"Nous souhaitons que tous les commerces puissent rouvrir le 11 mai pour un principe d'équité", a déclaré sur franceinfo le 23 avril, le ministre de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire. Tous sauf… les restaurants, cafés et bars qui vont devoir encore patienter jusqu’à la fin mai afin de connaître une date exacte de réouverture ainsi que les conditions.
Alors, les librairies pourront-elles rouvrir à compter du 11 mai, comme d'autres commerces (magasins de vêtements, salons de coiffure, institut de beauté...) ? Lors d'une discussion avec plusieurs intervenants issus du monde de la culture le 6 mai, le Président de la République a rappelé l'importance de faire revivre les lieux de création et confirmé la réouverture des librairies à compter du 11 mai. "On doit pouvoir rouvrir les librairies, les musées - sans qu’il y ait trop de brassage - les disquaires, les galeries d'art… mais aussi les lieux de création que sont les théâtres pour commencer à répéter avec des contraintes et des bonnes règles de distance" a-t-il expliqué lors de son plan d'aide pour soutenir la culture.
Rouvrir les librairies le 11 mai, oui, mais dans quelles conditions ?
Alors, dans quelles conditions les libraires pourraient-ils rouvrir ? Comment respecter une distanciation sociale et des consignes sanitaires strictes ? Les lecteurs boulimiques qui aiment flâner dans les librairies et toucher à tous les livres seront-ils encore autorisés à le faire ? Le ministre de l'Economie et des Finances et la ministre du Travail collaborent ensemble pour mettre au point des guides de bonnes pratiques, métier par métier.
Dans un article du Monde publié le 22 avril, Antoine Fron, à la tête de la librairie parisienne Les Traversées, envisage « la mise en place de quatre circuits dans sa librairie – littérature, essais, jeunesse et BD-arts-polars –, avec des sens uniques de circulation pour éviter que les clients se croisent ».
Via un communiqué, le Syndicat de la Librairie Française (SLF) réclame à ce sujet qu’un « protocole sanitaire fixant les règles à l’égard des salariés et des clients soit défini par le gouvernement ». Le SLF invite également à « la plus grande prudence sur le plan commercial. Nous demandons ainsi aux fournisseurs de limiter très fortement leurs prochains offices de nouveautés et de ne les lancer qu’à partir de juin ».
Relancer l’activité des libraires et du monde de l’édition au plus vite
Depuis le 17 mars dernier, tous les commerces non essentiels ont dû fermer leurs portes, entraînant une perte du chiffre d’affaires colossale pour de nombreux secteurs comme notamment celui du livre et de l’édition. Selon le bilan GfK pour Livres Hebdo, les ventes de livres, regroupant aussi bien les ventes des librairies, de la grande distribution, des maisons de la presse et sur Internet, ont chuté de 66 % en valeur par rapport à 2019, sur la période entre le 16 mars et le 12 avril.
Le 16 avril dernier, dans les colonnes du Télégramme, le président des éditions Gallimard expliquait : « L’ensemble des librairies, sauf quelques points de vente, a dû fermer. Or, la librairie est le cœur de notre métier. On a perdu presque 90 % de notre chiffre d’affaires ».
Dans la Croix, Vincent Monadé, président du Centre National du Livre (CNL), s’est lui aussi exprimé sur le sujet : « La réouverture des librairies est souhaitée et souhaitable. Il faut reprendre la vente de livres et faire redémarrer l’économie du secteur. Ce redémarrage sera lent et difficile, et l’activité normale ne reprendra probablement pas avant septembre ou octobre. Aujourd’hui on est sur une perte d’activité de 85 %, voire 100 % pour certaines librairies qui ne proposent pas de vente numérique en ligne. Les éditeurs vendent un peu en numérique, ont encore quelques commandes qui passent, mais très peu. »
Depuis la mise en place du confinement, plusieurs librairies mobilisées proposent en effet un service de livraison ou de retrait via la plateforme solidaire « Je soutiens ma librairie ». Ce système de « click-and-collect » pourrait-il d’ailleurs se généraliser au-delà du 11 mai ? C’est une piste envisagée par le ministère de la culture, selon la Croix.