La santé, c'est en dehors des stades. Depuis l'annonce d'un déconfinement progressif, le 11 mai en France, et à d'autres dates peu ou prou semblables dans les autres pays touchés par l'épidémie de coronavirus, les scientifiques alertent sur la dangerosité d'un retour à la normal trop précoce. C'est surtout le cas pour l'organisation d'évènements sportifs rassemblant du public. D'après leurs recommandations, aucun public ne devrait retourner dans les stades avant l'automne 2021. À moins qu'un vaccin soit trouvé d'ici là. Pour les instances du football mondial, les supporters et les joueurs, ce scénario paraît inconcevable, compte tenu des enjeux économiques et sportifs cruciaux.
Pourtant, le président Emmanuel Macron avait semblé privilégier la prudence, en recommandant un retour du public dans des enceintes sportives seulement à partir du 15 juillet prochain. Beaucoup trop tôt estiment les scientifiques. En ce sens, on apprend dans les colonnes de Veja, un magazine brésilien, que deux épidémiologistes de l'Organisation Mondiale de la Santé auraient suggéré à l'UEFA, l'instance dirigeante du football européen, de ne pas reprendre les compétitions internationales avec supporters avant la fin de l'année 2021, en raison des risques trop important de nouvelles vagues de contamination au virus. Les deux chercheurs auraient justifié leur position par les résultats d'une étude se concentrant sur la réapparition du virus et sa mutation. Une résurrection qui serait fatale aux supporters présents, sans la promesse d'un vaccin disponible.
Aussi, les avis de la communauté scientifique internationale affluent dans le même sens que l'institution. A l'occasion d'un entretien au magazine Times, l'épidémiologiste Zach Binney rappelle que "d'un point de vue épidémiologique, chaque personne en plus ajoute un risque". Il insiste également sur le fait "qu'on ne pourra pas remplir les stades tant qu'on n'aura pas de vaccin". Pour Catherine Hill, épidémiologiste française interrogée par France Info, "il faut un vaccin" dans tous les cas de figure, qui serait livré d'après elle "pour l'automne 2021". Quant aux solutions des matchs à huis clos, ou des tests à l'entrée des stades, elles restent "irréalistes" pour la médecin, en raison de "leur fiabilité encore imparfaite". Reste à savoir si l'OMS se prononcera définitivement sur ce sujet, et si le président Emmanuel Macron écoutera plutôt les scientifiques, ou les sportifs.