Plus qu'un film sur le retard (traduction de la Demora), c'est un film sur l'attente. En cela, le film s'accorde parfaitement dans notre sélection du mois de février. Que va-t-il se passer une fois que Maria aura abandonné son père dans la rue ? Que vont-ils décider l'un et l'autre pour vivre et survivre ?
La Demora se déroule au Honduras, où le problème d'abandon se révèle significatif. Maria, mère célibataire de trois enfants, avec également son père à charge, se retrouve confrontée à cette possibilité. Trop riche pour bénéficier de l'aide sociale, trop pauvre pour s'offrir les services d'un établissement privé, elle ne peut laisser Agustin sans surveillance car victime de perte de mémoire. Avec son salaire d'intérimaire, elle tente de joindre les deux bouts dignement mais lorsqu'on lui ferme la porte au nez pour l'admission de son père en maison de retraite, c'en est trop.
L'idée germe dans son esprit aussi vite qu'elle la réalise. La voilà déjà chez elle alors que son père, assis sur un banc, l'imagine encore chez l'épicier d'en face à faire des courses... Les heures passent. Détachée, décidée, elle imagine que l'aide sociale viendra le chercher. Après tout, sans papier, sans mémoire, sur son banc, il est désormais une personne défavorisée pouvant prétendre aux services de l'Etat. C'était sans compter sur son inexorable confiance en sa fille...
Rodrigo Plá revient avec un troisième long-métrage qui écorche cette fois les réalités économiques du Uruguay. Fidèle à son œuvre, il aborde un nouveau thème sensible : l'abandon des personnages âgées mais cette fois, il traite son sujet avec pudeur, froideur même. Loin de la tension suffocante de la Zona ou de Desierto Adentro, le réalisateur mexicain opte pour un nouveau procédé dramatique et dévoile une nouvelle dimension de son talent.