et détail complète et prolonge le précédent. Comme les paysages, les personnages sont un peu sauvages. La musique quant à elle, temporise ou accentue l'atmosphère visuelle, installe l'humeur, l'état d'esprit au-delà des dialogues. Sur les images de la Cornouaille que nous offre Herve Lasgouttes, il pèse une densité sensorielle supplémentaire, insufflée par la bande sonore.
Martin vivote de petits boulots, de petits larcins, de petits arrangements. Lorsqu'il rencontre Gwen et ses rêves d'ailleurs, il n'a pas encore conscience que la vision paralysée qu'il a de son avenir est sur le point d'être bouleversée. Alors, égal à lui-même, il se met une nouvelle fois dans le pétrin. En volant l'argent et la carte bleue d'un homme qu'il retrouve mort, il ne croit causer de torts à personne. Malheureusement, non seulement il se retrouve accusé de meurtre mais il entraîne dans ses problèmes, les gens qu'il aime.
Outre les caractères divergents de Martin et Gwen, leur couple est également aux antipodes de celui de Corinne, la grande sœur de Martin. Plus âgés, parents de trois enfants, vivants confortablement dans un pavillon de la région, ils n'ont ni les même préoccupations, ni les même priorités. Pourtant une fois de plus, ces différences n'empêchent pas les uns et les autres de se soutenir.
Corinne et Gwen se retrouvent enceintes au même moment. Ces deux grossesses les lient l'une à l'autre tandis que Martin et Jean se ferment de leur côté à l'idée de cette paternité. Face à un quotidien difficile, chaque personnage se débat à sa mesure, nage entre les vagues et tente de garder la tête haute. Crawl c'est cet instinct de survie qui nous pousse parfois dans la mauvaise direction mais qui, si l'on n'y croit, nous mène à bon port malgré les tempêtes à essuyer.
Herve Lasgouttes nous offre un premier film brut comme un diamant : à la fois tranchant de vérité et brillant d'espoir.