Depuis plusieurs années maintenant, les concerts dits 'double affiche' se multiplient dans le milieu du metal. Après Apocalyptica et Epica, Megadeth et Five Finger Death Punch et avant Anthrax et Kreator, Jinjer et Sepultura ou encore Arch Enemy et In Flames, le Zénith de Paris ouvrait ses portes à deux légendes du heavy metal britannique.
Ce lundi 8 avril 2024, la fameuse salle parisienne - qui fête cette année ses 40 ans - accueillait ainsi Saxon et Judas Priest. Deux groupes que les moins de 20 ans ne connaissent très certainement pas. Il suffisait de jeter un coup d’œil rapide à la salle du Zénith ce soir-là pour rapidement se rendre compte que les jeunes métalleux manquaient à l’appel. À l’inverse, les têtes aux cheveux grisonnants étaient nombreuses dans l’enceinte. Lundi soir, le Zénith de Paris affichait d’ailleurs complet pour ce concert événement.
Un concert événement, car ce n’est pas tous les jours que la capitale accueille sur la même scène et le même soir deux grands noms du heavy metal britannique. D’un côté, nous avions donc Saxon. En selle depuis 1976, Saxon compte une vingtaine d’albums studio à son actif, dont le dernier en date s’intitule "Hell, Fire And Damnation". Toujours emmenée par le charismatique Biff Byford (73 ans aujourd’hui), la formation britannique a retrouvé une seconde jeunesse depuis les années 2000.
En face, nous avions un poids lourd du heavy metal, considéré par beaucoup comme faisant partie des pionniers du genre aux côtés des incontournables Black Sabbath. Fondé en 1969 par le guitariste Kenneth Keith Downing et le bassiste Ian Hill, Judas Priest fait partie de la fameuse NWOBHM (New Wave of British Heavy Metal). Le groupe connaît le succès en 1977 avec "Sin After Sin", album produit par Roger Glover, le bassiste de Deep Purple. Cet opus reste d'ailleurs l'un des meilleurs du groupe aux yeux de beaucoup.
Si plusieurs morceaux de Judas Priest sont devenus des classiques du genre, le succès du groupe tient aussi à son charismatique leader, Rob Halford, dont la tessiture et les cris suraigus impressionnent toujours autant.
Ce lundi soir, la salle du Zénith de Paris était donc surexcitée à l’idée de retrouver ces deux légendes du heavy metal en live. C’est à 19h30 que Saxon débarque sur scène sous un tonnerre d’applaudissements. Backdrop à l’effigie du groupe et amplis Marshall entourant la batterie légèrement surélevée, la scénographie se veut simple, mais soignée. Nul besoin de multiplier les fioritures quand on a un Biff Byford sur scène. Avec sa longue chevelure grise/banche et tout de noir vêtu, le chanteur en impose. Sa voix aussi impressionne, que ce soit sur les anciens comme sur les nouveaux morceaux.
Au final, Saxon a joué environ trois titres extraits de son dernier opus, dont les excellents « Hell, Fire And Damnation » et « There’s Something In Roswell ». Très concentré pendant le show et jetant quelques bouteilles d’eau dans la fosse vers un public visiblement assoiffé, Biff Byford est peu bavard, sauf lorsqu’il décide d’interpeller les fans en leur demandant quels titres ils aimeraient entendre ce soir-là parmi une liste de tubes déjà établie. Finalement, le leader de Saxon prend les devants et enchaîne plusieurs morceaux mythiques, histoire de nous faire remonter le temps. En vrac, on se met à taper du pied et à secouer la tête sur « Heavy Metal Thunder », « Wheels Of Steel » sans oublier le phénoménal « Princess Of The Night », pour terminer en beauté ce set d’une heure ! Biff Byford aura même réussi l’exploit de faire lever toute la salle du Zénith, gradins compris !
À noter que le public a également eu le bonheur de retrouver sur scène, aux côtés de Biff Byford et des autres, Brian Tatler. Le fondateur de Diamond Head a en effet été choisi par Saxon pour intégrer le groupe en tant que guitariste sur cette tournée européenne. Un recrutement qui n’est pas passé inaperçu et qui a offert encore plus d’exclusivité à ce set.
Après une pause de 30 minutes dans les allées du Zénith, il est temps de rejoindre les gradins pour assister au concert tant attendu de Judas Priest. Sur scène, plusieurs écrans ont été installés, tandis que deux grands fanions, à l’effigie du groupe, ont été suspendus de chaque côté de la scène.
Au centre, on découvre un immense drapeau dont le texte fait référence au nouvel album du groupe. Après quelques secondes d’introduction, le drapeau tombe, laissant apparaître les cinq membres de Judas Priest. Les cris des fans ne se font pas attendre, tandis que le groupe démarre fort avec « Panic Attack » rapidement suivi de « You’ve Got Another Thing Comin’ » et « Rapid Fire », puis « Breaking The Law », hit incontournable repris en chœur par l’assemblée. En à peine quatre titres, Judas Priest a déjà conquis les yeux et les oreilles des spectateurs. Et ce n'est que le début, puisque le tube « Love Bites » suivra peu de temps après.
Sur scène, Rob Halford impressionne. Crâne rasé, barbe bien taillée, piercing au nez et tout de cuir vêtu, le leader de Judas Priest accapare tous les regards. Malgré son âge (72 ans), Rob Halford fait le show, allant d’un côté de la scène puis de l’autre, tournant en rond comme un lion en cage ou encore tenant son micro à l’envers et en rythme. Et puis il y a bien sûr cette voix, reconnaissable parmi mille. Avec son incroyable tessiture et ses cris ultra aigus à se demander d’où sortent ces notes, le chanteur de Judas Priest impose le respect. Seul bémol, au tout début du show, sa voix se perd légèrement dans le mixage.
Pour cette tournée européenne, qui s’achevait d’ailleurs ce lundi soir à Paris, Rob Halford était bien entouré, à commencer par Scott Travis à la batterie, Ian Hill à la basse, mais aussi Richie Faulkner et Andy Sneap à la guitare. La scénographie est aussi réussie, avec quelques beaux jeux de lumière, le fameux symbole du groupe descendant du plafond à plusieurs reprises ou encore des images projetées sur plusieurs écrans.
Comme Saxon, Judas Priest en a profité pour interpréter quelques nouveaux morceaux ce lundi soir au Zénith, dont « Invincible Shield » et « Crown of Horns » ; deux titres qui passent très bien en live.
Mais l’ambiance monte encore d’un grand lorsque retentissent les premières notes du cultissime « Painkiller ». Pour ce hit, Rob Halford se plie en deux tout en restant immobile afin d’atteindre les fameuses notes ultra aigües qui font la réputation de l’artiste. Respect monsieur !
Pour le rappel, Judas Priest a la ferme intention de continuer à faire plaisir à ses fans. Après avoir mis tout le monde d’accord avec « Electric Eye », le chanteur revient sur scène sur sa fameuse moto afin interpréter le célèbre « Hell Bent For Leather ».
Certains s’y attendaient, mais Judas Priest avait aussi réservé une surprise au public, avec la montée sur scène de Glenn Tipton. Membre incontournable du groupe, ayant participé à l’ensemble de la discographie du groupe, le musicien est malheureusement en retrait en raison de la maladie de Parkinson dont il souffre. Ce lundi soir au Zénith, le guitariste, dont le visage est caché sous une casquette, interprète « Metal Gods » et « Living After Midnight » ! Et c’est sur ces deux titres que Judas Priest décide d’achever en beauté ce concert d’environ 1h40. Un show réussi qui montre que les pionniers du heavy metal britannique ont encore leur mot à leur dire et que Rob Halford ne compte pas céder sa place de « Metal God » si facilement !
Lieu
Zénith de Paris
211 Avenue Jean Jaurès
75019 Paris 19
Accès
M° Porte de Pantin
Site officiel
le-zenith.com