L’environnement et l’écologie étaient au cœur de cette rencontre. Ce lundi 29 juin 2020, Emmanuel Macron a reçu les membres de la Convention citoyenne pour le climat. Depuis plusieurs mois, ce panel de 150 Français a eu pour mission de réfléchir à des solutions et des propositions pour lutter contre le réchauffement climatique.
Pendant 45 minutes, le président de la République les a donc accueillis, dans les jardins de l'Élysée, pour apporter plusieurs « réponses fortes » à leurs 149 propositions.
Avant de les détailler, Emmanuel Macron a tenu à rappeler l'importance de cette Convention citoyenne pour le climat. "Beaucoup qualifiaient cette idée de fantaisiste et d’illégitime. Nous avons décidé de faire confiance aux citoyens, qui complète et enrichit la démocratie parlementaire." a-t-il expliqué.
Très vite, le chef de l'État a souhaité les rassurer. "J'irai au bout de ce contrat moral qui nous lie. Je veux que toutes vos propositions soient mises en œuvre au plus vite à l'exception de trois d'entre elles. Celles qui relèvent du champ réglementaire seront abordées d'ici fin juillet lors d'un conseil de défense écologique. D'autres seront impliquées dans un plan de relance qui sera soumis au Parlement dès la fin de l'été. Un projet de loi spécifique sera présenté à la fin de l'été, et intégrera l'ensemble des mesures qui relèvent du champ législatif" a-t-il expliqué. "Je souhaite que le gouvernement fasse le point avec vous chaque mois" a-t-il rajouté.
Autre annonce importante ? "L'Etat prendra toute sa part. Dès le plan de relance, 15 milliards d'euros supplémentaires sur deux ans seront injectés dans la conversion écologique de notre économie", a annoncé Emmanuel Macron.
Enfin, le chef de l'État s'est dit prêt à un « référendum dès 2021 sur un ou plusieurs textes reprenant vos propositions ».
Trois propositions de la Convention Citoyenne pour le Climat rejetées
Trois propositions de la Convention citoyenne pour le climat ont en revanche été rejetées, à commencer par le débat sur les 110 km/h. "Il faut reporter le débat sur les 110 km/h", a annoncé Emmanuel Macron. "Je formule cette proposition en spécialiste. J'ai présenté beaucoup de grands plans qui ont parfois été résumés à une seule mesure ou une petite phrase. Il serait profondément injuste que votre travail soit résumé à cette proposition. [...] Si nous faisons cela, nos concitoyens qui sont dans les territoires les plus enclavés vont dire que c'est un projet urbain. Ce n'est pas la réponse que vous voulez apporter. Il faut faire maturer le débat. Je propose donc de repousser ce débat", a-t-il justifié.
Autre proposition rejetée ? Celle sur la taxe de 4 % sur les dividendes. "Je suis en désaccord avec la taxe de 4% sur les dividendes que vous proposez. Mettre sur tous les investissements une taxe, c'est réduire notre chance d'attirer des investissements supplémentaires. Nous sommes déjà un pays très fiscalisé, l'accroître n'est pas la bonne manière", a indiqué Emmanuel Macron. Mais le président promet de « veiller à ce que la transition n'exclut pas les plus modestes ».
Enfin, Emmanuel Macron a également rejeté la modification du préambule de la Constitution. La Convention citoyenne pour le climat proposait en effet d'inscrire la lutte contre le réchauffement climatique dans le préambule de la Constitution. "Vous proposez de réécrire le préambule de la Constitution en plaçant l'environnement au-dessus de nos autres valeurs fondamentales. Telle que proposée, la rédaction pour le préambule menace de placer la protection de l'environnement au-dessus de nos libertés publiques. Je ne souhaite pas reprendre cette proposition", a fait savoir Emmanuel Macron. Le président est toutefois d'accord pour que l'article 1 soit modifié.
Quatre principes, piliers du projet
Pour le reste des propositions présentées par les 150 membres de cette Convention, le chef de l'État a tenu à revenir sur quatre grands principes. "Le premier, c'est placer l'écologie au cœur de modèle économique. Nous devons remettre l'ambition écologique au cœur du modèle productif. Chercher à produire différemment, à transformer nos capacités. C'est un changement profond de philosophie", a-t-il indiqué.
Autre point important concernant cette fois-ci la justice sociale. "Le second principe, c'est la justice sociale. La transportation écologique n'est possible que si elle est en même temps une transformation sociale et solidaire", a fait savoir le chef de l'État. "Sur ce sujet, je souhaite que toutes vos propositions soient reprises : chèques alimentaires pour permettre aux plus modestes d'acheter des produits de qualité, aides renforcées pour que les plus modestes achètent des véhicules propres, interdire les passoires thermiques...", a-t-il rajouté.
Emmanuel Macron a poursuivi son discours en évoquant les déplacements sur le territoire. "Le troisième principe est de réussir l'aménagement de notre territoire. Supprimer les vols intérieurs quand un trajet en train raisonnable est possible. Mais lorsque c'est plus de 2h30 en train, il est difficile de couper les lignes intérieures".
Enfin, le président a tenu à insister sur la responsabilisation de chacun. "L'Etat et les collectivités locales doivent agir avec le courage de bousculer le système. Mais seuls, ils ne peuvent rien. Je crois beaucoup à toutes les mesures de formation et d'éducation que vous proposez", a indiqué le chef de l'État.
On rappelle que sa réaction était très attendue alors que le parti Europe Ecologie - Les Verts a remporté de grandes villes françaises dimanche soir à l’issue du second tour des municipales, comme Lyon, Bordeaux, Marseille, Strasbourg ou encore Besançon et Poitiers. Selon des proches d’Emmanuel Macron, la « vague verte » de dimanche constitue un « baromètre de l’état d’esprit des Français » et montre que « l’écologie est au cœur de leurs préoccupations ».