Eivør en concert au Trianon à Paris : on y était, on vous raconte

L’artiste féroïenne Eivør était de passage à Paris ce dimanche 13 octobre 2024 dans le cadre de sa tournée européenne. Pendant plus de 1h30, la chanteuse à la voix puissante et éblouissante a livré une prestation profondément envoûtante, invitant indéniablement au voyage. Retour sur ce beau concert d’Eivør au Trianon.

La salle du Trianon n’est pas encore ouverte, mais la file d’attente s’allonge considérablement sur le boulevard Marguerite de Rochechouart, ce dimanche 13 octobre, peu avant 18h. Et le public d’Eivør patiente calmement alors que les touristes et les visiteurs de la Fête des vendanges de Montmartre se bousculent sur le trottoir, verre à la main.

C’est finalement peu après 18h30 que la salle du Trianon ouvre ses portes. Si certains choisissent de se diriger rapidement vers la fosse, pour être au plus près de leur idole, d’autres prennent la décision de monter directement au balcon afin de patienter assis jusqu’à la première partie annoncée à 19h50.

Dans la salle, les fans de la chanteuse d’origine féroïenne sont déjà nombreux aux alentours de 19h. Il y a celles et ceux qui ont découvert l’artiste lors du dernier Hellfest. Eivør Pálsdóttir, alias Eivør, était programmée le samedi à 1h du matin, juste après Metallica. Pas facile pour l’artiste de jouer sur ce créneau tardif, mais Eivør avait pourtant réussi à attirer de nombreux curieux sous la tente de la Temple. Ce dimanche soir, au Trianon, les spectateurs arborant un sweat ou un t-shirt à l’effigie du festival de metal sont d’ailleurs nombreux. Il y a également celles et ceux qui ont vu Eivør pour la toute première fois en première partie de Heilung, lors de sa tournée en 2022. Il a également les amateurs de nordic folk et de chamber pop. Et puis, il y a enfin les amoureux de la célèbre série pour laquelle Eivør a composé la bande originale, j'ai nommé "The Last Kingdom". L’ensemble de ce public se retrouve donc dans cette belle salle du Trianon pour un show affiché complet.

C’est à 19h50 que la première partie déboule sur scène. Son nom ? Sylvaine. Habituellement entourée d’une formation basse, guitare et batterie, c’est en solo que l’artiste d’origine norvégienne assure la première partie d’Eivør sur l’ensemble de cette tournée européenne. Un exercice pas facile, mais que l’artiste a su relever haut la main.

Arborant une tenue noire et transparente, Sylvaine est acclamée chaleureusement par le public parisien. La scénographie se veut simple, avec un rideau blanc, installé derrière elle, sur lequel sont suspendues quelques feuilles. Et l’émotion ne tarde pas à se faire sentir. Car, Sylvaine en a véritablement sous le pied. Il y a tout d’abord cette voix, à la fois douce et puissante, claire et pouvant aller très loin dans le scream, aussi déchirante qu'ensorcelante. Et puis, il y a ces mélodies, mélancoliques et sombres. Certaines sonorités nous font d’ailleurs par moment penser à celles de l’artiste danoise Myrkur ou encore au groupe scandinave Kalandra. Chantant, armée de sa guitare ou même a capella, comme lors du dernier titre, Sylvaine a véritablement charmé les oreilles et le cœur de nombreux spectateurs ce dimanche soir en l’espace de 35 minutes seulement. Certains en ont même été émus jusqu’aux larmes.

C’est à 20h50 pétante qu’Eivør et ses trois musiciens (batteur, clavier et machines/contrebasse électrique) débarquent sur la scène du Trianon. Vêtue d'une imposante tenue de scène sombre, Eivør choisit de débuter le set en interprétant « Ein klóta » ; un sublime morceau tout en douceur pour commencer, peut-être un peu trop d’ailleurs. Il nous faudra quelques minutes pour nous mettre véritablement dedans. Mains une fois happés par l’incroyable voix de l’artiste et les sonorités envoûtantes de ses morceaux, nous ne sortirons plus de ce voyage jusqu’à la fin du set, au bout de 1h35 environ.

Comme l’explique Eivør sur la scène du Trianon, ce concert se veut spécial. Car l’artiste a publié "Enn", son nouvel opus studio, en juin 2024. Alors, la chanteuse et musicienne prévient ; elle jouera l’intégralité de ce nouveau disque ce soir et dans l’ordre de la tracklist. D’ailleurs, l’artiste enchaîne rapidement avec le magnétique « Jarðartrá », suivi de l’entêtant « Hugsi bert um teg » et de l’ensorcelant et poétique « Purpurhjarta », également extraits de son dernier album. Des morceaux planants et poétiques nous invitant indéniablement au voyage, vers les contrées sauvages et lointaines de son pays d’origine : les îles Féroé.

Mais Eivør ne se prive pas non plus pour jouer quelques anciens titres, dont l’électro pop « Let It Come », l’enchanteur « Skyscrapers » sans oublier l’incontournable et fascinante chanson « Trøllabundin ». Pour ce morceau, qui a quelque chose de profondément chamanique, la musicienne et chanteuse se munit de son fameux tambour, sous les yeux excités du public qui se retrouve alors comme hypnotisé par la voix hors-norme de l'artiste et ses coups donnés sur la peau du tambour. Beau, magique et émouvant.

Et les fans ne sont pas au bout de leurs émotions, car Eivør leur réserve encore d’autres délicieux moments, comme avec l’excellent « Upp Úr Øskuni », notre morceau préféré extrait du nouvel album, ou avec « Salt » où l’artiste, telle une guerrière, se saisit encore de son tambour chamanique, comme pour nous inviter à communier une nouvelle fois tous ensemble.

Les applaudissements du public sont chaleureux et dynamiques, au point de surprendre Eivør, visiblement émue et heureuse de ce concert parisien donné dans cette « très belle salle de concert », dira-t-elle.

Après un rappel largement mérité, Eivør revient une ultime fois sur la scène du Trianon, histoire d’interpréter de façon magistrale le très beau morceau « Falling Free », toujours porté par sa voix nous transportant loin, très loin de Paris, dans un monde imaginaire et rassurant.

Comme pour prolonger ce moment suspendu dans le temps, Eivør s’est même octroyée une séance de dédicaces avec ses fans, d’une trentaine de minutes, juste après cette très belle prestation dont certains fans semblent avoir du mal à se remettre.