Gros cailloux dans la chaussure du football français. Alors que le plan de déconfinement définitif n'est pas encore sorti des couloirs de l'Elysée, le syndicat des joueurs de football professionnels, l'UNFP, par l'intermédiaire d'une tribune de son co-président Sylvain Kastendeuch publiée dans Le Monde, alerte sur les dangers potentiels d'une reprise trop hâtive et dangereuse du championnat de Ligue 1. À partir des quelques pistes de réflexion avancées par les instances dirigeantes du football français sur le "plan de reprise", le syndicat demande des garanties et veut protéger les joueurs des risques sanitaires encourus. Tout en martelant un message clair : "renonçons à une reprise du championnat dans ces conditions, qui serait précipitée et dangereuse".
Depuis l'arrêt des championnats professionnels de football de Ligue 1 et de Ligue 2 prononcé à la suite des mesures de confinement du gouvernement, la Ligue de Football Professionnelle et la Fédération Française de Football travaillent sur la prochaine reprise des compétitions.
A l'origine d'une telle charge, une mauvaise communication de la part de la LFP et de la FFF et un manque de clarté dans les décisions. Depuis l'annonce de la levée progressive du confinement à compter du 11 mai prochain, le scénario d'une reprise de la saison 2019-2020 avec la tenue des matchs à huis clos ne ravit ni les supporters, ni les joueurs. Non content de décevoir les principaux acteurs, n'oublions pas que ces dispositifs nécessitent des moyens humains et matériels précieux, encore plus pendant la période.
Ainsi, le syndicat affirme dans son communiqué attendre "des instances du football français et des autorités qu'elles clarifient leurs positions, en phase avec les exigences sanitaires" nécessaires en temps de crise. L'UNFP insiste sur le fait qu'il "ne serait pas raisonnable d'envisager une reprise sans avoir mené cette réflexion collective". Simple injonction à participer aux débat en cours, ou vif coup de poing sur la table pour prévenir d'une grave urgence, les observateurs auront tout le loisir de trancher.
Aussi, le syndicat met en avant la "cadence quasi infernale" liée aux risques physiques élevés. Avec un match tous les trois jours, "des sportifs peu athlétisés" sont exposés "fortement à une blessure". Les conséquences pourraient "déstabiliser une saison et un club et compromettre des carrières". Forcément, le syndicat base ses recommandations sur un récent sondage réalisé auprès d'un panel de 1000 footballeurs professionnels français, ou étrangers. Pour une large majorité d'entre eux, pas question de reprendre la compétition dans des conditions sanitaires aussi incertaines.
En conclusion, le co-président émet un souhait : "repenser le football après la crise", dans ce qui serait selon ses termes "une forme de destruction créatrice". Sans oublier de rabâcher le principal message de l'alerte : "l'urgence économique ne doit pas prendre le pas sur l'impératif de santé publique".