Toutes les bonnes choses ont une fin, et Rock en Seine n’échappe pas à la règle. Après le set flamboyant de Lana Del Rey, les sets renversants de Franck Carter & The Rattlesnakes, le show bouillonnant de Soulwax ou encore le concert militant de Massive Attack, Rock en Seine a terminé en beauté ce dimanche 25 août 2024 pour sa cinquième et dernière journée de festivités.
Malgré les yeux tirés et les jambes fatiguées pour beaucoup, les festivaliers comptaient bien profiter de cette ultime journée. Alors que certains sont sagement allongés sur la pelouse du Domaine national de Saint-Cloud devant la Grande Scène, beaucoup ont choisi de débuter leur journée avec le concert de Zaho de Sagazan. Ce fut d’ailleurs notre cas.
Sacrée à quatre reprises aux dernières Victoires de la musique, Zaho de Sagazan est devenue en l’espace d’un album seulement un véritable phénomène musical de la chanson française. Et en découvrant l’artiste pour la toute première fois en live, on comprend vite pourquoi. Faisant preuve d’une aisance déconcertante et du genre plutôt bavarde, Zaho de Sagazan est capable de nous émouvoir puis de nous faire danser en quelques secondes seulement. Et pour ce second passage à Rock en Seine (après une première participation en 2022 sur la scène du Bosquet), l’artiste investissait la Scène de la Cascade ; une scène sur laquelle la chanteuse était heureuse de jouer, car c’est ici qu’elle a vu en 2022 Kraftwerk, son groupe préféré.
En 2024, c’est à son tour de séduire les yeux et les oreilles les festivaliers sur cette scène. Pari réussi pour elle ! En 1h de set, Zaho de Sagazan et ses quatre talentueux musiciens ont attiré beaucoup de monde ; des fans bien sûr, mais aussi des curieux qui semblent avoir été conquis par la générosité et l’incroyable talent de cette jeune artiste.
Du frissonnant « Je rêve » aux plus dynamiques « Aspiration », « Mon inconnu » et « Tristesse », en passant par le single « La symphonie des éclairs » repris en chœur par une bonne partie du public, Zaho de Sagazan passe ensuite la vitesse supérieure avec le titre « Dansez » où les corps de certains spectateurs s'agitent sur les beats endiablés. L’artiste, qui occupe incroyablement bien la scène et n'hésite pas à aller saluer le public des premiers rangs à plusieurs reprises, ne pouvait pas terminer son set sans reprendre « Modern Love » de David Bowie, dévoilé lors du Festival de Cannes. « C’est à ce moment-là qu’on enlève ses chaussures et qu'on est libre » dira Zaho de Sagazan avant de faire monter son équipe sur scène et de faire danser une ultime fois les spectateurs dans une ferveur générale.
Après ce beau moment musical, on file en direction de la Grande Scène retrouver Ghinzu. Le groupe belge, absent des radars depuis plusieurs années, a refait surface afin de célébrer dignement les 20 ans de "Blow", son excellent deuxième opus. Après un passage remarqué à Rock en Seine en 2016 et un concert archi complet à l’Olympia en juin dernier, Ghinzu a donc fait son retour à Paris avec dans sa besace une bonne dose de rock.
John Stargasm, lunettes vissées sur le nez, et ses acolytes nous ont fait remonter le temps, en interprétant donc une grande partie de leurs morceaux extraits de "Blow", dont « Jet Sex », l’excellent titre instrumental « 21st Century Crooners » et le hit incontournable qui continue de vous faire sautiller, « Do You Read Me? ». Des chansons qui font toujours leur petit effet, jouées et défendues énergiquement par un groupe qui en a encore sous le pied. Mais alors, à quand un nouvel album de Ghinzu ? Encore un peu de patience, un nouveau disque devrait paraître en 2025.
On reste du côté de la Grande Scène pour sagement patienter jusqu'à la montée sur scène de la reine du rock britannique, j’ai nommé PJ Harvey. Après deux mémorables concerts à l’Olympia à l’automne 2023 et une grande tournée des festivals, PJ Harvey a fait escale au Domaine national de Saint-Cloud ce dimanche 25 août 2024, pour la dernière date de sa tournée européenne. Comme Massive Attack, PJ Harvey est une habituée de Rock en Seine. Comme Massive Attack, la chanteuse et musicienne britannique a participé à la première édition du festival en 2003. Puis elle y est revenue en 2017 suite à la sortie de son opus "The Hope Six Demolition Project". Cette fois-ci, PJ Harvey faisait son retour sur le site du festival francilien avec une nouvelle proposition scénique, faisant suite à la publication de "I Inside the Old Year Dying".
Celles et ceux ayant eu la chance de la voir en octobre dernier à l’Olympia ont été ravis de retrouver la mise en scène, imaginée pour l'occasion et soigneusement stylisée. Des meubles anciens en bois sont installés aux quatre coins de la scène : chaises, petit bureau et table sur laquelle ont été posés une carafe d’eau, une tasse de thé et plusieurs verres.
Pour ce set, PJ Harvey est accompagnée de ses fidèles et talentueux acolytes musiciens que sont le célèbre John Parish, le batteur Jean-Marc Butty, le multi-instrumentaliste Giovanni Ferrario et James Johnston.
Au premier abord donc, tout semble correspondre aux sets proposés à l’Olympia, jusqu’à l’arrivée de PJ Harvey. Sourire aux lèvres, l’artiste arbore une nouvelle sublime tenue designée par Odd Lynn : un ensemble blanc, composé d’une robe longue et d’une cape, sur lequel ont été ajoutés tout au long de la tournée des dessins.
La setlist se voulait également différente ; plus courte afin de s’adapter au format des festivals d’été. Mais le résultat était tout aussi beau, émouvant, rock et intense ! Du sublime « Prayer at the Gate » interprété de façon magistrale et très théâtrale à l'incontournable hit « Down by the Water » en passant par l’engagé « Let England Shake », le survolté « 50ft Queenie » ou encore l’exultant « Dress »... PJ Harvey a su habilement piocher dans son impressionnante discographie pour nous montrer toute l’étendue de son talent, porté par une voix riche en contrastes et en émotions, tantôt puissante puis fragile, tantôt éraillée puis habitée. Elle nous a fait pleurer aussi sur le sublime « The Desperate Kingdom of Love », joué en solo et en acoustique, face à un public silencieux et subjugué.
Et c’est avec « To Bring You My Love » proposé dans une version de haute volée que PJ Harvey, véritable icône et prêtresse du rock, a achevé ce mémorable set d’1h15, coup de cœur du festival cette année !
Difficile de se remettre de ce set aussi beau qu’envoûtant, mais la soirée se poursuit au Domaine national de Saint-Cloud avec les incontournables membres de Pixies. Black Francis et ses acolytes ont illuminé la scène de la Cascade en proposant un set profondément rock d’1h10. Les fans étaient aux anges lorsqu’ont retenti les hits de la première heure, dont « Wave of Mutilation », « Monkey Gone to Heaven », « Caribou », « Debaser », « Bone Machine », « Here Comes Your Man » sans oublier leur tube planétaire repris en chœur pour l’occasion « Where Is My Mind? ». Des chansons portées par la voix rauque et puissante de Frank Black et que l’on a toujours plaisir à entendre !
On termine la soirée et cette édition 2024 de Rock en Seine avec le set électro punk rock très réussi et revigorant de LCD Soundsystem. Tête d’affiche de ce dimanche, le groupe new-yorkais de James Murphy, cofondateur du label indépendant DFA Records, a illuminé cette fin de festival avec lights soignées et boule à facette géante. Mais il y avait aussi, et surtout, les puissants morceaux de cette formation américain qui en a tant inspiré, comme Pulp et Idles.
Ce dimanche soir, au milieu de leur décor et leur installation qui semblent anarchiques, James Murphy et ses musiciens ont donc fait danser une grande partie des festivaliers, nombreux à vouloir voir ou revoir en live cet incontournable groupe, et, ce, malgré la fatigue accumulée lors du festival. Et LCD Soundsystem les a remerciés en assurant un set dynamique et lumineux, porté par un James Murphy crachant dans son micro vintage, et une setlist de qualité.
« Tribulations », « Movement », « Losing My Edge », « I Can Change » ou encore « Dance Yrself Clean », « New York, I Love You but You're Bringing Me Down » ou encore « All My Friends »... quelques-uns des meilleurs morceaux du groupe ont été joués avec brio ce dimanche soir, interprétés par un James Murphy qui a confirmé son statut de bête de scène !
Après avoir accueilli, pendant 5 jours consécutifs, 182 000 spectateurs et spectatrices venus assister aux 92 concerts, Rock en Seine referme donc ses portes. Merci pour cette très belle édition placée sous le signe du rock et à l’année prochaine !
Lieu
Domaine national de Saint-Cloud
1 Avenue de la Grille d'Honneur
92210 Saint Cloud
Accès
Métro : Ligne 10 terminus Boulogne-Pont de St-Cloud,
En tramway : T2 [Pont de Bezons-Porte de Versailles], arrêt Parc de St-Cloud
En Bus : Lignes 52, 72, 126, 175, 460, 467, arrêt Parc de St-Cloud
Ligne 160 terminus Pont de St-Cloud-Albert Kahn
Ligne 260 arrêt Rhin et Danube-Musée Albert Kahn
Site officiel
www.rockenseine.com