Chaque concert de PJ Harvey suscite curiosité et excitation. Aussi, lorsque PJ Harvey a annoncé il y a quelques mois de cela son grand retour après 7 années d’absence, il n’a pas fallu longtemps pour que les places s’arrachent comme des petits pains, au point que ses deux concerts à l’Olympia affichent rapidement complet comme le reste de sa tournée européenne.
Il faut dire que PJ Harvey, c’est un très riche répertoire étalé sur plus de 30 ans et 10 albums studio. C’est aussi un style qui a évolué au fil des années, passant du rock alternatif à un genre plus poétique teinté de folk. Et puis il y a cette voix qui s’est transformée au fil du temps, tantôt puissante puis vulnérable, tantôt éraillée puis habitée ; une voix riche en contrastes et en émotions et qui nous touche au plus haut point.
Parce que PJ Harvey n’aime pas reproduire la même chose d’album en album, son 10e opus, "I Inside the Old Year Dying", dévoile un nouveau chapitre dans l’impressionnante carrière de l'icône rock, après son incursion réussie dans la poésie narrative avec son livre "Orlam". Profondément poétique et ensorcelant, voire chamanique, "I Inside the Old Year Dying" donne aussi lieu à une tournée d’une beauté incontestable.
Ce jeudi 12 octobre 2023, PJ Harvey et ses fidèles acolytes musiciens qui la servent et l’inspirent à la fois (le batteur Jean-Marc Butty, le multi-instrumentaliste Giovanni Ferrario, James Johnston sans oublier son complice de toujours John Parish) déboulent donc sur la scène de l’Olympia aux alentours de 20h pour la première des deux représentations prévues dans la capitale.
Et c’est une belle mise en scène, soigneusement stylisée, que nous découvrons sur la mythique scène de l’Olympia. Entre les instruments et pieds de micro, plusieurs vieux meubles en bois ont été disposés aux quatre coins de la scène : chaises, petit bureau, banc et table sur laquelle ont été posés une carafe d’eau et plusieurs verres. Une scénographique qui ne laisse présager que du bon pour la suite !
Vêtue d’une robe moulante et fendue, comme celle que porte l’artiste sur la 4e de couverture de son dernier album, PJ Harvey impressionnante dès son entrée sur scène, malgré son côté frêle et fragile. Rapidement, la chanteuse et musicienne britannique donne le ton en interprétant « Prayer at the Gate » extrait de "I Inside the Old Year Dying". Alors qu’elle se tient dans l'œil d'un projecteur, les bras vers le public, PJ Harvey impose le respect et nous transperce le cœur avec sa voix aérienne et éthérée, et son incroyable interprétation digne d'une pièce de théâtre grec antique.
Puis s’enchaînent « Autumn Term » et « Lwonesome Tonight », également extraits de "I Inside the Old Year Dying". On comprend alors rapidement que PJ Harvey a pris le parti de diviser son show en deux parties, en commençant par jouer dans son intégralité son dernier opus. Un choix réfléchi et judicieux quand on connaît la diversité musicale de ses différents albums.
Désarmée de sa guitare sur une bonne partie du début du concert, PJ Harvey occupe largement la scène : tantôt debout, tantôt assise derrière son petit bureau ou sur un large fauteuil en bois... L’artiste multiplie également les gestes théâtraux et les petits pas de danse, alors que sa voix étrangement surnaturelle ainsi que ses sublimes compositions musicales interprétées en live nous rappellent à quel point PJ Harvey est incontestablement l’une des musiciennes de rock les plus talentueuses de ces 30 dernières années, possédant ce don incroyable de savoir chroniquer des choses viscérales de la vie, comme peu savent le faire.
Après avoir joué le dernier album en entier, la chanteuse et musicienne quitte la scène, laissant la première place à ses quatre musiciens pour une très jolie version de « The Colour of the Earth », sur le devant de la scène.
Place ensuite à la seconde partie du show avec 12 morceaux plus anciens, soigneusement sélectionnés avec l’oreille de la musicienne pour la consonance et l’œil de la poète pour les associations.
L'ambiance dans le public était déjà bonne jusqu'ici. Mais ce n'était rien comparé à la suite. Rapidement, les spectateurs jubilent sur le saisissant « The Glorious Land », s'émeuvent sur « The Words That Maketh Murder », interprété ici par une PJ Harvey captivante avec son autoharpe sous le coude. Puis le public exulte sur le trop rare « Angelene », frissonne sur le sensationnel « The Desperate Kingdom of Love », s'agite sur le rock et puissant « Dress », explose de joie sur l’incontournable « Down by the Water » et se laisse envoûter par le sublime « To Bring You My Love » proposé pour l'occasion dans une version de haute volée.
Et comme si cela ne suffisait pas, PJ Harvey revient nous toucher au plus profond lors de son rappel en interprétant avec force et génie le hit « C'mon Billy », suivi du sublime et ô combien touchant « White Chalk », harmonica au bout des lèvres.
Véritable modèle d’exigence et d’élégance artistique, PJ Harvey nous a conquis et littéralement charmés pendant cette 1h45 de show, montrant à quel point l’artiste britannique de 54 ans a encore de belles choses à nous dire, nous faire vivre et ressentir.
Setlist
Prayer at the Gate
Autumn Term
Lwonesome Tonight
Seem an I
The Nether‐edge
I Inside the Old Year Dying
All Souls
A Child’s Question, August
I Inside the Old I Dying
August
A Child’s Question, July
A Noiseless Noise
Interlude
The Colour of the Earth
The Glorious Land
The Words That Maketh Murder
Angelene
Send His Love to Me
The Garden
The Desperate Kingdom of Love
Man-Size
Dress
Down by the Water
To Bring You My Love
Rappel :
C'mon Billy
White Chalk
Lieu
L'Olympia
28 Boulevard des Capucines
75009 Paris 9
Site officiel
pjharvey.net